Le Front Polisario regrettera spécialement la mort de Ted Kennedy, qui est décédé dans la nuit de ce mardi à 77 ans d’âge. Kennedy a été un grand défenseur du Sahara Occidental dans le Sénat des États-Unis pendant plus de deux décennies.
Il est resté dans la mémoire de beaucoup de gens comment Kennedy a reçu Mohamed Abdelaziz, président de la RASD, dans le Congrès américain. C’était l’année 2005 et le président sahraoui se trouvait dans la visite annuelle qu’il effectuait aux États-Unis et portait dans sa tête l’idée du retour à la lutte armée du peuple sahraoui. Il a rencontré plus de cinq congressistes, entre eux Ted Kennedy, qui a spécialement influencé Abdelaziz pour continuer à négocier et renoncer à l’idée à revenir aux armes.
Abdelaziz ne demandait qu’un appui au plan Baker que l’envoyé des Nations Unies, James Baker, avait élaboré. Ce plan sollicitait un référendum d’autodétermination “libre et transparent, en plus d’organisé et supervisé par l’ONU”. Le vote l’a obtenu, mais non l’action. Dans l’ONU le plan a été approuvé par unanimité. Postérieurement, le plan a été mis aux oubliettes.
Après le départ de Baker de la carte des Nations Unies, par fatigue, le Polisario et le Maroc se sont concentrés sur la conquête du coeur de l’acteur qui influe le plus sur l’ONU, étand donné la paralysie de celle-ci. Sur ce coeur Ted Kennedy influait énormément en faveur de la RASD (la République Arabe Saharaui Democrática).
Ted Kennedy a toujours appelé le gouvernement marocain “à respecter ses engagements en matière de respect des droits civiques et politiques du peuple sahraoui” et c’était lui en personne qui a remis à Aminatou Haïdar le prix Robert F. Kennedy Human Rights Award en 2008.
Le groupe d’appui au Polisario est hétérogène. Kennedy était à la tête de celui-ci, mais il est composé par des démocrates et des conservateurs, même de membres de l’administration Bush qui critiquaient ouvertement le soutien de ce président au Maroc. Il serait injuste de ne pas donner le poids spécifique qui lui correspond par son appui au Polisario à Suzanne Scholte, qui a créé en 1994 l’association US-Western Sahara Foundation, un groupe qui a organisé plus de 50 voyages aux campements de Tinduf pour les congressistes et les sénateurs. Elle a aussi amené des enfants saharaouis aux États-Unis.
Selon une étude diffusée sur un site américain, spécialisé dans les enquêtes journalistiques, le Maroc aurait dépensé plus de 3 millions 337 milles dollars, soit 2 milliards 670 millions de centimes, pour influencer les membres du Congress américain, au sujet de leur position envers l’affaire du Sahara occidental. Le Maroc se serait évertué en 2007 et 2008 à sensibiliser les membres du Congress au projet d’autonomie.
S’agissant du Maroc, l’affaire du Sahara occidental a été la priorité en matière de fonds alloués. L’objectif était de mobiliser l’appui des membres du Congress autour du projet d’autonomie.