Dans son livre “Le prince qui ne voulait pas être roi“, Ferran Sales, ancien correspondant du journal espagnol EL PAIS, a écrit :
“Mohamed VI, depuis son accès au pouvoir en 1999, a fait entre 80 et 100 déplacements. Une grande partie de ces voyages entamés avec des missions de chef d’état sont devenus, peu après leur début, des voyages privés, ce qui implique négliger quelques obligations en tant que gouvernant, annulation de rendez-vous et intervieuws incluses. Ses voyages sont devenus si nombreux et si longs que les pages des journaux l’ont baptisé du surnom du “roi nomade” même si d’autres préfèrent utiliser le conturnement et dire simplement, avec un certain air d’ironie que “le souverain est hors de couverture”. Son téléphone portable ne répond pas. Introuvable.
(…) Les disparitions et absences de Mohamed VI continuent à se répéter. Les premiers symptômes laissés par les véleités “cavalistes” du roi furent détectés peu après son arrivée au pouvoir. Au printemps 2000, dans le cadre d’une visite officielle à Madrid, le roi annonce qu’il n’assistera pas à un dîner officiel parce que, selon lui, il est fatigué. L’anécdote reprise par la journaliste Pilar Urbano dans son livre sur la reine Sofia contient déjà une inquiétante apostille : ” Cependant, la même nuit, le monarque alaouite, organisa une fête dans le Palais du Pardo avec ses amis”. Cette grossièreté envers le roi Juan Carlos fut l’annonce d’une série d’impostures dirigées, entre autres, au président José Luis Rodriguez Zapatero, au président français Nicolas Sarkozy ou à la secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice. Il y a eu aussi de séances de cavale en 2003 à Kuala Lumpur, où le souverain assista à un sommet de Chefs d’Etats des Pays Non-alignés, mais, avant la fin des réunions, il a préféré abandonner le forum pour faire des courses ou se promener dans les rues touristiques de la capitale, comme il a fait à Alger lorsque, après une visite officielle pour rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika, décida de prolonger de cinq jours son séjours dans la capitale algérienne. Ses destinations favorites, par ordre, sont : la France, l’Asie ou l’Amérique Latine.
En 2004, son voyage en Amérique Centrale et en Amérique du Sud dura plus d’un mois et demi et, en principe, avait un caractère officiel. Il était programmé de visiter le Méxique, Perou, Chili, l’Argentine et le Brésil, mais, d’une façon inattendue et preque au point de rentrer chez lui, il fut marche arrière et prolongea son périple à Saint Domingue, où il traîna avec lui une cour de presque 300 personnes, pour lesquelles il a fallu louer, au fur et à mesure, plusieurs douzaines de chalets dans la partie est de l’île. Idem, un an plus tard, en 2005, à l’occasion d’un voyage officiel au Sénégal pour assister à une séance de travail de l’Organisation de la Conférence Islamique qu’il a prolongée au-delà du programme.
(…) D’autres cavales. En 2008, Mohamed VI fit quatre voyages de congé, l’un d’eux a dépassé les 45 jours, ce qui lui a permis de parcourir à nouveau la Thaïlande, le Vietnam, la France et le Brésil. Cette même année, il est resté trois semaines aux Etats-Unis, sans que les services de protocole soient capables d’établir s’il s’agissait d’un séjour officiel ou particulier. En été, il est parti se reposer dans le petit port de pêche de M’diq, près de Tétouane, dans la côte méditérranéenne, devenue, grâce à sa présence, réfuge de la jet-set internationale.
Tout cela sans compter les allées et retours à Paris, où sa mère Latifa passe une grande partie de son temps à la station de Couchervel où il a acheté une maison près des pistes de ski, ce qui lui permet d’avoir le prince Walid Ben Talal comme voisin et où il peut dancer à sa guise les dernières versions de cette musique infernale dans laquelle se mélange le hip-hop avec le rythm and blues.”
Ces dix dernières années ont été marquées par un retrait du Maroc de la scène internationale. Le Roi s’est absenté d’un grand nombre de rencontres internationales importantes. Il lui est aussi souvent arrivé de ne pas recevoir à Rabat des hauts responsables en visite au pays pour des affaires cruciales pour le royaume. Alors qu’il a été reçu par Le président algérien Abdelaziz Bouteflika lors de sa seconde tournée dans la région, Christopher Ross, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, n’a pas eu la même chance avec Mohammed VI. Arguant d’une visite dans l’Est du pays, le monarque n’avait pas le temps de recevoir l’envoyé du M. Ban Ki-moon. Pourtant la position du Maroc sur ce dossier crucial mérite tous les efforts du Roi.
La question d’or est : pourquoi Mohamed VI boude les sommets et rencontres internationaux?
En 2007 le Roi du Maroc n’a fait aucune visite officielle à l’étranger et n’a assisté à aucun sommet international. Hormis des visites privées, il a boudé toutes les rencontres officielles et s’est fait souvent représenté par son frère comme lors du 19ème SommetArabe de Riyad ou la conférence des chefs d’Etat de la Francophonie.
En 2008, un seul déplacement officiel à l’étranger figure dans l’agenda royal : C’était en mars dernier à l’occasion du 11ème Sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique de Dakar. Le prince Moulay Rachid a assuré l’intérim lors du Sommet arabe de Damas et le premier ministre lors des rencontres de moindre importance.
Cette absence ne peut être expliquée par le problème d’agenda chargé, l’éternelle excuse officielle. Malgré ses déplacements denses dans le pays, Mohamed VI arrive à trouver le temps pour effectuer de nombreux et longs séjours privés à l’étranger.
Si reprochent son absence de vision. Le journal royal “Le Matin” justifie cet absentéisme par son application dans les chantiers économiques et sociales. “Plutôt Taza que Gaza”, dit-il, pour s’absoudre.
Le roi boude ces grandes rencontres pour plusieurs raisons, dont le problème de la communication, les journalistes ne vont pas l’épargner pour leur donner une conférence de presse comme ils font avec le reste des chefs d’Etats après chaque sommet ou conférence. Grand timide, le roi Mohamed VI n’est pas à l’aise dans les grandes réunions. Les conseils des ministres qu’il doit présider sont fréquemment annulés et il en assiste de 3 à 4 par an, alors que ça doit être au moins 3 fois par semaine.
D’aprés Jacques Chirac, le Roi n’aime pas beaucoup travailler. Seuls ses conseillers travaillent et à lui seul reviennent les choix définitifs. Beaucoup de chefs d’Etat entretiennent le dialogue et la proximité avec leurs peuples. Le Roi Mohamed VI n’obeit pas à cette régle fondamentale de la gouvernance. Et il faut attendre le 30 juillet pour que le peuple marocain écoute un discours royal lu et enregistré à l’avance. Le reste du temps les chaînes de TV assurent le relais en diffusant les sorties et les pseudo-activités royales chaque soir. Une façon de rassurer le peuple marocain que le Roi travaille et veille au bon destin de son peuple. L’art de la propagande.
Même les règles de protocole sont parfois malmenées comme lors de la visite de la Reine Elisabeth II à Marrakech. La rencontre avec Mohamed VI devait avoir lieu vers les 10 heures du matin. Le roi était arrivé avec un retard de presque 30 minutes. La Reine, évidemment, n’etait pas contente.
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