Le 30 août, l’agence de presse sahraouie, SPS, annonçait l’arrivée du président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, à Tripoli pour prendre part au 40e anniversaire de la Révolution du 1er septembre. Elle ajoute qu’il doit également prendre part au sommet spécial de l’Union africaine (UA) consacré aux conflits régionaux, qui se tiendra dans la capitale libyenne dans le contexte de la célébration du 40e anniversaire de la révolution libyenne.
Le même jour, le journal du palais, le Matin du Sahara et du Maghreb, dans son éditorial sous le titre de “La nouvelle Libye a 40 ans” il entourait Kadhafi des plus grands éloges. “Il convient de souligner qu’avec le Royaume du Maroc, les relations se sont inspirées d’un réalisme où se conjuguent un sentiment partagé de solidarité et des objectifs communs. Sans compter l’amitié réelle qui existe entre les deux peuples”, ajoute-t-il. Il affirme que “la Libye a opéré un tournant majeur et décisif dans sa vision du conflit du Sahara, et le président Kadhafi –dont on pouvait croire et constater même qu’il soutenait au début de l’affaire le Polisario et donc l’Algérie – s’est immédiatement rétractée. Arrivé «impromptu » au Maroc en 1984, en plein mois de Ramadan, il était accueilli à Rabat par feu S.M. Hassan II qui lui présenta les familles et les parents marocains des membres du Polisario. Le dirigeant libyen, qui n’en crut pas ses yeux, changea immédiatement d’attitude et arrêta net son soutien, politique, financier et militaire, aux séparatistes du Polisario”.
Le 31 août, aperture de la session extraordinaire de l’Union africaine consacrée aux conflits en Afrique, sous la présidence du dirigeant libyen Mouamar Gadafi et en présence de plusieurs chefs d’Etats et de Gouvernements africains. L’agence sahraouie SPS rappelle que le président Mohamed Abdelaziz y assiste accompagnée par une importante délégation pour participer aux festivités marquant le 40e anniversaire de la révolution du 1er septembre et assister à la session extraordinaire de l’UA.
Dans son allocution, Kadhafi affirme que “l’unique solution possible à la question du Sahara Occidental, passe par la voie d’un référendum sous les auspices de l‘ONU, afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination”.
Le 1er septembre :
– La MAP annonce que le Roi Mohamed VI félicite le colonel Mouammar Kadhafi à l’occasion du 40-ème anniversaire de la révolution du 1-er septembre et l’arrivée d’une délégation marocaine pour y participer.
– La délégation marocaine se retire de la tribune en signe de protestation contre la présence de la délégation sahraouie dans les festivités.
– Kadhafi décore le président sahraoui de la médaille de la plus haute distinction du Fateh.
Le 6 septembre, la MAP annonce que “l‘Ambassade du Royaume du Maroc à Tripoli a reçu, le samedi 5 septembre, une note du Comité populaire général des relations extérieures et de la coopération internationale de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, en réponse aux démarches et demande d’explication faites par le Royaume, concernant l’incident qui s’est produit lors des festivités du 1er septembre, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. “La présence de Mohamed Abdelaziz dans la Grande Jamahiriya était liée à sa participation au sommet de l’Union Africaine, dont la “RASD” est membre, tenu à Tripoli le 31 août 2009 et consacré au règlement des conflits en Afrique. Il n’était pas invité aux festivités du 1er septembre, malgré qu’il ait exprimé son souhait d’y participer si une invitation lui avait été adressée.”
Conclusion :
Les éloges au leader libyen exprimés le 30 août par le journal officiel marocain constituent une preuve irréfutable que le Maroc était bien prêt à participer aux festivités libyennes malgré la présence de la délégation sahraouie. La déclaration faite par Kadhafi, le lendemain, dans la séance africaine sur les conflits en Afrique, affirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et le référendum comme unique solution au conflit du Sahara Occidental a bouleversé la donne et irrité les autorités marocaines qui ont peur que cette déclaration soit suivie d’un soutien libyen à la cause sahraouie. Même si le soutien militaire est peu envisageable, un soutien humanitaire aux réfugiés sahraouis dérangerait Rabat, puisqu’il contribue à améliorer la situation aux camps de réfugiés sahraouis à Tindouf.
La Libye a été contrainte, dans les années 1980, à arrêter son soutien logistique au Front Polisario en échange d’une intervention du défunt roi Hassan II auprès de l’administration de Ronald Reagan qui, à l’époque, avait mené plusieurs attaques aériennes contre Tripoli se soldant de dizaines de morts, parmi eux la fille de Kadhafi.
Aujourd’hui, la Libye réconciliée avec l’Occident retrouve sa souveraineté et sa liberté de décision et rien ne l’empêche de corriger les erreurs du passé par rapport à la cause sahraouie. Et c’est cela qui sème la panique à Rabat.
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