Censure, saisie, persécution, amendes axorbitantes… La presse marocaine a fait face dans les dernières semaines à des épisodes de ce calibre. L’inquiétude est croissante dans les médias, qui voient comment les règles de jeu changent, et spécialement envers les journalistes indépendants.
Le caricaturiste Khalid Gueddar, de 34 ans, fait partie des derniers inculpés pour avoir dessiné le prince Moulay Ismail, le cousin du monarque Mohamed VI. Le local du journal a été fermé, et les peines allant d’un an de prison, pour le directeur, à trois mois pour deux employés.
La personne du roi et sa famille, l’Islam et le Sahara Occidental sont les lignes rouges du régime. Même un sondage favorable au roi sur ses dix ans de règne a été interdit. Pour le directeur du magazine TelQuel “La presse libre et indépendante est terminée”.
La situation de la presse libre au Maroc était le sujet de la dernière caricature de Khalid. Aucun journal n’a voulu la publier. C’est une femme qui représente la presse avec une corde au cou et le prince Moulay Ismaïl prêt à donner l’ordre d’exécution.
Le nouveau président de la Chambre des Conseillers, Biadillah, l’a dit clairement dans un article publié par le quotidien Al-Massae, le nouveau porte-parole du palais royal. L’Etat doit adopter la théorie d’Althusser sur la légitimité de la répression pour s’imposer.
Alors, si vous ne voulez pas attirer les foudres du pouvoir au Maroc voici le discours à suivre: “Au Maroc tout va bien. Depuis l’avènement du Commandeur des croyants, Sa Majesté le Roi Mohamed VI, que Dieu le glorifie, une dynamique nouvelle s’est impulsée dans le pays. Une stratégie de développement économique et social a été élaborée. Fort de ses institutions, solide par la cohésion de ses habitants et attaché à ses valeurs ancestrales, le Maroc a réussi à bâtir un Etat de justice et de droit. Son processus de démocratisation fait de lui un pays modèle dans la région”, etc…