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Coup dur à la liberté de presse au Maroc

Un journaliste arrêté pour parler de la santé du roi

La Justice marocaine a joué à nouveau un honteux scandale juridique, en condamnant le directeur de la publication Al Michaal et deux de ses rédacteurs à une année de prison sans garantie et trois mois de prison respectivement. La police n’a même pas attendu que l’on présente un recours, et Dris Chahtan a été conduit manu militari à la prison de Salé dans la capital. Les deux rédacteurs, Rachid Mhamid et Mustafá Hairan, n’ont pas encore allés en prison.



Pedro Canales. Rabat, 20-10-2009
Les organisations internationales de défense des libertés publiques sont consternées. Dans différents pays européens et au Maroc même, un vaste mouvement de solidarité avec les journalistes condamnés est né. Reporters Sans Frontières a émis un dur communiqué de dénonciation et exige la libération immédiate des journalistes.
Le coup donné au droit à l’information dans le royaume de Maroc est dévastateur. Le « crime » des journalistes condamnés a été uniquement et exclusivement d’écrire dans leur journal que le communiqué royal sur la santé de Mohamed VI, dans lequel on informait d’une indisposition provoquée par rétrovirus et de la nécessité de garder cinq jours de convalescence, avait suscité de la « préoccupation » dans l’opinion publique. Le verdict a été émis en l’absence des avocats défenseurs qui ont abandonné la salle en protestation contre l’absence de garanties judiciaires.
La sentence a été prononcée sur la base de quelques articles du Code de la presse qui prévoit des peines de prison pour des délits d’opinion. Quelque chose qui dans un pays démocratique est intolérable. D’autres processus de la même nature sont prévus ce mois-ci. Le président du Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM), Yunes Meyahed, a demandé aux Autorités de réviser la sentence contre Dris Chahtan.
« Au Maroc la personne du Roi est sacrée » répètent constamment les apologistes du régime. Jusqu’au point que la véritable devise de la nation est Roi, Patrie, Dieu. La personne du monarque et par extension celle de toute sa famille, est au-dessus de tout, intouchable, on ne peut écrire sur elle, ni analyser critiquement ses actes ou comportement institutionnel. Seule la flatterie est permise et largement rémunérée.
Selon la Constitution marocaine, qui n’a pas été élaboré par une Assemblée Constitutive, mais dictée par le Sultan, tous les pouvoirs sont concentrés dans la personne du Roi. La division entre Législatif, Exécutif et Judiciaire, est simplement formelle. Aucun des trois pouvoirs constitués a de l’autonomie. Toutes les prérogatives retombent sur le souverain. À cela on ajoute la concentration monopolisée du pouvoir économique et financier aussi entre les mains royales. Dans de telles circonstances la population ne dispose même pas du droit à l’information.
« Ce qui nous fait le plus mal, se plaint un journaliste à El Imparcial, c’est que les gouvernements européens, parmi eux celui de Rodriguez Zapatero, acceptent cette situation et font fi des violations des libertés au Maroc. En plus, le gouvernement espagnol a décoré les généraux marocains, comme Mizian, Bensliman ou Laanigri, dont la fonction a été et continue d’être celle de couper les droits et les libertés ».


EL IMPARCIAL
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