Le Maroc des malédictions

Un communiqué du ministère avait indiqué qu’une expertise urgente de toutes les anciennes mosquées avait été ordonnée par le roi Mohamed VI. Il faut reconnaître que les résultats ne se sont pas fait attendre.

Une semaine après l’effondrement du minaret de la mosquée de Meknès, qui a causé 41 morts, une coupole d’une autre mosquée près de Nador se soldant de la mort d’un autre fidèle.

Sur le premier incident, on a jeté la faute aux méchantes pluies qui en veulent à mort les Marocains. Sur le deuxième, c’est la confusion au sein des autorités de Rabat. Une première dépêche de la MAP indique que c’est à cause des “travaux effectués par des entrepreneurs non qualifiés”. Un communiqué du ministère de l’intérieur précise qu’il s’agissait de “travaux exécutés sans autorisation préalables des autorités”. Bref, on ne sait plus quoi dire aux pauvres citoyens.

Les marocains, un peuple très superstitieux, y voient la main de Dieu. Au lieu de chercher la cause de leurs misères chez leurs dirigeants, ils les attribuent aux malédictions et au “mauvais sort”. La pauvreté et l’analphabétisation de la société marocaine ont fait qu’elle soit très attachée aux traditions et rites religieux. Ainsi, une grande partie fréquente les tombeaux et mausolées des  marabouts et saints pour guérir des maladies et beaucoup de farceurs se remplissent les poches en se faisant passer par des sorciers, apothicaires, voyants et vendeurs d’herbes médicinales.

 Selon un sondage fait par le magazine TEL QUEL, 9 sur 10 croient aux démons et au mauvais œil, 83 % approuvent le port du voile et 57 % désapprouvent la mixité sur les plages.

Les islamistes profiteront des circonstances pour dire qu’il s’agit d’une prédilection et que des mauvais jours pour eux se préparent, qu’ils devraient en tenir compte et que c’est une punition de Dieu à cause de la corruption, la prostitution et la malversation.

L’influence du discours religieux se trouve derrière le succès des partis islamistes au Maroc. La création du Parti PAM et son succès imposé dans les dernières élections a été une tentative de repousser la montée de cette menace.

Le Roi Mohammed VI tente de remodeler le champ religieux pour imposer un islam modéré et tolérant empreint de soufisme. Il s’agit de réhabiliter le rite malékite en usage depuis des siècles dans le royaume mais mis à mal ces dernières années par la poussée du chiisme, du parti islamiste PJD et des associations caritatives tels que Justice et Bienfaisance. Cette dernière conteste l’autorité religieuse du roi.

L’aspiration de Mohamed VI de donner une image d’un Maroc qui évolue vers une certaine modernité se heurte au traditionalisme de sa société, aux méfaits de l’Etat policier, la corruption, le chômage – terreau fertile de l’intégrisme –, la grande pauvreté, l’analphabétisme très important et l’existence endémique de bidonvilles. C’est cela sa vraie malédiction.

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