Le chef du gouvernement sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a affirmé à Madrid que devant l’enlisement du conflit du Sahara occidental, le peuple sahraoui a entamé une «transition vers une nouvelle étape dans laquelle il ne peut y avoir que deux solutions, la paix ou l’escalade militaire».
«L’enlisement du conflit est en train de conduire les Sahraouis à la limite de la patience. Nous sommes aujourd’hui dans une phase où la révision de notre vision et de nos relations avec la Minurso nous paraît inévitable», a ajouté le responsable sahraoui dans son intervention de clôture des 4es Journées des universités publiques madrilènes sur le Sahara occidental.
Devant cette perspective, il a appelé la communauté internationale à intervenir en «urgence» pour «préserver la légalité internationale et garantir la paix et la sécurité»,
précisant que le seul moyen pour y parvenir est de contribuer à ce que «le peuple sahraoui exerce son droit légitime à l’autodétermination et l’indépendance, de promouvoir le respect des droits de l’homme et l’ouverture du territoire aux observateurs internationaux».
Pour lui, ce n’est que dans ce contexte que les «conditions indispensables seront réunies pour que les négociations entre les deux parties (Front Polisario et le Maroc) aient un sens et puissent connaître des avancées».
Un «processus de décolonisation inachevé»
Dans son intervention, le chef du gouvernement sahraoui a rappelé, par ailleurs, que le conflit sahraoui «doit trouver sa solution conformément au droit international pour tous les problèmes de décolonisation».
Dans ce sens, il a affirmé que tout règlement doit passer, par conséquent, par le «libre exercice du peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination, conformément notamment à la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU».
Tout en rappelant encore qu’«aucun pays au monde» ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le responsable sahraoui a précisé que ce pays «n’est qu’une force d’occupation devant laquelle la communauté internationale et l’ONU ont échoué à trouver une solution au conflit provoqué par cette occupation illégale».
Il a fustigé les «pays amis du Maroc» qui se font les porte-voix des thèses marocaines sur le Sahara occidental et qui tentent de semer le doute sur la viabilité d’un Etat sahraoui indépendant.
Le chef du gouvernement sahraoui a dénoncé aussi «l’intransigeance» et «l’expansionnisme» du Maroc dans la poursuite de ce conflit qui entre dans sa quatrième décennie, dont il a tenu également responsable l’ONU «incapable d’appliquer ses propres résolutions dans un simple et classique problème de décolonisation».
Il en a voulu également à la France, «le berceau de la révolution universelle et des droits et libertés de l’humanité, devenue aujourd’hui protectrice de la politique coloniale du Maroc et complice de ses violations des droits de l’homme», a-t-il dénoncé.
Il a accusé également l’Espagne, «la puissance administrante du Sahara occidental», d’être la «responsable de toute la tragédie» du peuple sahraoui, et qui «n’a pas été capable de profiter de l’implication de l’ONU pour impulser une solution juste et pacifique» du conflit.
Les Sahraouis à la limite de la patience : La paix ou l’escalade militaire
R. I.
Le Temps d’Algérie, 30 mai 2010
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