Par Said Boumameche
La problématique de l’entreprise coloniale et les luttes de libération en Afrique ont fait l’objet d’un colloque international, organisé dans le cadre du 2ème festival culturel panafricain, au cours duquel plusieurs thématiques liées à l’histoire du colonialisme et ses conséquences sur le continent, ont été débattues.
Quelque 25 pays africains, représentés par des chercheurs, historiens et des personnalités politiques, partie prenante dans les mouvements de libération, ont pris part à cette rencontre culturelle.
Il était question d’embrasser une période particulièrement mercantiliste qui, du 17ème au 19ème siècle, fera de l’Afrique un des pôles essentiels du commerce triangulaire et de la traite des esclaves, à la phase des luttes de libération et de l’émergence des premiers Etats nationaux.
Les grands thèmes qui ont été débattus ont porté sur «l’absence de l’Afrique dans le processus historique, l’esclavage et la colonisation», afin d’apporter des éclairages et des réponses aux nouvelles générations sur leur histoire.
A cette occasion, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a considéré que le colonialisme constitue un projet d’aliénation culturelle et une volonté d’occulter les civilisations anciennes et de spoliation des richesses économiques.
Dans ce contexte, elle a rappelé que le phénomène de colonisation n’avait rien à voir avec les tentatives de propagation de la civilisation au sein de sociétés souffrant de sous-développement, mais qu’il s’agissait plutôt d’une décomposition forcée des tissus socioculturels, en vue de les aliéner, voire de les dissiper.
Pour la ministre, affirmer que le continent africain n’a pas su marquer de son empreinte l’histoire de l’humanité, revient à nier la dynamique et les grands changements que le continent a connus durant son histoire.
Mme Toumi a également mis en avant le rôle des médias et maisons d’édition dans l’éducation des générations futures et en matière de traitement des questions intéressant les sociétés africaines notamment à la faveur de cette conjoncture qui «connaît un retour en force de la révision de l’Histoire et des thèses faisant l’apologie de la colonisation».
La colonisation « positive », un mensonge
De son côté, l’avocat Jacques Verges a qualifié de «mensonge» la colonisation «positive» en Afrique comme le prétendent certaines parties de l’Europe, affirmant que la réalité sur cette étape de l’histoire «reste encore masquée».
Il a souligné qu’il était «difficile» devant tous ces faits, dont la spoliation des terres et des biens, les pillages des pays, la négation de la personnalité, de reconnaître que la colonisation était positive, mettant en exergue le rôle des médias et des écoles dans l’information des jeunes générations africaines sur la réalité de leurs histoire et passé, précisant: «il faut leur dire la vérité».
Cet avocat, connu pour son engagement dans la défense de la cause algérienne durant la guerre de libération nationale, a appelé les médias nationaux et africains d’une manière générale à ne pas tomber dans les stéréotypes des colonisateurs en évoquant l’histoire de leurs pays.
A propos du prétendu «apport civilisationnel» de la colonisation aux pays africains, l’orateur s’est contenté de se demander «ce que représentent alors les pyramides d’Egypte, les bronzes du Bénin ou encore les gravures rupestres du Tassili ou de l’Afrique du Sud», affirmant que «les Africains étaient civilisés depuis très longtemps».
De la pénétration coloniale au tracé des frontières
En outre, les questions liées à la pénétration coloniale et au tracé des frontières, ont été soulevées par les participants.
C’est ainsi que l’historien tunisien, enseignant à l’Université de La Manouba (Tunis), M. Mejiri Lazhar a souligné, dans son intervention intitulée «Frontières et questions de transhumance: le cas des tribus algéro-tunisennes sous l’occupation française», que le tracé des frontières hérité de la colonisation, découlait d’une «logique sécuritaire» chez l’occupant.
Il a rappelé, dans ce cadre, que les Beys de Tunis et les Deys d’Alger avaient trouvé des «arrangements» à cette question litigieuse, en 1641 et en 1628.
M. Mejeri a souligné, dans ce contexte, que «la société tribale du sud-ouest tunisien ainsi que celle du sud-est algérien vivait, depuis des temps ancestraux dans un rapport de complémentarité et de relation d’interdépendance».
L’universitaire ivoirien, Sohi Blesson Florent, chercheur à l’Université d’Abidjan, a examiné la question des «échanges pré-coloniaux en Afrique noire et les stratégies de pénétration économique colonial : le cas de la transformation des circuits commerciaux traditionnels de l’Ouest forestier ivoirien».
Tout en estimant que la thématique des frontières est encore «chaude» dans les pays anciennement colonisés, il a affirmé que «l’étude de ce cas micro-historique permet d’affirmer que les frontières sont imposées et qu’elles sont absurdes».
«Il s’agit de tracés imposés à des sociétés sous domination», a-t-il relevé, ajoutant que «17 % des frontières dans les anciennes colonies à travers le monde ont été imposées par la France».
La matinée de la 2ème journée de ce colloque qui poursuivra ses travaux jusqu’au jeudi 15 juillet, a été consacrée au thème relatif à la colonisation mercantiliste et la traite d’esclaves.
C’est ainsi que Mme Toyeye de l’université de Kinshasa (Congo), a souligné dans sa communication que «la traité au 16ème siècle a donné naissance à une bourgeoisie commerciale africaine et des intermédiaires locaux».
Le rôle de l’Algérie salué
D’autre part, le rôle joué par l’Algérie dans la décolonisation du continent africain a été mis en évidence par les participants qui ont focalisé sur l’aide dont ont bénéficié les différents mouvements de libération en Afrique de la part de l’Algérie.
Pour sa part, l’ancien secrétaire général de l’Organisation de l’union africaine (OUA), Salim Ahmed Salim, a mis en avant le rôle joué par l’organisation africaine pour mener le processus de la décolonisation du continent.
Il a souligné, à ce sujet, sa participation en sa qualité de secrétaire général d’une organisation continentale pour faire avancer les débats au niveau de la commission de décolonisation au niveau de l’Organisation des Nations unies.
«Les générations actuelles doivent savoir les souffrances de leurs aînés, pour arracher l’indépendance dans l’ensemble du continent, à l’exception du Sahara occidental qui est considéré comme le dernier territoire à décoloniser en Afrique», a-t-il soutenu.
Il a rendu un hommage particulier à l’Algérie qui, a-t-il souligné, avait joué un rôle important dans cette entreprise de décolonisation, un rôle qui l’a hissé à l’avant-garde des combats pour la libération.
Pour Mme Aminatou Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali, l’entreprise de décolonisation n’a pas «entièrement» épuisé tous ses objectifs, rappelant, dans ce cadre, le contexte dans lequel son livre «L’Afrique humiliée» a été édité. «C’était pour répondre à ceux qui ont mis en doute la lutte de l’Afrique contre la colonisation».
Intervenant lors des débats, le directeur du Centre Saguiat El-Hamra et Rio de Oro pour les études stratégiques et politiques, M. Baba Mustapha Sayed, a appelé «à mettre un terme à la colonisation dans le contine
nt», relevant que le Sahara occidental demeure le dernier territoire à décoloniser en Afrique.
“Il est temps de briser le mur du silence pour permettre à notre peuple qui vit derrière le mur de séparation érigé par les autorités de l’occupation pour isoler les territoires occupés, de communiquer avec le reste du peuple du Sahara occidental» a-t-il encore souligné.
Il a lancé un appel aux pays africains pour une solidarité «plus agissante» et «efficace» envers le peuple sahraoui dans sa lutte contre la colonisation marocaine».L’orateur a, en outre, déploré la position de la France envers la question sahraouie, notamment, lors des réunions du Conseil de sécurité de l’ONU, précisant que ce pays «couvre par tous les moyens le Maroc».
La problématique de l’entreprise coloniale et les luttes de libération en Afrique ont fait l’objet d’un colloque international, organisé dans le cadre du 2ème festival culturel panafricain, au cours duquel plusieurs thématiques liées à l’histoire du colonialisme et ses conséquences sur le continent, ont été débattues.
Quelque 25 pays africains, représentés par des chercheurs, historiens et des personnalités politiques, partie prenante dans les mouvements de libération, ont pris part à cette rencontre culturelle.
Il était question d’embrasser une période particulièrement mercantiliste qui, du 17ème au 19ème siècle, fera de l’Afrique un des pôles essentiels du commerce triangulaire et de la traite des esclaves, à la phase des luttes de libération et de l’émergence des premiers Etats nationaux.
Les grands thèmes qui ont été débattus ont porté sur «l’absence de l’Afrique dans le processus historique, l’esclavage et la colonisation», afin d’apporter des éclairages et des réponses aux nouvelles générations sur leur histoire.
A cette occasion, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a considéré que le colonialisme constitue un projet d’aliénation culturelle et une volonté d’occulter les civilisations anciennes et de spoliation des richesses économiques.
Dans ce contexte, elle a rappelé que le phénomène de colonisation n’avait rien à voir avec les tentatives de propagation de la civilisation au sein de sociétés souffrant de sous-développement, mais qu’il s’agissait plutôt d’une décomposition forcée des tissus socioculturels, en vue de les aliéner, voire de les dissiper.
Pour la ministre, affirmer que le continent africain n’a pas su marquer de son empreinte l’histoire de l’humanité, revient à nier la dynamique et les grands changements que le continent a connus durant son histoire.
Mme Toumi a également mis en avant le rôle des médias et maisons d’édition dans l’éducation des générations futures et en matière de traitement des questions intéressant les sociétés africaines notamment à la faveur de cette conjoncture qui «connaît un retour en force de la révision de l’Histoire et des thèses faisant l’apologie de la colonisation».
La colonisation « positive », un mensonge
De son côté, l’avocat Jacques Verges a qualifié de «mensonge» la colonisation «positive» en Afrique comme le prétendent certaines parties de l’Europe, affirmant que la réalité sur cette étape de l’histoire «reste encore masquée».
Il a souligné qu’il était «difficile» devant tous ces faits, dont la spoliation des terres et des biens, les pillages des pays, la négation de la personnalité, de reconnaître que la colonisation était positive, mettant en exergue le rôle des médias et des écoles dans l’information des jeunes générations africaines sur la réalité de leurs histoire et passé, précisant: «il faut leur dire la vérité».
Cet avocat, connu pour son engagement dans la défense de la cause algérienne durant la guerre de libération nationale, a appelé les médias nationaux et africains d’une manière générale à ne pas tomber dans les stéréotypes des colonisateurs en évoquant l’histoire de leurs pays.
A propos du prétendu «apport civilisationnel» de la colonisation aux pays africains, l’orateur s’est contenté de se demander «ce que représentent alors les pyramides d’Egypte, les bronzes du Bénin ou encore les gravures rupestres du Tassili ou de l’Afrique du Sud», affirmant que «les Africains étaient civilisés depuis très longtemps».
De la pénétration coloniale au tracé des frontières
En outre, les questions liées à la pénétration coloniale et au tracé des frontières, ont été soulevées par les participants.
C’est ainsi que l’historien tunisien, enseignant à l’Université de La Manouba (Tunis), M. Mejiri Lazhar a souligné, dans son intervention intitulée «Frontières et questions de transhumance: le cas des tribus algéro-tunisennes sous l’occupation française», que le tracé des frontières hérité de la colonisation, découlait d’une «logique sécuritaire» chez l’occupant.
Il a rappelé, dans ce cadre, que les Beys de Tunis et les Deys d’Alger avaient trouvé des «arrangements» à cette question litigieuse, en 1641 et en 1628.
M. Mejeri a souligné, dans ce contexte, que «la société tribale du sud-ouest tunisien ainsi que celle du sud-est algérien vivait, depuis des temps ancestraux dans un rapport de complémentarité et de relation d’interdépendance».
L’universitaire ivoirien, Sohi Blesson Florent, chercheur à l’Université d’Abidjan, a examiné la question des «échanges pré-coloniaux en Afrique noire et les stratégies de pénétration économique colonial : le cas de la transformation des circuits commerciaux traditionnels de l’Ouest forestier ivoirien».
Tout en estimant que la thématique des frontières est encore «chaude» dans les pays anciennement colonisés, il a affirmé que «l’étude de ce cas micro-historique permet d’affirmer que les frontières sont imposées et qu’elles sont absurdes».
«Il s’agit de tracés imposés à des sociétés sous domination», a-t-il relevé, ajoutant que «17 % des frontières dans les anciennes colonies à travers le monde ont été imposées par la France».
La matinée de la 2ème journée de ce colloque qui poursuivra ses travaux jusqu’au jeudi 15 juillet, a été consacrée au thème relatif à la colonisation mercantiliste et la traite d’esclaves.
C’est ainsi que Mme Toyeye de l’université de Kinshasa (Congo), a souligné dans sa communication que «la traité au 16ème siècle a donné naissance à une bourgeoisie commerciale africaine et des intermédiaires locaux».
Le rôle de l’Algérie salué
D’autre part, le rôle joué par l’Algérie dans la décolonisation du continent africain a été mis en évidence par les participants qui ont focalisé sur l’aide dont ont bénéficié les différents mouvements de libération en Afrique de la part de l’Algérie.
Pour sa part, l’ancien secrétaire général de l’Organisation de l’union africaine (OUA), Salim Ahmed Salim, a mis en avant le rôle joué par l’organisation africaine pour mener le processus de la décolonisation du continent.
Il a souligné, à ce sujet, sa participation en sa qualité de secrétaire général d’une organisation continentale pour faire avancer les débats au niveau de la commission de décolonisation au niveau de l’Organisation des Nations unies.
«Les générations actuelles doivent savoir les souffrances de leurs aînés, pour arracher l’indépendance dans l’ensemble du continent, à l’exception du Sahara occidental qui est considéré comme le dernier territoire à décoloniser en Afrique», a-t-il soutenu.
Il a rendu un hommage particulier à l’Algérie qui, a-t-il souligné, avait joué un rôle important dans cette entreprise de décolonisation, un rôle qui l’a hissé à l’avant-garde des combats pour la libération.
Pour Mme Aminatou Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali, l’entreprise de décolonisation n’a pas «entièrement» épuisé tous ses objectifs, rappelant, dans ce cadre, le contexte dans lequel son livre «L’Afrique humiliée» a été édité. «C’était pour répondre à ceux qui ont mis en doute la lutte de l’Afrique contre la colonisation».
Intervenant lors des débats, le directeur du Centre Saguiat El-Hamra et Rio de Oro pour les études stratégiques et politiques, M. Baba Mustapha Sayed, a appelé «à mettre un terme à la colonisation dans le contine
nt», relevant que le Sahara occidental demeure le dernier territoire à décoloniser en Afrique.
“Il est temps de briser le mur du silence pour permettre à notre peuple qui vit derrière le mur de séparation érigé par les autorités de l’occupation pour isoler les territoires occupés, de communiquer avec le reste du peuple du Sahara occidental» a-t-il encore souligné.
Il a lancé un appel aux pays africains pour une solidarité «plus agissante» et «efficace» envers le peuple sahraoui dans sa lutte contre la colonisation marocaine».L’orateur a, en outre, déploré la position de la France envers la question sahraouie, notamment, lors des réunions du Conseil de sécurité de l’ONU, précisant que ce pays «couvre par tous les moyens le Maroc».
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