Cette fois, c’est tout auréolés du succès encore flamboyant de la Coupe du monde en Afrique du Sud que les chefs d’Etat africains se rencontrent à Kampala. Il est vrai que les notions de MAEP (mécanisme africain d’évaluation par les pairs) ou de NEPAD (nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) restent inconnus pour le commun des Algériens, qui peut même s’interroger sur l’ardeur mise par Bouteflika à s’investir pleinement dans toutes ces rencontres, jusqu’à en être le principal pivot. Ce genre de questions est légitime pour qui ne connaît pas, par-delà le réflexe du Président dont la diplomatie est une seconde nature, l’attachement de ce dernier à une donne qui se résume par cette vérité que l’Algérie et son socle continental sont intimement liés. Ce destin commun s’affirme bien sûr dans le meilleur et dans le pire. Ce n’est pas là une simple et «noble» déclaration de foi sur l’identité civilisationnelle ou une idée tout aussi pompeuse que stérile sur l’unité africaine, mais une réalité concrète et palpable et «l’incident» de l’attaque de la France au Mali est là pour nous rappeler cette réalité de communauté dans le pire. L’Algérie, et le fait qu’elle le fasse sans tambour ni trompette, comme c’est le cas de l’aide alimentaire aux pays du Sahel, est un pays qui tient le rôle de locomotive pour l’Afrique. Or, c’est un continent comme frappé par la malédiction et, sauf pour des exceptions, dont l’Algérie, les indépendances, sans aucunement les remettre en cause, n’ont rien arrangé. L’Afrique détient le sinistre privilège d’être au haut du podium de toutes les calamités, de l’épidémie du sida, des famines, des conflits fratricides, du fléau de la corruption, des migrations clandestines et, ce qui n’embellit pas le décor, des catastrophes naturelles, dont la moindre n’est pas la sécheresse. Les chantiers ont de quoi décourager les volontés les plus déterminées. Mais aussi, pour certains hommes d’Etat, cela donne des raisons pour s’engager encore plus contre ces désastres. Parvenir à la conjugaison de ces fléaux au passé, n’en sera que plus méritoire.
Le Jour d’Algérie, 25/7/2010
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