Nous, à Alger, ne savions que penser d’une attaque portée par les armées de deux pays contre dix chats sur le sol d’un Etat souverain, forcé à un rôle de spectateur.
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Il ne faut pas être grand clerc pour conclure que la dernière prouesse enregistrée plus bas que chez nous, au Sahel, ne laisse rien présager de bon. Un raid mené conjointement par Paris et Nouakchott, deux comparses pratiquement inséparables depuis le dernier coup d’Etat mauritanien, et dont les objectifs diffèrent, selon leurs déclarations à la presse. Quand les Français confient qu’ils avaient l’intention de libérer leur compatriote détenu comme otage par l’entreprise de kidnapping de Belaouar, les Mauritaniens, probablement contaminés par les Israéliens, disent que leur action hors frontières est préventive. Les informations maquillées de contradictions disent que l’apport de la France au raid se limitait à une «aide logistique et technique» de 20 à 30 militaires. Mais rien ne dit qu’elle est totalement étrangère au savant brouillage médiatique orchestré autour de l’affaire. Résultats de la ghazoua ? 60 % du bivouac ennemi attaqué a péri, surpris par les forces combinées venues à pied comme des peaux rouges. Les autres 40 %, quatre personnes au total, dit-on, ont su esquiver les tirs pour s’évanouir dans le désert, couverts de sa nudité. Nous, à Alger, ne savions que penser d’une attaque portée par les armées de deux pays contre dix chats sur le sol d’un Etat souverain, forcé à un rôle de spectateur. Une attaque qu’on s’amuse à armer de mépris pour la faire coïncider avec les travaux d’un sommet africain. Un acte qui ne peut se vanter d’être conforme avec le texte ou l’esprit des recommandations de l’accord d’Alger signé par les Sahélo-sahariens le 21 avril dernier. Les Algériens peuvent-ils applaudir des opérations militaires étrangères irréfléchies, des ratages aux conséquences imprévisibles sur une région à ne plus traiter avec les seuls moyens militaires ? Le fait accompli de Paris et de sa nouvelle recrue tend-il à encourager la région à rester fidèle à une Françafrique en perte de vitesse face à l’audace asiatique et à la menace de l’Africom, dont les atours et les ambitions en font une dangereuse rivale ? On verra bien ce que pense le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat américain, M. Daniel Benjamin, de l’aventurisme militaire, et s’il craint autant que Madrid ses retombées, lors de sa conférence de presse aujourd’hui à Alger.
Le Jeune Indépendant, 26/7/2010
Le Jeune Indépendant, 26/7/2010
Visited 2 times, 1 visit(s) today
Publicités
Soyez le premier à commenter