Par Bachir Medjahed
La Mauritanie, une fois de plus, fait une échappée politique sans concertation avec l’ensemble des pays du Maghreb. Oublions les derniers coups d’Etat opérés et pratiquement interdits par l’Union africaine pour tous ses membres ; interdits mais pas empêchés. Elle avait fait une ouverture en solitaire vers Israël par l’établissement de relations diplomatiques. Le président Bouteflika avait qualifié cette décision de «misérable» et la Mauritanie avait répondu en mettant en avant sa souveraineté. Du fait que seule l’Algérie avait critiqué cette décision, la tendance serait à admettre que la Tunisie et le Maroc lui avaient accordé leur bénédiction ou, alors, s’étaient abstenus de prendre une position publique, ce qui signifie leur plein accord. La deuxième fois, elle a décidé de donner une couverture à la France pour l’intervention militaire de celle-ci au sud de l’Algérie, sur le territoire malien. Cette ouverture s’est traduite par le fait que la Mauritanie déclare que l’armée française lui avait fourni un «appui technique seulement», endossant à elle seule la responsabilité de l’échec. Pourtant, l’Algérie et d’autres pays de la région du Sahel avaient décidé, à Tamanrasset, de créer un commandement unifié de lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne. Pourquoi la France a-t-elle cru qu’elle s’en tirerait facilement en coopérant avec l’armé mauritanienne ? Serait-elle à la recherche d’un exploit qui lui assurerait «légitimement» la mainmise sur toute l’Afrique ? Sans nul doute que la France n’avait pas agi sans consulter les Américains. Doctrine américaine, relais français, financement arabe et guerre entre Arabo-Africains, les Maghrébins étant considérés à la fois comme Africains et Arabes…
La Nouvelle République, 28/7/2010
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