Les personnes, éliminées dans l’opération ratée du Sahel, seraient de simples citoyens désarmés. La situation s’est compliquée bien plus qu’on ne pouvait l’imaginer à la suite de l’acte pour le moins incompréhensible mené par les Mauritaniens et les Français, avec la «complicité» des services secrets américains. Paris, en menant une attaque militaire très profondément dans les territoires maliens, sans que le président de ce pays, Amadou Toumané Touri (ATT) n’en ait été prévenu, qui plus est avec l’aide de troupes d’un pays voisin, la Mauritanie en l’occurrence, s’est tout simplement rendue coupable d’un «acte de guerre» envers un pays qui, pourtant, lui a toujours mangé dans la main. C’est ce qu’ont estimé des sources diplomatiques qui, à l’appui de cette affirmation dont les conséquences ne laisseront pas de se faire sentir dans les prochains jours, rappellent de quelle manière précipitée ATT a quitté le Tchad où il assistait à un sommet des 25 pays sahélo-sahariens pour rejoindre Bamako et son palais présidentiel. Une odeur de putsch planait peut-être dans l’air. Outre le fait que les services secrets français en ont fait une spécialité en Afrique, il faut dire qu’une pareille «opération», aussi lamentable qu’elle ait pu être, n’aurait absolument pas été menée à son terme sans la complicité de quelques officiers supérieurs maliens. Pour le moment, donc, c’est la Mauritanie, nouvel ami et allié de la France, qui va au charbon. C’est à elle que Paris a dévolu la lourde et ingrate tâche d’essuyer la crasse en tentant d’amadouer le président malien. Une délégation mauritanienne, spécialement dépêchée à Bamako par le président Mohamed Abdelaziz, s’y attelait depuis hier, mais avec de maigres chances de succès.
Période de froid entre Bamako et Nouakchott
Des sources très au fait des questions sahélo-sahariennes nous annoncent en effet que contrairement à ce qui a été annoncé la veille, vendredi, par le ministère de la Défense français, les six personnes tuées lors de ce raid seraient des nomades n’ayant aucun rapport ni avec les terroristes, ni avec les contrebandiers et trafiquants d’armes. Cette grave bavure peut donc avoir pour conséquences directes de déclencher l’ire des tribus qui sillonnent le nord du Mali, et dont les notables entretiennent (malgré eux) des contacts avec les activistes armés du GSPC. Ce dernier, placé désormais en position de force par le grave faux pas de la France, peut tenter de pousser plus loin son avantage en jouant à fond la carte de cette colère pour «recruter» des éléments dont la principale force réside dans leur parfaite connaissance de ces lieux inhospitaliers, où la survie représente un défi de tous les instants du jour et de la nuit. Cette attaque, en outre, peut pousser le sanguinaire Abou Zeïd, émir local du GSPC, à exécuter l’otage français, Michel Germaneau, âgé de 78 ans. Celui-ci a été enlevé le 19 avril passé avec la complicité de son chauffeur et guide algérien. Un ultimatum, devant expirer demain, avait été lancé la semaine passé au président français.
Du silence… parlant d’Alger
Dans ce cas précis, Nicolas Sarkozy sortirait perdant sur toute la ligne dans cette «confrontation» où il semble avoir présumé de ses forces, et joué les mauvais atouts. En se basant sur des renseignements fournis par les services secrets américains, Sarkozy a en effet fait état d’une méconnaissance crasse de ce qui se passe dans ces régions. En aidant des troupes mauritaniennes à mener une opération militaire sur le territoire d’un pays voisin, le président français a montré qu’il souhaite agir comme s’il était en territoire conquis. Sa fameuse «France-Afrique» exhibée en grande pompe en faisant défiler des troupes des anciennes colonies françaises sur les Champs Elysées le 14 juillet passé était donc le prélude à des actions autrement plus répréhensibles. Livré à lui-même, avec des pays qui risquent de se regarder en chiens de faïence, le Sahel peut sombrer dans le chaos, et tomber sous le contrôle des terroristes et des contrebandiers pour toucher à des degrés de troubles et de violences jamais atteints auparavant. S’agissant de l’Algérie, maintenant, le silence peut représenter la meilleure des ripostes. Hormis la réaction très «diplomatique» de Ramtane Lamamra, commissaire chargé de la Paix et de la Sécurité, aucune déclaration n’a été faite jusque-là. Mais, selon des sources diplomatiques, «il est évident que les graves dérapages commandités par la France remettent définitivement en cause le fameux accord de Tamanrasset». Celui-ci avait été signé entre 5 pays de la région sahélo-saharienne il y a de cela un mois. Il prévoyait une coopération totale sur les plans militaire et du renseignement en matière de lutte contre le terrorisme et le grand banditisme. Ces deux phénomènes, en effet, vont de pair. A simple titre d’exemple, ce sont, très souvent, les contrebandiers qui enlèvent des otages occidentaux avant de les «revendre» aux éléments du GSPC. Cette jonction entre grand banditisme et terrorisme a donné naissance à ce que notre journal avait qualifié de «gangsterrorisme».
Ecran de fumée, dites-vous !
Plus aucune coopération sur les plans militaire et du renseignement ne semble possible après ce coup au-dessous de la ceinture. Alger, qui a bien réagi, a tout juste placé des troupes le long de ses frontières afin qu’aucune incursion terroriste ne se produise vers son territoire durant le déroulement de cette opération. Pour la suite, l’Algérie, particulièrement hostile à toute ingérence étrangère dans cette région tout aussi sensible que difficile à gérer, saura fort bien poursuivre seule sa lutte antiterroriste.
Des sources, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, expliquent en effet que «l’Algérie n’est pas en position de demanderesse, ce qui n’est pas le cas de ses voisins du sud, ni de la France». Et de rappeler que «notre pays a lutté tout seul, efficacement et avec beaucoup de succès, contre le terrorisme quand nous faisions l’objet d’un embargo qui ne disait pas son nom et que le terrorisme était autrement plus puissant et meurtrier».
Paris, désormais dans ses petits souliers, a par ailleurs tenté une grossière diversion en prétendant que son opération de jeudi n’aurait été qu’un «écran de fumée destinée à masquer la véritable opération, toujours en cours, pour libérer l’otage Michel Germaneau».
Un écran de fumée qui coûte la vie à 6 personnes, n’est-ce pas un peu cher payé ?
De plus, et parce que tout se sait dans ces régions désertiques, aucune autre opération n’a lieu nulle part, à moins qu’il ne s’agisse de négociations secrètes pour payer une rançon et libérer des criminels contre la libération de Germaneau.
Dans un pareil cas de figure, ne pouvant aucunement être exclu puisque Sarkozy avait agi de la même manière pour libérer son espion Pierre Camatte, P
aris aura donc œuvré à mal agir jusqu’au bout…
Par Ali Oussi
Période de froid entre Bamako et Nouakchott
Des sources très au fait des questions sahélo-sahariennes nous annoncent en effet que contrairement à ce qui a été annoncé la veille, vendredi, par le ministère de la Défense français, les six personnes tuées lors de ce raid seraient des nomades n’ayant aucun rapport ni avec les terroristes, ni avec les contrebandiers et trafiquants d’armes. Cette grave bavure peut donc avoir pour conséquences directes de déclencher l’ire des tribus qui sillonnent le nord du Mali, et dont les notables entretiennent (malgré eux) des contacts avec les activistes armés du GSPC. Ce dernier, placé désormais en position de force par le grave faux pas de la France, peut tenter de pousser plus loin son avantage en jouant à fond la carte de cette colère pour «recruter» des éléments dont la principale force réside dans leur parfaite connaissance de ces lieux inhospitaliers, où la survie représente un défi de tous les instants du jour et de la nuit. Cette attaque, en outre, peut pousser le sanguinaire Abou Zeïd, émir local du GSPC, à exécuter l’otage français, Michel Germaneau, âgé de 78 ans. Celui-ci a été enlevé le 19 avril passé avec la complicité de son chauffeur et guide algérien. Un ultimatum, devant expirer demain, avait été lancé la semaine passé au président français.
Du silence… parlant d’Alger
Dans ce cas précis, Nicolas Sarkozy sortirait perdant sur toute la ligne dans cette «confrontation» où il semble avoir présumé de ses forces, et joué les mauvais atouts. En se basant sur des renseignements fournis par les services secrets américains, Sarkozy a en effet fait état d’une méconnaissance crasse de ce qui se passe dans ces régions. En aidant des troupes mauritaniennes à mener une opération militaire sur le territoire d’un pays voisin, le président français a montré qu’il souhaite agir comme s’il était en territoire conquis. Sa fameuse «France-Afrique» exhibée en grande pompe en faisant défiler des troupes des anciennes colonies françaises sur les Champs Elysées le 14 juillet passé était donc le prélude à des actions autrement plus répréhensibles. Livré à lui-même, avec des pays qui risquent de se regarder en chiens de faïence, le Sahel peut sombrer dans le chaos, et tomber sous le contrôle des terroristes et des contrebandiers pour toucher à des degrés de troubles et de violences jamais atteints auparavant. S’agissant de l’Algérie, maintenant, le silence peut représenter la meilleure des ripostes. Hormis la réaction très «diplomatique» de Ramtane Lamamra, commissaire chargé de la Paix et de la Sécurité, aucune déclaration n’a été faite jusque-là. Mais, selon des sources diplomatiques, «il est évident que les graves dérapages commandités par la France remettent définitivement en cause le fameux accord de Tamanrasset». Celui-ci avait été signé entre 5 pays de la région sahélo-saharienne il y a de cela un mois. Il prévoyait une coopération totale sur les plans militaire et du renseignement en matière de lutte contre le terrorisme et le grand banditisme. Ces deux phénomènes, en effet, vont de pair. A simple titre d’exemple, ce sont, très souvent, les contrebandiers qui enlèvent des otages occidentaux avant de les «revendre» aux éléments du GSPC. Cette jonction entre grand banditisme et terrorisme a donné naissance à ce que notre journal avait qualifié de «gangsterrorisme».
Ecran de fumée, dites-vous !
Plus aucune coopération sur les plans militaire et du renseignement ne semble possible après ce coup au-dessous de la ceinture. Alger, qui a bien réagi, a tout juste placé des troupes le long de ses frontières afin qu’aucune incursion terroriste ne se produise vers son territoire durant le déroulement de cette opération. Pour la suite, l’Algérie, particulièrement hostile à toute ingérence étrangère dans cette région tout aussi sensible que difficile à gérer, saura fort bien poursuivre seule sa lutte antiterroriste.
Des sources, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, expliquent en effet que «l’Algérie n’est pas en position de demanderesse, ce qui n’est pas le cas de ses voisins du sud, ni de la France». Et de rappeler que «notre pays a lutté tout seul, efficacement et avec beaucoup de succès, contre le terrorisme quand nous faisions l’objet d’un embargo qui ne disait pas son nom et que le terrorisme était autrement plus puissant et meurtrier».
Paris, désormais dans ses petits souliers, a par ailleurs tenté une grossière diversion en prétendant que son opération de jeudi n’aurait été qu’un «écran de fumée destinée à masquer la véritable opération, toujours en cours, pour libérer l’otage Michel Germaneau».
Un écran de fumée qui coûte la vie à 6 personnes, n’est-ce pas un peu cher payé ?
De plus, et parce que tout se sait dans ces régions désertiques, aucune autre opération n’a lieu nulle part, à moins qu’il ne s’agisse de négociations secrètes pour payer une rançon et libérer des criminels contre la libération de Germaneau.
Dans un pareil cas de figure, ne pouvant aucunement être exclu puisque Sarkozy avait agi de la même manière pour libérer son espion Pierre Camatte, P
aris aura donc œuvré à mal agir jusqu’au bout…
Par Ali Oussi
Les Débats, 27/7/2010
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