Atavismes coloniaux contre partenariat sécuritaire

La France veut-elle torpiller les efforts algériens de sécurisation de la région?
Par F. Abdelghani
Face aux évènements qui se précipitent actuellement au Sahel, la France est sortie perdante à l’issue du ratage de son opération militaire coordonnée avec la Mauritanie en plein désert malien. Le moins que l’on ne puisse dire est que la France a violé l’une des règles du droit international en pénétrant dans un territoire souverain sous prétexte de libérer l’otage français.
Les observateurs s’accordent à dire que la France et sa diplomatie ne veulent pas coordonner avec les responsables des pays du Sahel dans leur ensemble préférant opérer des choix individualistes qui peuvent coûter cher.
Au même moment, la stratégie américaine a choisi l’apaisement en multipliant l’envoi d’émissaires depuis le printemps dernier aux pays du Sahel et principalement l’Algérie qu’elle considère actuellement comme pays pivot dans la lutte antiterroriste.
Le timing et le mode de communication sont délibérément choisis par les spins-doctors de la Maison-Blanche qui savent s’y prendre pour «cajoler» leurs partenaires dans ce qu’ils appellent «le renforcement de la sécurité globale du Sahel».
Le Département d’Etat a finalement opté pour un dialogue sur la sécurité dans cette région. Et ses experts n’évoquent dans ce contexte assez bouillonnant que des concepts bien usités tels que «assistance, appui technique pour la coopération sécuritaire avec l’Algérie».
Bref, les américains préfèrent laisser le terrain aux seules armées du Sahel qui ont leurs capacités propres pour se redéployer dans ces vastes étendues dont ils connaissent bien la dynamique.
D’ailleurs, contrairement aux français qui préfèrent la démonstration de force, par atavisme sans doute, en envoyant des troupes spéciales au niveau des frontières de certains pays, les américains affirment qu’ils ne seront jamais amenés à stationner leurs soldats aux confins du vaste Sahara.
Dans cette «dualité» franco-américaine dans la région, le jeu de la France consiste à «torpiller les efforts de l’Algérie dans sa stratégie de lutte antiterroriste», selon des experts. Pourtant, depuis sa mise en place, l’état-major mixte Algérie-Mali-Niger-Mauritanie s’est avéré comme un véritable rempart face à l’indécision des uns et les tergiversations des autres.
C’est l’Algérie qui, forte de son expérience dans la lutte antiterroriste, se retrouve en tête de file en raison de sa logistique, du niveau de formation de ses troupes et de leur mobilité qui leur permet de connaître les circuits très rudes des vastes contrées désertiques. Ainsi, l’Algérie qui fournit assez d’efforts pour stabiliser les frontières avec ses voisins, a signifié à maintes reprises que seul le travail de coordination est à même d’endiguer le phénomène du terrorisme et dont la pérennité arrangerait bien les intérêts des grandes puissances. Du reste, l’Algérie tente d’éviter de tomber dans les pièges de la manipulation et des «coups bas» que certains pays seraient amenés à commettre.
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