Kouchner : «On dit que…»

Kouchner confirme qu’il n’est pas de la pâte des officiels ordinaires, et qu’il peut faire dans le style françafrique lorsque la situation l’exige.
Par M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
«On», et c’est notoire, est connu pour être un pronom indéfini et… hypocrite. Ce qui fait que dans les milieux officiels, on l’évacue, il n’y a pratiquement pas cours et on l’évacue du langage. Pourtant, Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, n’a pas hésité à y recourir dernièrement lors d’une interview accordée au journal français le Parisien. Kouchner confirme qu’il n’est pas de la pâte des officiels ordinaires, et qu’il peut faire dans le style françafrique lorsque la situation l’exige. Dans ses propos, Kouchner nous fit une révélation de taille. L’organisation de Droudkel «a recruté des gens qui viennent du monde entier, on dit qu’il y a des Afghans dans ses rangs, des Yéménites, des militants qui viennent d’Afrique noire. Et elle sous-traite à des criminels locaux certaines de ses actions comme les enlèvements», dit-il. Comme il aurait pu dire que les Afghans et les Yéménites ramenaient dans leurs bagages de l’opium et du Cat pour meubler l’oisiveté du Sahel. On ne sait pas si le bureau de recrutement de l’organisation terroriste a pu embaucher les interprètes nécessaires dans ces espaces désertiques dominés par l’analphabétisme. Les drôleries du ministre accréditent, mine de rien, l’existence d’un lien solide et permanent entre les kidnappeurs locaux et la Qaïda qui guerroie en Orient contre la présence militaire étrangère. Les Afghans et les Yéménites en ont-ils fini avec leurs problèmes chez eux pour venir de si loin se former au kidnapping dans le Sahel ? Même si le rapt s’avère une activité des plus lucratives ? Mais qui a vu ou entendu dire qu’un pauvre afghan égaré serait venu marauder à proximité des plates-bandes d’Areva ? Mme Janet Sanderson, sous-secrétaire d’Etat chargée du Maghreb et du Proche-Orient, qui fut au début de la décennie ambassadrice des Etats-Unis en Algérie, ne pense pas du tout comme Kouchner. Elle, elle n’est pas convaincue que le terrorisme du Machrek et celui du Maghreb font un. L’organisation de Droudkel «est un mélange de groupes épars et divergents, et qui sont autonomes et indépendants d’El-Qaïda», dit-elle, sans s’appuyer sur le «on dit que…». Elle n’est peut-être pas née en Algérie, mais elle semble mieux au fait de nos réalités, pourrait-on dire. 
Le Jeune Indépendant, 2/8/2010
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