Le temps des Judas bon teint ?

Mustapha Salem Ould Sidi Mouloud, inspecteur général de la police sahraouie des camps de refugiés à Tindouf, a fait une virée à Smara, capitale spirituelle du Sahara occidental, pour y tenir une conférence de presse. La démarche était à s’y méprendre celle d’un… vaincu. On ose là le mot “vaincu” parce que le personnage parle toujours en tant que sahraoui, membre du Polisario et non pas comme le ferait un ressortissant marocain “égaré” qui retourne au bercail et aux plaisirs du baisemain. Dans cette conférence de presse boudée par les médias espagnols, il étalait ses compétences de brosseur et ne tarissait pas d’éloges sur la politique paradisiaque et les “bienfaits” que le makhzen dispense à Aminatou Haïder et à ses compatriotes. Mustapha Salem ne se limitait pas aux éloges, il se montrait un tantinet téméraire puisqu’il s’engageait à revenir à Tindouf répéter ce qu’il a dit dans la ville occupée de Smara. Si ce n’est que ça, pourquoi alors s’être dérangé alors que la chose aurait pu se faire sans se déplacer à Smara ? Il n’est certainement pas erroné de dire que pour tout ressortissant de la Oumma, Sahraoui compris, Smara n’a pas la même place qu’El-Qods dans les cœurs. Or, on ne se rend pas à El-Qods occupée même en cas de hadj. Celui qui le fait passe pour traître. Mustapha Salam dit qu’il n’a été mandaté par personne et que son initiative est tout à fait personnelle. Possible ! Peut-être qu’il a entendu ces voix trompeuses qui avaient mené la pauvre Jeanne D’Arc au bucher. Quoi qu’il en soit, “les traîtres n’entameront point la détermination des Sahraouis à poursuivre leur lutte”, déclarait Brahim Ghali, l’ambassadeur de la RASD (République arabe sahraouie démocratique, membre fondateur de l’UA) à Alger, au lendemain de la sortie de Mustapha Salem. De Nouakchott, M’hamed Kheddad, membre dirigeant du Polisario, affirmait avant-hier : “Nous sommes ouverts et prêts à contribuer à trouver une solution honorable pour tous qui préserve les droits des uns et les intérêts des autres, une solution fondée sur la légalité internationale (…) et sur le droit des peuples à disposer de leur destin.” Mustapha Salem ? Une hirondelle n’a jamais fait le printemps !
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Jeune Indépendant, 10/8/2010
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