L’envoyé de l’ONU dit que la situation du Sahara “n’est pas viable”

LES MILLIERS DE SAHRAOUIS CAMPANT DANS LA BANLIEUE DE LAÂYOUNE RÉSISTENT TOUJOURS MALGRÉ LE SIÈGE DE LA POLICE ET LE MANQUE D’EAU ET DE NOURRITURE

“Ce qui ne manque point aux Sahraouis, c’est l’imagination.” Une affirmation provenant du ministère du Front Polisario, chargé des territoires occupés, montrant le camp qu’ont dressé, depuis une semaine, près de 10 000 Sahrouis, dans la banlieue de Laâyoune.

Assiégés par des policiers et des militaires, une délégation marocaine s’est réunie, hier, avec les organisateurs, pour traiter de dissoudre cette nouvelle forme de protestation. Mais elle est tombée dans l’oreille d’un sourd. Ils ne parleront que d’indépendance. Surtout maintenant que l’envoyé spécial des Nations Unies, Christopher Ross, visite la région. Aujourd’hui, il a déclaré, depuis Alger, que maintenir l’impasse actuelle que vit le Sahara Occidental n’était “pas viable”.

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Dans le désert, à 18 km de la ville de Laâyoune, des centaines de tentes. Ils ont commencé à s’installer il y a une semaine, à la confusion de la police marocaine qui, au moment où elle a voulu réagir, comptait déjà par milliers les Sahraouis concentrés. Ceux qui y venaient sans tente s’incorporaient à celles des autres. Des familles entières.

À la plage de la ville et en d’autres points, tels que Nujador, des tentatives similaires ont été “brutalement dissolues”, selon les sources du Front Polisario. Mais pas dans ce premier sit-in, où le facteur surprise a encore joué en leur faveur. Désormais, ils sont assiégés par des agents de police et des militaires qui empêchent, selon les dénonces des activistes, se trouvant à l’intérieur depuis 4 jours, non seulement l’arrivée de davantage de Sahraouis, mais aussi l’entrée d’aliments, d’eau et de médecins. En fait, certaines personnes malades sont transportées à l’extérieur, à cause du manque de médicaments tels que l’insuline.

Entre-temps, les activistes traitent d’explorer un autre chemin, plus dangereux et d’habitude transité par des contrebandiers, afin de faire parvenir les vivres. Tout tenter avant de se rendre car, selon les euphoriques, c’est la première fois, depuis la dernière Intifada de 2005, qu’un nombre aussi considérable de citoyens se mobilise ; un nombre qui, en aucun cas, ne va en deçà de 8 000 personnes, quoiqu’il soit difficile de faire des calculs précis. Hier, lors de la réunion de deux généraux de l’armée marocaine avec le comité organisateur du campement, afin de leur proposer qu’une délégation se déplace à Rabat pour négocier la dissolution de celui-ci, le “Non !” a résonné catégorique. Ils disent qu’ils ne négocieront que l’indépendance, et ce avec le Front Polisario. En attendant, ils ne bougeront pas d’ici.

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L’objectif de cette protestation est, selon ses porte-paroles, de “dénoncer la migration dont nous autres Sahraouis souffrons et le fait que les colons tirent profit de nos ressources naturelles alors que nous ne sommes que des citoyens de catégorie B, répudiés voire dans les documents’. Par cela, ils font appel aux lettres SH qui accompagnent le passeport de tout Sahraoui, permettant aux administrations publiques de les distinguer sans besoin de lever les yeux du passeport.

Ils dénoncent aussi le harcèlement au travail, le manque de soins de santé et la violation des droits humains. Tout ce qu’ils ne veulent pas, c’est que Christopher Ross, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, soit ignoré. Celui-ci avait atterri le dimanche dernier à Alger et visitera, dans les prochains jours, les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, où il se réunira avec les dirigeants du Front Polisario, avant de partir en Mauritanie et ensuite à Rabat, où il terminera sa tournée.

Pour le moment, Ross a déjà affirmé que “maintenir le statu quo actuel du Sahara Occidental n’était pas viable à long terme” et a lancé un appel aux parties pour faire “preuve de volonté politique et essayer de sortir de l’impasse”.

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Suite à sa réunion avec le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, le diplomate américain a expliqué que le manque de viabilité de ce statu quo est fondé sur “les coûts qu’il peut avoir et les dangers qu’il peut représenter”. “L’objectif de cette visite, la quatrième que je fais depuis ma désignation, est de débloquer les contacts nécessaires dans les négociations entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc, avec la coopération des États de la région”, a-t-il déclaré. Le même objectif des deux rencontres informelles qu’il a organisées entre les parties depuis sa désignation et qui n’ont abouti à rien. Aujourd’hui, Ross insiste que les deux parties doivent faire preuve de volonté politique pour surmonter la situation actuelle et “réussir à négocier sans conditions préalables et de bonne foi, pour arriver à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui mènerait à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental”.

De sa part, le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, dans une lettre adressée au Secrétaire général des Nations Unis, Ban Ki-moon, a demandé la protection des citoyens se trouvant dans ce campement. Les organisateurs ont confiance qu’il n’y aura aucun massacre avant l’arrivée de Ross. En outre, les activistes les plus connus ou les plus dérangeants pour le Royaume alaouite se sont abstenus de participer, afin que l’ensemble des citoyens assume le premier rôle. “Et éviter de majeures tentations d’attaquer.”
LAURA GALLEGO
Guinguinbali, 18/10/2010

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