Novembre, une date effaçable ?

Et c’est là où l’on se rend compte que l’esprit novembriste n’est pas près de disparaître, et que Kouchner et consorts font un mauvais pari sur le temps.

Cinquante-six années après le glorieux 1er Novembre 1954 et la formidable mobilisation qui, sous la bannière du Front de libération nationale, parvint à bouter dehors la France coloniale et ses 132 ans de «bienfaits», les Algériens peuvent-ils se dire aujourd’hui en harmonie avec les valeurs ou les rêves novembristes ? Cinquante-six années plus tard, un ex-chef de gouvernement de la RADP nous révèle qu’il n’était qu’un «harki du système». Ce que beaucoup de monde savait déjà depuis quelques années. Mais aux yeux des Algériens, qu’est-ce qu’un harki sinon un renégat capable des pires actes contre les siens pour se faire agréer des maîtres qu’il s’est choisis ?
La glorieuse révolution de novembre qui libéra l’Algérie et qui contribua à la libération de tant de pays a finalement accouché, à une étape de son histoire, d’un système qui privilégiait délibérément les harkis qui recèlent un peu de compétence et beaucoup de soumission. Cela nous a fait grimper à la 105e place des corrompus sur terre, alors que nous nous faisons submerger par les maux sociaux qui nous parviennent progressivement de tous les coins du monde et que nous sommes en voie de devenir une terne copie du royaume voisin : drogue, prostitution, criminalité, corruption.
Cinquante-six années plus tard, le peuple algérien est moins soudé, la société se fait plus vulnérable avec l’apparition soudaine des problèmes artificiels qu’on nous fabrique au nom de l’évangélisme, du terrorisme… Des phénomènes déstabilisateurs que nous savons dus à la convoitise étrangère, comme le montre l’intérêt démesuré des puissances hégémoniques, qui non seulement couvent amoureusement le statu quo au Sahara occidental, sur notre flanc ouest où se poursuit un conflit vieux de 35 ans, mais tendent à nous entenailler entre la Méditerranée et le Sahel, région où l’on prône la paix, mais qu’on destine apparemment à la guerre. Et c’est là où l’on se rend compte que l’esprit novembriste n’est pas près de disparaître, et que Kouchner et consorts font un mauvais pari sur le temps. Le rejet public de la présence militaire étrangère dans le Sahel, où la RADP essaye d’unir les pays de la région dans la lutte antiterroriste, et les réticences sur l’UPM, en raison des accointances avec Israël, l’Etat-problème de la région, relèvent d’un pur esprit novembriste. Un esprit qui a su aider notre peuple après chaque trébuchement.
M. Z.

mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 31/10/2010

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