Cette initiative pacifique est d’autant plus remarquable, qu’elle fait tâche d’huile et d’autres villes suivent l’exemple d’El-Ayoun pour fuir la répression marocaine. L’autre aspect de la gravité de la situation vécue par le peuple sahraoui, est que voilà des années que «nous plaidons pour que la Minurso prenne ses responsabilités devant la répression féroce imposée au peuple sahraoui, or elle vient de se voir interdire l’accès des campements de réfugiés» installés à quelques kilomètres de la ville sous occupation marocaine, Laâyoune. De plus, pour M. Galan, l’expression pacifique du peuple sahraoui qu’on entendait peu et qui s’est déclenchée en mai 2005 éclate aujourd’hui aux yeux de la communauté internationale interpellée plus qu’avant à faire valoir la force du droit sur la force coloniale.
A ce propos, le président de l’EUCOCO ne manquera pas de souligner qu’«il faut être aveugle et sourd pour ne pas vouloir comprendre le message de ce peuple dans son désir de mettre fin à la dégradation de sa situation politique, économique et sociale» par l’exercice de son droit à l’autodétermination.
Une politique d’oppression et de répression des autorités marocaines dans les territoires sahraouis encore sous son occupation, au moment ou Rabat invite ses hôtes étrangers à porter des témoignages pour voiler les pratiques propres à un système colonial. A ce propos, M.Galland dira : «On voit des gens continuer à se rendre, dans ces territoires, à l’appel des Marocains, pour constater de visu tout ce que le Maroc fait de «beau», et vous avez des gens qui se laissent apprêter et qui reviennent, comme ces sénateurs français, en disant que ce qu’ils ont vu là-bas est merveilleux et qu’ils n’ont pas vu de Sahraouis qui plaidaient la cause de l’indépendance». Et d’ajouter qu’«en effet, si on ne vous les montre pas, si vous n’allez pas voir qu’ils sont sous oppression, détenus dans des prisons, que vous ne vous rendez pas dans ces lieux de détention et que vous faites semblant de ne rien entendre, alors, vous pouvez toujours dire je peux témoigner sur tout ce qui est beau là-bas».
Aussi, pour le président d’Eucoco, «notre objectif est, donc, de faire appel à la communauté internationale, en particulier au secrétaire général de l’Onu, au Conseil de sécurité mais aussi à l’Union européenne qui, dans ses accords avec le Maroc, où la question des droits de l’homme est centrale, doit prendre acte de ce qui est en train de se passer dans les territoires sahraoui occupés». Et tout cela, a-t-il poursuivi, «au moment même où l’Union européenne doit renégocier ses accords de pêche avec le Maroc, accord fait sur le dos des Sahraouis» au vu de la violation du droit international par l’UE dans ses accords de pêche avec Rabat dans les eaux teritoriaux du Sahara Occidental. Evoquant le nombre de participants à cette conférence, il rappellera qu’ils sont plus de 400 personnes à y prendre part, venant d’Amérique latine d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Australie et qu’il est très intéressant d’assister à l’élargissement de la solidarité internationale autour du peuple sahraoui.
De son point de vue, c’est un signe que dans les opinions publiques aujourd’hui, il y a une «conscience réelle» et «quand les associations se mettent en route et révèlent ce qui se passent, les ONG relayent ces préoccupations» et que les Sahraouis ont toutes les raisons d’être déterminés à faire valoir leur droit. L’Onu étant là pour encadrer ce droit, «mais si à l’intérieur du Conseil de sécurité, vous n’avez pas toujours la majorité nécessaire, c’est à nous les peuples de continuer à leur rappeler ces réalités qu’il est de notre devoir de corriger», a souligné, M.Galland. Le président de l’EUCOCO s’agissant du blocus médiatique imposé par Rabat dans les territoires sahraouis occupés, il a estimé qu’un appel «doit effectivement être lancé» à la presse qui «doit comprendre aussi que son rôle est de défendre les valeurs universelles» conclut-il.
R. I.
La Nouvelle République, 31/10/2010
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