Depuis son investiture, en novembre dernier, le Premier ministre marocain Abdallah Benkirane multiplie les initiatives en direction du Palais royal pour obtenir la libération des «frères» emprisonnés «injustement» pour actes de terrorisme. Selon diverses sources, ils seraient 1000 salafistes que le nouveau chef du gouvernement islamiste veut faire libérer. Benkirane sollicite, à cette fin, la méthode douce : la grâce royale à l´occasion des fêtes nationales et religieuses.
Progressivement, l´usage de ce subterfuge donne ses fruits puisque le nombre de prisonniers pour acte de terrorisme est en nette diminution. Ça sert aussi l´image de «tolérance» que le roi veut donner à la «démocratie» marocaine. Beaucoup d´islamistes impliqués dans les attentats de mai 2003 à Casablanca, qui avaient causé la mort de 43 personnes, ont ainsi retrouvé la liberté depuis l´arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (PJD),
il y a trois mois à peine. La plupart des victimes de ces attentats, dont 4 Espagnols, se trouvaient par hasard près du restaurant de la Maison d´Espagne, la cible principale de ces actes terroristes. Environ 2300 suspects seront arrêtés alors et torturés de manière barbare, selon les témoignages de leurs avocats et des membres des organisations humanitaires internationales. 1708 d´entre eux avaient été condamnés à de lourdes peines de prison mais pour les
«auteurs matériels et les commanditaires», 18 au total, c´est la peine capitale. Depuis l´arrivée au pouvoir de Benkirane, le nombre de salafistes encore incarcérés varierait entre 900 et 1000, dont 10% de condamnés pour crime de sang. Benkirane a confié la difficile tâche de les faire libérer à l´un de ses proches, le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, lui-même un radical connu pour être un anti-monarchiste notoire.
C´est lui qui sera l´architecte de cette politique de la «main tendue» en direction du Palais royal. Voilà deux semaines, il a présenté une proposition de grâce au profit de centaines de salafistes, à l´occasion du Mawlid Ennabawi Echarif. Le roi accepte même de faire libérer trois imams radicaux,
Mohamed Rahfiki, Hassan Kettani et Omar Hadouchi, condamnés pour apologie du terrorisme. Le souverain refuse en revanche sa grâce pour le journaliste Rachid Niny. A leur libération, les salafistes ont décrit «l´enfer des prisons marocaines» où 25 indépendantistes sahraouis attendent de passer devant un tribunal militaire pour «atteinte à la souveraineté du royaume». Pas d´indulgence pour ces «ennemis» de la nation et du peuple marocain qui sont «plus dangereux que les salafistes», soutient-on du côté du Palis royal.
H. A.
Le Temps d’Algérie, 22/2/2012
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