Photo : Jeune Afrique |
Alors que les combats font rage entre la rébellion de Mouvement national de libération de l’Azawad et les troupes de Bamako, l’Algérie ne désespère pas d’inviter les belligérants autour de la table des négociations. La lutte fratricide a déjà fait ses premières victimes, plus d’une centaine, mais ce sont, surtout, les populations civiles qui souffrent des affres de la guerre. D’où la nécessité d’aller vite vers une solution négociée, d’autant plus que le président Amadou Toumani Touré est sur le départ. Dans cette logique de guerre et de paix entre rebelles et Bamako, il est parfois des embellies qu’il faut saisir.
C’est la tendance actuelle de MNLA, dont le président du bureau politique, Mahmoud Ag Aghaly, estime qu’une médiation de l’Algérie ou du Burkina Faso est la bienvenue : «Nous sommes disposés à parler avec tous les pays qui veulent aider à régler le conflit, qu’ils soient de la sous-région ou d’ailleurs. L’essentiel étant que ce soit des médiateurs qui connaissent la région et ses problèmes, et qui aident à négocier une solution définitive. C’est en ce sens que les pays voisins de l’Azawad sont les bienvenus». Le problème pour l’Algérie est que cette fois, ce sont des rebelles sécessionnistes qui veulent leur indépendance, et cela risque de se répercuter sur l’Algérie.
La logique actuelle du MNLA est que « les populations du nord et du sud du Mali sont trop différentes pour composer un état ensemble» et juge que « le Mali et le Sénégal n’étaient pas faits pour être un seul pays». Toutefois, Alger estime que c’est, là, de la surenchère sans plus, et que les problèmes plus terre-à-terre demeurent le souci de l’Azawad : « Sur le plan sanitaire, il n’y a presque rien dans le nord ; il faut faire des kilomètres pour trouver un dispensaire. L’école, c’est pareil. Ce sont des Touareg qui mènent des initiatives pour scolariser leurs enfants puisque l’État a démissionné. Ou bien, il n’y a qu’à voir depuis quelques années : l’État bitume des routes un peu partout, mais pas dans le nord. Entre les capitales régionales du nord, aucune route n’est goudronnée : de Tombouctou à Gao, de Gao à Kidal, il n’y a pas de goudron », renchérit Ag Aghaly.
Concernant la reprise des hostilités, il affirme que «dès novembre 2010, nous avions tenté de faire comprendre aux autorités maliennes et à la communauté », et que si les armes ont encore tonné, «c’est pour que le monde entier entende le cri des enfants de l’Azawad». Pour le moment, et craignant les susceptibilités des uns et des autres, Alger préfère laisser le dossier entre les mains de l’Union africaine, mais si les belligérants insistent, elle reprendra le travail qu’elle fait périodiquement, à chaque rébellion, pour le Mali.
F. O.
Le Courrier d’Algérie, 22/2/2012
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