Le Maroc aurait-il raté son deuxième rendez-vous avec l’Histoire, par Ali Anouzla

Le jour arrivera où il sera trop tard pour les hommes politiques et les partis de ce pays de regretter d’avoir fait rater au Maroc son second rendez-vous avec l’histoire, le premier depuis un demi-siècle. En effet, après le revers d’Aix-les-Bains, ce jour viendra où de larges franges de la population ressentiront la même amertume que leurs aînés lorsqu’ils se sont aperçus du “hold-up” perpétré par une partie des francophones et des partisans et soutiens de l’ancienne puissance coloniale, qui ont privé le peuple de son droit à déterminer son avenir et l’ont induit en erreur avec une “pseudo indépendance” dont a pâti, et pâtit encore, une grande partie des Marocains…

Je dis cela, un an après les mouvements populaires qui ont insufflé l’espoir de voir réalisée la volonté populaire, si ce n’était la faiblesse des faibles, l’incohérence des incohérents, la compromission des uns et l’opportunisme des autres, et la pusillanimité des poltrons…

Je dis cela, en me remémorant un an de protestations populaires, d’immenses sacrifices personnels et de cet extraordinaire espoir qu’ont suscitées ces manifestations chez ceux qui croient et aspirent à la liberté, la dignité et la justice sociale… je dis cela, enfin, mais en le comparant avec ce qu’il est advenu de toute cette injustice que tous ont demandé à voir disparaître et qui est toujours là, dominante, et ces ténèbres où nous plonge la corruption que toutes les gorges se sont égosillées à dénoncer et qui n’en sont encore qu’à leurs débuts…

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Le Mouvement du 20 février est apparu comme une belle graine sortie de la matrice du printemps arabe. Dans les cas tunisien et égyptien, les classes sociales moyennes et instruites, les mouvements de jeunesse, les élites politiques, médiatiques et culturelles, certains partis politiques , mouvements sociaux et une partie de la société civile ont joué un rôle dominant, et parfois déterminant, dans la conduite des masses et leur orientation vers les changements souhaités. En revanche, au Maroc, une partie de toutes ces catégories de populations, chacune dans son créneau d’activité, parfois par implication, quand ce n’est pas par connivence avec les adversaires du changement, et parfois aussi de bonne foi et/ou naïvement, ont avorté cette dynamique populaire et l’ont vidé de son contenu, au profit et pour le plus grand bonheur de ceux qui ont combattu et qui craignent les réformes et le changement. Quant au PJD, que certains présentent aujourd’hui comme le grand bénéficiaire de tout ce qui s’est produit, malgré son hostilité à ce mouvement, il devra assumer, demain, sa responsabilité lorsqu’il s’avèrera que son action n’aura finalement profité qu’aux ennemis du changement, qui l’ont combattu par le passé et qui lui tourneront le dos dans l’avenir lorsqu’il aura dépassé sa date de péremption et qu’ils n’en auront plus l’usage !

Je fais appel à ces exemples, et je convoque l’histoire récente car le rôle joué par certains partis politiques, certains supports de presse et certaines élites ne diffère pas complètement de la posture négative adoptée par les représentants du Maroc à Aix-les-Bains, soutenue alors par la presse du Protectorat et les élites de l’époque…

Lire la suite sur panoramaroc.ma, 23/2/2012
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