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Semoule, farine, lait en poudre, sucre et autres denrées alimentaires sont arrivés aux confins du Sahara algérien, pour être destinés finalement au Nord- Mali par conteneurs. Les réfugiés maliens, répartis entre la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et l’Algérie, ont atteint le nombre de 65 000, a indiqué, vendredi dernier, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires. Pour l’Algérie, le moment est à l’humanitaire, tout en menant des actions diplomatiques et politiques vis-à-vis de Koulouba et de la rébellion pour aboutir, dans un premier temps, à un cessezle- feu, puis à une solution politique négociée, à quelques encablures du départ définitif du président Amadou Toumani Touré.
Il y a trois jours, l’Algérie avait annoncé l’envoi d’une aide humanitaire aux Maliens qui ont fui les combats entre rebelles touareg et l’armée malienne pour se réfugier en Algérie, au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a insisté auprès de Bamako sur la nécessité d’une «solution politique urgente» à la crise dans le nord du Mali dans le cadre du «respect de l’unité territoriale» de ce pays et de «négociations directes» entre les Maliens, gouvernement et opposition. Alger, comme le Comité de la Croix-Rouge international, craignent une nouvelle crise alimentaire dans le Sahel. Le Mali et le Niger sont confrontés à des problèmes de sécheresse, mais, également, à un nombre très important de réfugiés, ainsi qu’à des déplacements de populations, en conséquence des combats au nord du Mali.
La France, qui tente, coup après coup, des «incursions » au Mali par le biais d’une diplomatie, et d’une diplomatie parallèle très entreprenante, n’est pas acceptée par les belligérants. Les déclarations d’Alain Juppé sur «les victoires de la rébellion» ont sonné comme une déclaration d’hostilité entre Koulouba et l’Élysée, bien que Sarkozy tente de faire édulcorer le propos du chef de la diplomatie française. Bamako reproche à Paris, aussi, le fait de vouloir imposer de «nouvelles têtes d’affiche », comme Mahmoud Ag Aghaly, qui s’autoproclame président d’une République de l’Azawad, de recevoir secrètement, à Paris, des chefs autoproclamés de la rébellion, et, surtout, de vouloir imposer des pions à la veille du départ d’ATT de Koulouba. Tout cela fait que c’est Alger qui est en première ligne de la médiation. Le voisinage, les relations communes, la coopération militaire et sécuritaire, mais, surtout, la longue tradition de l’Algérie de mener la négociation entre les rebelles et Bamako, font que le rôle d’Alger reste encore et toujours quasi incontournable pour les Maliens.
Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 1/3/2012