Un attentat à la voiture piégée a eu lieu, hier, vers 7 heures du matin, contre le siège de la brigade de la Gendarmerie nationale de Tamanrasset, faisant au moins 23 blessés, selon un premier bilan communiqué par la Protection civile. Le bilan provisoire établi par les services hospitaliers de la ville fait état de 15 gendarmes, 5 éléments de la Protection civile et 3 civils blessés. Les premières indications provenant de témoins oculaires, précisent qu’il s’agit d’un attentat perpétré par un kamikaze, au volant d’une Toyota Station, et qui s’est fait exploser en fonçant contre la brigade de gendarmerie, dont le siège est situé au quartier Tahagart, dans le centre de Tamanrasset.
Selon un correspondant de presse, joint, hier, en fin d’après-midi, l’attentat aurait fait plus de 30 blessés parmi les gendarmes, dont un sous-officier de faction, qui a été très grièvement blessé, précisant que la déflagration a également provoqué d’importants dégâts au bâtiment situé sur l’artère principale de la ville, ainsi qu’aux autres bâtisses et demeures adjacentes, dont les vitres ont volé en éclats et les façades ont été fissurées et gravement endommagées. Un officier du commandement de la Gendarmerie nationale de Chéraga, à Alger, qui a refusé de commenter l’attentat, affirme seulement que le bilan aurait pu être plus lourd si le kamikaze avait pu terminer sa course, laquelle se dirigeait vers l’entrée principale des locaux administratifs pour s’y incruster, et si le kamikaze n’avait pas été stoppé au milieu de la cour de la brigade. Au début de l’après-midi, soit quelques 5 heures après l’attentat, un groupe armé a revendiqué l’opération. Il s’agit de la «Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia», soit le groupe du djihad en Afrique de l’Ouest, caricaturalement transcris en «Mouvement d’unicité et du Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao)», par la presse occidentale, et qui s’était fait connaître lors du rapt des trois humanitaires de Hassi Rabouni, à Tindouf. «Nous vous informons que nous sommes à l’origine de l’explosion (…) ce matin à Tamanrasset dans le Sud algérien», a indiqué le groupe sans donner d’autres indications. Si le modus operandi de l’attentat semble pointer du doigt Al Qaïda au Maghreb – le même mode opératoire a été adopté dans des attentats similaires à Si Mustafa, Thénia, Boumedès, Naciria et ailleurs au nord de l’Algérie -, pour le moment, la seule indication à portée de main est celle de ce curieux communiqué du non moins curieux groupe qui se fait appeler « Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia ». C’est la seconde fois que ce groupe, la «Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia», fait parler de lui. La première fois, c’était il y a quelques mois, avec le rapt de deux Espagnols et 1 Italienne, Ainoha Fernandez de Rincon, Enric Gonyalons et Rossella Urru, enlevés des camps de Hassi Rabouni, à Tindouf. Et comme pour l’attentat d’hier, la revendication du groupe Tawhid wal Jihad en Afrique de l’Ouest était aussi venue du Mali. S’agit-il là d’un sous-groupe qui opère pour le compte d’Aqmi ? Est-ce un nouveau groupe autonome, qui agit à partir du Sahara et du Sahel, avec des inclinaisons vers l’Ouest-Mali, Mauritanie, Sénégal et Burkina Faso ? On serait tenté de le penser, car aussitôt après le rapt des trois humanitaires à Tindouf, les services de sécurité algériens avaient suivi avec une grande rigueur les pistes de l’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie, le Sénégal et le Burkina-Faso, et des réunions avaient été tenues avec ces trois pays. D’autres sources parles de ce groupe comme une dissidence d’Aqmi, qui, sans entrer en guerre avec elle, la complète et pousse plus vers l’Ouest. Hier, jusqu’à la fin de journée, aucun site proche d’Al Qaïda, n’avait diffusé d’informations, ni de communiqué sur l’attentat de Tamanrasset.
Fayçal Oukaci
Le Courrier d’Algérie, 4/3/2012
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