Le terrorisme a encore frappé. À Tamanrasset. L’attentat kamikaze est signé Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui en est à son second acte après la revendication de l’enlèvement des trois humanitaires dans le camp des réfugiés sahraouis à Tindouf en octobre 2011. Ainsi se distingue le Mujao de sa matrice, Aqmi, qui a abandonné l’attentat kamikaze pour verser dans l’industrie lucrative de l’enlèvement des étrangers.
C’est peut-être sur les procédés que les deux organisations criminelles divergent ou alors c’est que le Mujao a voulu marquer sa présence en osant frapper là où aucun autre groupe terroriste ne s’est aventuré.
Manière également de se rapprocher de la secte nigériane Boko-Haram qui a fait de l’attentat et des massacres le principal socle de sa doctrine alors que sa création remonte à l’automne dernier qu’il inaugura avec l’enlèvement des trois Occidentaux.
En portant l’action à Tamanrasset, ce groupe terroriste, qui s’inscrit dans la droite ligne d’Al-Qaïda, veut certainement porter atteinte à une ville symbole de la lutte antiterroriste dans la région du Sahel.
Le message est adressé aux pays du Sahel qui ont uni leurs efforts autour du Cemoc pour lutter contre Aqmi qui a bénéficié de la confusion en Libye pour se procurer des armes et des explosifs.
Ce défi a été encouragé par les tensions en Libye et au nord du Mali, et bien entendu, la passivité et la lenteur de certains pays de la région à inscrire la sécurité du Sahel dans leurs priorités. D’où les failles dans le contrôle des immenses frontières dont des pans entiers sont sous le contrôle des groupes d’Aqmi, des narcotrafiquants et autres trafiquants d’armes dont le marché a connu un boom avec la crise libyenne.
Reste, cependant, posée la question de savoir comment ce nouveau groupe terroriste composé des anciens d’Aqmi et probablement du renfort de Boko-Haram ait pu atteindre Tamanrasset alors que toute la zone est traversée par des turbulences depuis plus d’une décennie ?
La lutte contre le terrorisme ne devrait pas s’accommoder d’états d’âme et de calculs. La preuve, le Mujao vient de cibler la ville qui abrite l’état-major du Sahel. Tout un symbole.
Liberté, 4/3/2012
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