Pambazuka News n° 228, spécial Sénégal n° 3: Les limites des femmes dans l’espace politique

PAMBAZUKA NEWS 228 : SPÉCIAL SÉNÉGAL N°3 : LES LIMITES DES FEMMES DANS L’ESPACE POLITIQUE

1 Chroniques

LES LIMITES DES FEMMES DANS L’ESPACE POLITIQUE


Tidiane Kassé


L’élection présidentielle sénégalaise a été marquée par les premières candidatures féminines dans l’histoire politique du Sénégal. Les scores cumulés des deux candidates que sont Amsatou Sow Sidibé et Diouma Dieng Diakhaté font moins d’un pour cent des suffrages exprimés. L’expérience est diversement appréciée, mais elle constitue une étape importante dans l’expression politique des femmes. Pour marquer la célébration de la Journée de la femme, le 8 mars, le CODESRIA a organisé une table-ronde sur «Les femmes dans l’espace politique africain». Pambazuka News a profité de cette occasion pour interpeller certaines femmes, leaders politiques et/ou actives dans les mobilisations au niveau de la société civile, pour s’interroger avec elles sur les limites qui freinent l’expression des femmes dans l’espace politique.



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NDEYE SOKHNA GUEYE : «EN AFRIQUE, LA CITOYENNETÉ ET LA POLITIQUE RESTENT MASCULINES»


Les perceptions sociales qu’on a de la femme en Afrique impactent sur leur expression et leur rôle dans l’espace politique. Malgré les acquis notés ici ou là, la citoyenne reste encore masculine tout comme l’est la politique. Cette vision continue de peser dans les sociétés africaines, empêchant ainsi de mesurer et de valoriser le potentiel des femmes dans l’espace socioéconomique. Ndèye Sokhna Guèye, chercheuse au laboratoire Archéologie de l’IFAN Cheikh Anta Diop, explique comment cette réalité a marqué l’élection présidentielle au Sénégal, en défaveur notamment des deux candidates qui étaient en lice.



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KHADY FALL TALL : «LE MANQUE D’APPAREIL POLITIQUE EST UN HANDICAP, MAIS IL N’EXPLIQUE PAS TOUT»


Les deux candidates qui se sont présentées à l’élection présidentielle sénégalaise l’ont fait sans s’appuyer sur le mouvement associatif féminin ou sur les organisations de femmes. Cet argument est avancé pour expliquer les faibles suffrages qu’elles ont enregistrés, mais Mme Khady Fall, présidente de l’Association des femmes de l’Afrique de l’Ouest (AFAO) appelle à nuancer cette position, expliquant que disposer d’un appareil ne suffit pas toujours pour assurer une large assise populaire. Pour elles, d’autres facteurs explicatifs du vote des Sénégalais sont à interroger.



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FATOU SOW : «IL FAUT UNE STRUCTURE ET UNE BASE POUR S’ENGAGER DANS UNE PRÉSIDENTIELLE»


Avoir deux candidates face à douze autres pour l’élection présidentielle est une avancée considérable au Sénégal. Mais s’engager dans une telle lutte politique exige une meilleure préparation en termes de structure et de base. Pour Fatou Sow, chercheure, directrice de l’IFAN Cheikh Anta Diop, porter son identité de femme pour rassembler autour de cette cause et bouleverser l’ordre établi dans une société patriarcale où les hommes s’arrogent le monopole de l’espace public.



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PENDA MBOW : «LES FEMMES DOIVENT RETOURNER AUX LUTTES FÉMINISTES»


Même avec une loi sur la parité qui a fait l’objet d’une forte campagne pour l’affirmation des femmes dans l’espace politique, l’élection présidentielle au Sénégal a confirmé l’exclusion de ces dernières. Pour Penda Mbow, historienne, maître-assistante à l’Université Cheikh Anta Diop, une transformation en profondeur de la société en leur faveur exige que les femmes renouent avec les luttes féministes.



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AÏSSATA TALL SALL : «POUR PERCER EN POLITIQUE, IL FAUT INTÉGRER LES SCHÉMAS TRACÉS PAR LES HOMMES»


Devant des règles politiques imaginées, conçues et appliquées par les hommes, l’implication et l’affirmation des femmes ne peuvent être que limitée. Pour Aïssata Tall Sall, porte-parole du Parti socialiste, ces dernières ne peuvent percer dans le combat politique que si elles l’intègrent en épousant les schémas tracés par les hommes.


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