La victoire diplomatique imaginaire de M6

La visite du souverain alaouite obtenue à l’arrachée grâce aux pressions du puissant Lobby sioniste, L’AIPAC, qui fait la pluie et le beau temps à Washington, a connu un traitement démesuré de la par des médias marocains toutes tendances confondues, pour faire croire à un «succès» et à une «victoire diplomatique» du Maroc. 

De victoire il n’en eut point car il faut rappeler que le souverain marocain, qui gaspille des millions de dollars en Lobbying pour son image et celle de son pays irrémédiablement terni par la colonisation du Sahara occidental, attendait d’être reçu à la Maison-Blanche depuis le premier mandat de Obama. Il n’en fut rien en dépit du forcing de Hillary Clinton ; notoirement favorable aux palais royal et aux cadeaux somptueux et surtout les fameux caftans fassis, dont les Marocains gavent leurs hôtes de marque. Il aura fallu donc des années de lobbying et de considérables sommes d’argent, pour que Mohamed VI, après une série de défaites diplomatiques retentissantes, dont les rapports du département d’État et de l’instance onusienne sur la féroce répression marocaine dans les territoires sahraouis colonisés et des prises de position sans équivoque de grands journaux américains pour l’autodétermination, pour que M6 obtienne une visite somme toute ordinaire aux États-Unis et soit reçu par Obama pendant moins d’une heure trente. Une audience bien banale comme les centaines qu’accordent le chef de l’Exécutif de la première puissance mondiale et que le maître du Maroc, de plus en plus contesté dans son propre pays, veut faire passer pour une victoire diplomatique. 

On a beau lire et relire la déclaration commune Maroc-USA , on ne peut trouver nulle part «l’appui éclatant» qu’apprêterait Washington à la position marocaine et cette arlésienne, la solution de l’autonomie, qui est, il est vrai, l’alpha et l’oméga de la politique étrangère marocaine. Or il n’y a aucun changement de fond notable dans la position des états-Unis pour ce qui est du règlement de la question du Sahara occidental. Un règlement conforme aux résolutions des Nations unies, approuvées chaque année par la communauté internationale, en premier lieu les USA et le Maroc, et qui rappelle a chaque fois la nécessité d’une solution mutuellement acceptable pour l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Un principe cardinal universellement reconnu et auquel le Maroc veut échapper , sachant parfaitement que ce référendum débouchera sur l’indépendance des sahraouis. Qui plus est et pour ce qui est de la solution d’»autonomie» dont se gargarise la propagande marocaine et que le département d’État trouverait «sérieux, réaliste et digne de foi», il n’est qu’une des trois options mises sur la table et l’autre étant le choix à l’indépendance. 

La lecture partielle et erronée que font les officiels marocains et le Tam Tam de la propagande marocaine à Rabat comme à Paris convoquant le banc et l’arrière banc des obligés du Maroc, jusqu’à un journal électronique algérien basé à Paris et certains sites d’informations privés algériens, sur cette partie de la position américaine, occultent sciemment un paragraphe primordial ; «l’appui des États-Unis à une solution juste, pérenne et consensuelle au problème du Sahara occidental dans le cadre de l’ONU ainsi que les efforts que déploie l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, dans ce sens». Et précisément à chacune de ses médiations, l’ambassadeur américain, Christopher Ross – que les Marocains ont récusé un certain moment parce qu’incorruptible et dont M6 ce serait plaint auprès d’Obama – n’a cessé de répéter que son action porte sur la médiation entre le F.Polisario et le Maroc, et devant aboutir à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Au lieu de s’en prendre à l’Algérie , qui n’est pas partie prenante dans la question sahraouie, au lieu de faire continuellement dans la propagande la plus éhontée, jusqu’à des mercenaires de la plume de sites électroniques algériens, qui croient faire de l’opposition en défendant les positions coloniales marocaines, Rabat doit revenir à la mesure et ne pas se cacher derrière des victoires à la Pyrrhus imaginaires.

Mokhtar Bendib