Lamamra fait entendre la voix de l’Algérie à Paris
Les relations algéro-françaises étaient aujourd’hui au menu d’une rencontre à Paris entre le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et son homologue français, Laurent Fabius. Les deux ministres ont abordé les questions politiques et économiques bilatérales ainsi que la situation dans les pays du Sahel, et celle liée du terrorisme et à l’instabilité politique dans la région. La rencontre entre les deux chefs de la diplomatie intervient à la veille du Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, que la capitale française abritera les 6 et 7 décembre prochains.
Avec le style particulier et la fermeté qu’il a imprimés depuis sa venue en septembre à la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra ne manquera pas, à cette occasion, de peser sur le débat autour des menaces d’instabilité qui pèsent sur la région et les solutions qui doivent être apportées. Pivot incontournable de la région, l’Algérie devrait, par la voie de Lamamra, soumettre sa vision stratégique de sortie et de renforcement de la sécurité des frontières des pays concernés. Le sommet, abrité par l’Elysée en présence de tous les protagonistes, donnera l’occasion à l’Algérie d’abattre ses cartes et de proposer ses solutions en tant que pays directement concerné par la situation sécuritaire difficile que connaissent plusieurs pays de la région.
D’autres questions régionales telles que celle du Sahara Occidental ou internationales telles que le conflit qui s’enlise en Syrie donneront également à Lamamra l’occasion de faire entendre la voie de l’Algérie, qui défendra les positions de principe ayant toujours guidé sa politique étrangère. A ce propos, il faut se rappeler que Ramtane Lamamra avait annulé, le 13 novembre 2013, une visite qu’il devait effectuer à Paris. Si aucune motivation officielle n’est venue expliquer ce retrait, il n’est pas inopportun de rappeler que la visite devait avoir lieu à la veille de la participation du ministre français des Affaires étrangères à une rencontre organisée par le Maroc autour de la sécurité dans la région sahélo-saharienne. Une rencontre que notre pays a choisi d’ignorer et qui, de toutes les façons, a été un échec total.
Sur le plan des relations bilatérales, l’entretien ayant réuni les deux hommes est un prélude à la visite du Premier ministre français en Algérie les 16 et 17 décembre prochains, à l’occasion du comité intergouvernemental de haut niveau qu’il présidera conjointement avec son homologue algérien, Abdelmalek Sellal. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères françaises, la rencontre à Paris des deux chefs de la diplomatie a permis en particulier d’avancer dans la préparation de la prochaine rencontre d’affaires à Alger et de «saluer les progrès importants accomplis depuis un an, soit depuis la visite d’Etat du président de la République française en Algérie en décembre 2012, notamment dans les domaines-clés du partenariat économique, dont énergie, transports et agriculture ainsi que la coopération en faveur de l’éducation et de la jeunesse.
Sur le plan des échanges, la France aura certainement à revoir sa stratégie envers l’Algérie après le déclin des échanges et la perte de sa place de leader au profit des Chinois. Ceux-ci ont supplanté les Français en raflant la première marche dans les échanges avec l’Algérie malgré leur arrivée récente sur le marché. Une stratégie économique à revoir donc pour les Français qui se cantonnent dans un rôle plutôt attentiste, en procédant à peu d’investissements d’envergure en Algérie en comparaison avec ceux effectués au Maroc par exemple. Le marché de l’automobile donne des indices qui ne trompent pas. Le marché algérien en termes commerciaux est très rentable pour les Français qui y écoulent des milliers de véhicules chaque année alors qu’en termes d’investissement le projet installé à Oran après moult négociations et avec, en prime, un contrat d’exclusivité inédit, aura à peine une capacité de 75 000 à terme et de 25 000 dans une première phase.
D’autres désengagements des Français dans des projets tels que Michelin ou le complexe de montage de véhicules à Tiaret ou encore Alcatel donnent un autre aperçu de la frilosité des Français en matière d’investissements réels au profit de relations purement commerciales et de déversement de marchandises et d’équipements. La clause incluse par les autorités concernant le transfert de technologie et de formation n’a, jusqu’à présent, donné lieu à aucune avancée dans ce domaine. Il reste à espérer que les prochains rendez-vous politiques et économiques importants qui réuniront les deux parties arrivent à donner une tournure meilleure aux relations entre les deux pays qui, dans l’idéal, ont aussi à régler un lourd litige historique pour que les relations soient enfin sereines et mutuellement rentables.
Meriem Sassi
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