Jusqu’à présent, le Maroc pouvait compter sur le soutien du lobby juif pour récolter des appuis dans le conflit du Sahara Occidental. Mais, apparemment, rien ne va plus entre Rabat et l’un de ses plus précieux alliés. La preuve, le Maroc a décidé de s’en prendre à Israël à travers deux propositions de loi contre la “normalisation” des relations avec l’Etat hébreu, émanant des députés de plusieurs partis marocains.
La manœuvre commence à porter ses fruits puisque la décision marocaine commence à faire polémique à Tel Aviv et dans la diaspora juive. Ces textes, déposés début octobre par les cinq principaux groupes parlementaires, dont le PJD (islamiste) au pouvoir, appellent à renforcer l’arsenal juridique contre «les échanges commerciaux » ou « financiers » avec Israël. Ils préconisent également de restreindre la participation de citoyens marocains ou de résidents dans le royaume aux activités portant l’emblème de l’Etat hébreu.
Cette restriction concernerait les secteurs de la culture, la politique, le sport et l’économie. Ainsi, les forums israéliens au Maroc seraient interdits et les hommes d’affaires ou artistes portant le passeport israélien seraient bannis du territoire. En outre, ces textes prévoient des peines de « 2 à 5 ans d’emprisonnement » contre les «normalisateurs» et des amendes pouvant atteindre un million de dirhams, près de 100 000 euros. Tout citoyen marocain qui visiterait Israël risquerait ainsi une peine de cinq ans de prison… Une perspective qui crée un tollé dans les sphères économiques et culturelles au royaume. Le portail d’information marocain lemag.ma cite ainsi Ali Belhaj, membre du bureau politique du Parti authenticité et modernité (PAM), proche du roi Mohamed VI : «Je voudrais juste comprendre: si je me rends à Jérusalem, à l’invitation de mon ami le militant Mustapha Barghouti, pour soutenir le combat des ONG Palestiniennes, je risque 5 ans de prison ? »
En Israël, où vit une grande communauté juive d’origine marocaine, c’est également la consternation. Le gouvernement et la presse israélienne s’inquiètent de tels projets et du ralliement «inattendu» des principaux partis siégeant à l’Assemblée à des lois qualifiées « d’antisémites ». Des responsables d’associations israéliennes ont écrit au Roi pour lui demander d’intervenir. Certes, ces lois ont peu de chance d’aboutir malgré la nette majorité des cinq partis au Parlement marocain. Car il paraît improbable qu’elles obtiennent l’aval de Commission de la Justice et des Lois, très influencée par le palais royal. En outre, rappelle le quotidien israélien Haaretz, le Maroc reste une « des nations les plus amicales envers Israël dans le monde arabe ».
La campagne contre Israël a débuté avec le voyage du roi Mohammed VI aux Etats-Unis. Le manque de succès de ce voyage n’a pas contribué à arrêter cette campagne. C’est dire que Rabat se trouve dans ses petits souliers à cause de ses violations des droits de l’homme au Sahara Occidental.
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