22 euros ! C’est la seule vraie punition infligée à Hamid Naanaa, nervi du Makhzen, auteur du tristement célèbre arrachage du drapeau algérien à Casablanca. Un message agressif de plus de la part du Maroc !
Le 1er novembre dernier, un groupe de «Jeunes royalistes», spécialisés dans les basses besognes du Makhzen, a attaqué le consulat algérien à Casablanca et un nervi, du nom de Hamid Naanaa, a pénétré, sous le regard des policiers, dans l’enceinte et arraché le drapeau algérien.
C’était un summum dans la campagne anti-algérienne lancée, très officiellement en octobre, par un discours du Roi aux parlementaires marocains.
L’acte avait révulsé les Algériens et choqué de très nombreux Marocains qui n’ignorent pas que les «Jeunesses royalistes» étaient utilisées par la police marocaine pour casser de l’opposant et notamment contre les jeunes du Mouvement du 20 février.
La justice marocaine a rendu, jeudi, son verdict contre Hamid Naanaa : deux mois de prison avec sursis et 250 dirhams d’amende pour «atteinte à la propriété privée». 22 misérables euros et la liberté !
La justice marocaine, dont l’indépendance est très peu avérée et dont la main est lourde pour des petites peccadilles, n’a pas condamné Naanaa.
Elle a, au contraire, récompensé le nervi qui prétend avoir accompli un acte patriotique pour défendre «l’intégrité territoriale du Maroc». C’est bien cela le message envoyé par la justice marocaine et cela entre dans la logique d’escalade en cours ces derniers mois.
PROVOCATION
A Alger, le message de la justice a été perçu comme une provocation d’autant plus insupportable qu’il concerne un acte touchant à l’emblème national. Amar Belani, porte-parole des Affaires étrangères, a parlé d’un verdict d’un «laxisme outrageusement scandaleux» qui confirme de la «manière la plus éclatante que la thèse de l’acte isolé relève tout simplement de la mystification».
Le porteparole des Affaires étrangères rappelle que le statut des représentations diplomatiques et consulaires est régi par des conventions internationales qui «les met sur un plan totalement différencié par rapport à la référence incongrue “de l’atteinte à une propriété privée” sur laquelle se fonde un réquisitoire des plus absurdes ».
M. Belani reste dans les limites du discours diplomatique mais le message – car il y en a un- de la justice marocaine est très clairement politique. Il s’inscrit dans la poursuite d’une démarche d’escalade médiatique qui prend une tournure caricaturale dans les propos des responsables marocains et dans les dépêches de l’agence MAP.
RETOUR EN ARRIÈRE
Ainsi, après avoir accepté le principe d’une déconnexion du dossier du Sahara Occidental avec les relations bilatérales et le processus maghrébin, le SG des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, «somme» pratiquement l’Algérie de changer de position sur la question du Sahara Occidental.
C’est un véritable retour en arrière qui efface les très petits progrès réalisés ces dernières années. L’idée d’une déconnexion est une démarche très réaliste fondée sur l’idée qu’il est vain d’attendre un changement de position sur la question du Sahara et qu’il faut donc accepter de la laisser du ressort de l’Onu.
Côté MAP, on découvre un obscur chercheur argentin qui aurait découvert des preuves de «connivence » du Polisario avec Aqmi et les trafiquants de drogue. Une vieille accusation pour laquelle le Maroc a beaucoup dépensé mais qui n’a trouvé aucun crédit même chez ses «amis».
Et pour combler d’aise, les très mauvais propagandistes de la MAP, le «chercheur» argentin évoque des liens «obscurs» de l’Algérie avec les «organisations terroristes» opérant au Sahel. De la grosse artillerie en somme qui laisse indiquer que les responsables marocains sont toujours dans un esprit d’escalade et de surenchère.
Salem Ferdi
Le Quotidien d’Oran, 08/12/2012
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