L’augmentation du recrutement de combattants djihadistes en Europe augmente chaque jour plus à mesure que s’aggrave la crise syrienne. Le risque d’exportation du terrorisme vers les pays voisins, y compris certains du Maghreb est réel, selon les services de sécurité belges.
Estimé à une vingtaine en 2012, le nombre de combattants djihadistes belges engagés en Syrie dépasse les 200 en cette fin d’année 2013, estiment les services de sécurité et du renseignement belges. Au total, les services belges comptent à près de 5.000 le nombre total de combattants djihadistes de nationalités européennes, provenant de pays de l’espace Schengen (26 pays européens) opérant actuellement en Syrie. Déjà 20 djihadistes belges ont été tués dans les combats dans les différentes villes syriennes.
Cette augmentation des volontaires djihadistes européens risque, selon la sécurité belge, de s’aggraver dans les mois à venir. Pire, des preuves récoltées sur place font état d’une tendance à l’exportation des actes terroristes dans les pays voisins et jusqu’à certains pays du Maghreb. Ainsi, certains combattants ont commis des attentats en Irak et sont impliqués dans d’autres au Liban. Par ailleurs, les enquêtes belges ont des raisons de croire que cette filière djihadiste en Syrie planifie des actions en Turquie, au Maroc et en Tunisie.
Tout indique une aggravation du phénomène terroriste dans les pays voisins de la Syrie et les responsables belges tirent la sonnette d’alarme pour une concertation européenne et au-delà, avec les pays maghrébins pour contrer les filières de formation et de recrutement des djihadistes. Il est vrai que les Européens, tels les Belges ont initié certaines actions comme la surveillance de certaines associations d’obédience islamiste qui font dans l’action humanitaire et le bénévolat en Belgique, dont certaines ont un discours religieux et idéologique radical similaire à celui des djihadistes. L’exemple de l’association «Shari’a for Belgium» est édifiant à ce sujet. Cette association a tout bonnement annoncé sur les écrans des télés belges sa volonté d’instaurer la Shari’a islamique (loi islamique) dans le pays. Des poursuites judiciaires ont été engagées contre cette association sans que cela l’empêche de continuer sa propagande moyenâgeuse.
Les Européens sont pris entre le respect de la liberté d’expression revendiquée par les associations islamistes d’obédience rigoriste et la nécessité de contrer la propagande qui fait le lit des djihadistes. C’est un débat sans fin, d’autant plus qu’une majorité des volontaires pour le djihad sont d’origine maghrébine ou arabe, Marocains, Tunisiens, Tchétchènes notamment. Du coup, tout l’arrière champ politique européen revoit ses politiques d’intégration, de conditions de naturalisation, voire même de conditions de délivrance de visas touristiques aux jeunes provenant des pays arabes et maghrébins. Ce qui inquiète les politiques, services de sécurité et observateurs de la scène internationale c’est l’envergure que prend le phénomène des filières de recrutement des terroristes en Europe, particulièrement depuis la crise syrienne.
En outre, cet état de fait est du «pain bénit» pour les partis politiques d’extrême-droite en Europe qui amalgament et stigmatisent l’islam d’une manière générale et accusent les populations immigrées d’origine sud-méditerranéenne d’être derrière tous les fléaux déviants de la société, jusqu’à être la cause de la crise multiforme que vit l’Europe. Ce n’est pas bon signe à l’approche des élections législatives européennes de mai prochain.
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