Par Mohamed Abdoun
Le moins que l’on puisse dire est que le royaume chérifien garde en ligne de mire notre pays, au point où il ne rate absolument aucune occasion pour tenter de lui porter des estocades et lui nuire sur les plans médiatique, diplomatique, politique et autres. Après le déferlement de quantités phénoménales de drogues vers l’Algérie, et cette campagne cousue de fils blancs sur de prétendus refoulement de réfugiés syriens vers nos voisins marocains (car, c’est bien entendu l’inverse qui est vrai), voilà que Mohamed VI, en personne, s’est permis de recevoir les deux principaux leaders du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad).
Il s’agit de Bilal Ag Sharif, secrétaire général du Mouvement et de son porte-parole, Moussa Ag Taher. Le Palais royal s’est même fendu d’un long communiqué sanctionnant cette rencontre, également «immortalisée» par des photos montrant le «commandeur des Croyants», tout sourire, en train de serrer la main d’Ag Sharif.
Loin d’être anodin, un pareil évènement représente une dangereuse manœuvre entreprise par le Maroc en vue de semer de nouveau le trouble au sein de toute la vaste bande sahélo-saharienne, mais aussi pour tenter une perfide attaque contre les flancs de l’Algérie, à savoir sa frontière sud avec le Mali. Que l’on en juge. Comme il n’y jamais de hasard en politique, et encore moins en géostratégie, cette audience a très curieusement coïncidé avec la visite à Alger du président malien IBK et l’annonce qui avait été faite à cette occasion, à savoir que des groupes armés avaient sollicité Alger afin de permettre la tenue d’un dialogue inclusif intermalien.
Puissance régionale incontournable dans la région, c’est notre pays qui a, par deux fois dans le passé, aidé le Mali à en finir avec ses guerres civiles à répétition. C’est donc, une fois de plus, l’Algérie qui a toutes les chances de désamorcer la bombe à retardement semée dans ce pays par plusieurs lobbies, pays et groupes de pression. Il s’agit, par exemple, de la France, avec son intervention intempestive dans ce pays, et dont les conséquences risquent de continuer à se faire sentir durant plusieurs années encore. Il s’agit aussi de tous ces grands bandits de grands chemins qui contrôlent, entre autres, les trafics de la drogue et des armes, et qui ne se sont jamais mieux portés depuis l’élimination de Kadhafi, là encore très largement favorisée par la France. Il s’agit également du rôle sulfureux joué dans le septentrion malien par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Ce groupe terroriste, que l’on dit créé et contrôlé par les services secrets marocains (ce qui explique que ses seuls actes criminels se sont contentés de viser l’Algérie et le Front Polisario), est dirigé par un ancien prisonnier malien, le mauritanien Ould Kheiro, dont la libération, obtenue par la France (encore et toujours elle !) auprès de l’ancien président malien, Amadou Toumani Touré (ATT), avait même poussé l’Algérie à l’époque à rappeler son ambassadeur à Bamako pour consultation.
Aujourd’hui, la perche que tend le Maroc à un mouvement indépendantiste ne cherche pas seulement à faire avorter l’initiative de paix et de réconciliation algérienne. Les éléments armés du MNLA, en effet, revendiquent un territoire situé à cheval sur le Mali, le Niger, la Mauritanie et… l’Algérie. Il est quand même possible de se consoler et de se rassurer en se disant que le Maroc ne pèse vraiment pas lourd sur l’échiquier géostratégique local, et qu’il ne pourra donc pas mener à terme son complot, tout simplement cousu de fils blancs. Par contre, si la France venait à s’en mêler, ou si elle se trouvait, depuis le début, derrière cette manœuvre, il y aurait bel et bien motif à inquiétude.
Et, comme par hasard, c’est ce moment précis que choisit le «patron» du premier parti du pays qui se met à gesticuler et à pousser deS criaillements de goret qu’on égorge afin de tenter de porter atteinte à l’une des institutions grâce à laquelle l’Algérie a su rester debout, déjouer les complots de tous ses ennemis, tant intérieurs qu’extérieurs, et préserver cette démocratie qui, aujourd’hui, permet notamment à n’importe qui de dire n’importe quoi…
M. A.