L´agence espagnole Efe croit savoir que le Maroc n’est pas très chaud pour recevoir le représentant spécial du secrétaire général de l´Onu, Christoher Ross, lors de son prochain séjour au Maghreb.
La déclaration par laquelle le ministre des Affaires étrangères a demandé « le détail et des clarifications » des objectifs de cette mission confirme cette information. Rabat a exigé du SG de l´Onu une note écrite et non pas des explications verbales. Une manière claire de montrer son opposition à la énième mission de Ross au Maghreb où sa tâche a toujours été compliquée par l´attitude de refus des dirigeants marocains lors de chaque escale à Rabat.
Cette attitude contraire à la légalité internationale, comme vient de le rappeler le président Mohamed Abdelaziz, ne surprend personne à New York car le royaume chérifien n´a, en fait, jamais fait mystère de son hostilité aux efforts déployés par le représentant de Ban Ki-moon, pourtant unanimement salués par la communauté internationale. Le Maroc continue de dresser des obstacles à la médiation onusienne pour faire l´impasse sur le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination, principe auquel Christopher Ross a exprimé son attachement depuis qu´il est à ce poste en janvier 2010, tout en ne faisant pas du « plan d´autonomie » marocain la seule base de travail comme le Maroc voulait l´imposer dans ses discussions informelles avec le Front Polisario.
C´est pour relancer, dans le respect de la légalité internationale, un dialogue formel entre les deux parties impliquées dans le conflit du Sahara occidental, le Maroc et le Front Polisario, que le diplomate américain prépare actuellement une nouvelle tournée dans le Maghreb. Celle-ci le conduira, comme les précédentes, à Rabat, Nouakchott, Alger, Tindouf et, vraisemblablement, aussi dans les territoires occupés du Sahara occidental. C´est vraisemblablement aussi cette dernière escale qui pose problème pour les autorités marocaines qui voient d´un mauvais œil les contacts initiés depuis deux ans par le représentant onusien avec les indépendantistes sahraouis.
La police marocaine est déjà sur le qui-vive depuis l´année de cette nouvelle tournée maghrébine. Des dispositifs de sécurité renforcés ont été déployés à Al Ayoune, à Smara et à Dakhla occupées pour prévenir les manifestations populaires comme à chaque annonce de l´arrivée de Ross ou d´une délégation européenne.
Le refus de Rabat de recevoir le diplomate américain est une attitude qui s´inscrit dans la logique d´impasse appliquée par Rabat dans les territoires sahraouis qu´il occupe depuis bientôt 40 ans. Toutes les délégations étrangères qui sont allées s´informer sur place de la situation des droits de l´Homme dans l´ancienne colonie espagnole ont été soit refoulées, soit déclarées persona non grata. La semaine dernière, deux délégations d´élus espagnols ont été forcées de reprendre le même avion qui les avait conduits à Al Ayoune occupée.
N. A.
HORIZONS, 13/09/2014