Info-soir : Dossier sur le Sahara Occidental

par Farid Houali
Refugiés sahraouis de Tindouf : A quand le lever du jour ?
Depuis le retrait des troupes espagnoles, et le début de l’invasion marocaine en 1975, les exactions sous toutes leurs formes n’ont pas cessé de s’abattre sur les populations sahraouies, toutes franges confondues.
L’occupation illégale et brutale par le Maroc du territoire du Sahara occidental, a pris la forme de crimes contre l’humanité, allant jusqu’à la tentative d’extermination. Les personnes ayant vécu cette période douloureuse, peuvent fournir assurément des témoignages accablants sur cette époque sinistre. Face à un Maroc faisant fi de la législation internationale et soutenu dans sa politique expansionniste par la France, ce référendum tarde à venir et les Sahraouis continuent à payer le prix fort de l’occupation marocaine.
Eternels exilés
Virée ■ Dimanche 24 août 2014. Il est 14h. Dans les camps des réfugiés sahraouis de Aousserd. Aucun magasin n’est ouvert.
A une heure pareille, rares sont ceux qui osent un déplacement hors de la maison (faite de parpaings et d’argile) y compris la tente où le climatiseur, quand il est disponible, carbure à plein régime. Les ruelles sont complètement désertes. Le mercure avoisine les 50°. «Allez, vous mettre à l’abri. Vous risquez un coup de soleil qui pourrait vous être fatal», nous a conseillé un passant qui s’est avéré par la suite être un chauffeur de taxi qui assure la liaison Aousserd-Tindouf, ville distante de 25 Kilomètres. «Notre seule et unique échappatoire en pareille période, ce sont les cafés maures du chef-lieu de la wilaya de Tindouf», a-t-il ajouté. Dans les camps, la vie n’est pas du tout facile ni en hiver ni en été. Elle est gérée en fonction de ce qu’elle offre au quotidien, et «cela dure depuis près de 40 ans», tient-on souvent à le rappeler. «Que voulez-vous qu’on fasse d’autre qu’attendre des jours meilleurs ? Notre vie est rythmée par le combat continuel sur tous les fronts et surtout par l’espoir de retrouver la terre de nos aïeux confisquée par l’égoïsme marocain», n’a cessé de répéter Sid-Ahmed, notre hôte, le temps de la clôture des travaux du 2e congrès de l’Union des étudiants sahraouis tenu à Aousserd en août dernier.  Agé d’une trentaine d’années, ce jeune sahraoui expose les rudes conditions de vie de ces milliers de refugiés sahraouis «exilés» en Algérie malgré eux. «Le calvaire est d’autant plus pénible à l’arrivée des grandes chaleurs où l’on suffoque littéralement obligeant ceux qui peuvent le faire à aller passer leur été ailleurs. Les enfants sont plus chanceux car une bonne partie d’entre eux séjourne en Espagne grâce à des associations humanitaires. Or, depuis la crise, le nombre de ceux qui en bénéficient s’est considérablement réduit ces dernières années» a-t-il déploré. «Pour la plupart des cas, c’est la solidarité entre nous, refugiés, qui allège nos maux», a soutenu pour sa part Ali, le cousin et beau frère, dans un profond soupir. Mais si les refugiés sahraouis ont su défier avec le temps ces conditions dans le plateau des Hamada, c’est le mois de carême qui coïncide ces dernières années avec la période des grandes chaleurs qui est le plus redouté. «C’est le mois de tous les sacrifices», nous dit Ali. «De ce côté de la Terre, les journées sont trop longues au point où elles nous paraissent interminables. Nous nous sentons martyrisés par le fait de voir l’aiguille de la montre tourner au ralenti». 
Afin de faire face à de telles conditions, à chaque problème, sa solution. «Nous sommes drapés dans des couvertures mouillées à longueur de la journée».
La détermination de l’ALPS
L’état-major de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) a réitéré la disposition des unités de l’ALPS à se défendre contre toute menace terroriste, conformément aux engagements de l’Etat sahraoui en sa qualité de membre à part entière de l’UA, selon un communiqué sanctionnant les travaux d’une réunion de l’état-major sahraoui, tenue sous la présidence du chef de l’Etat, commandant suprême des forces armées, Mohamed Abdelaziz.
L’état-major sahraoui a condamné la «politique agressive» menée par l’occupant marocain à travers «l’inondation de la région par le phénomène de la drogue et l’encouragement du crime organisé et des groupes terroristes», a ajouté le communiqué. Il a également lancé un appel en direction de la communauté internationale afin d’intervenir «immédiatement» pour assurer la protection nécessaire des Sahraouis, lever l’état de siège imposé aux territoires occupés du Sahara occidental, arrêter le pillage des ressources naturelles sahraouies et la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis qui croupissent encore dans les prisons marocaines. Par ailleurs, l’état-major sahraoui a rappelé à l’Organisation des Nations unies sa responsabilité dans la décolonisation du Sahara occidental à travers un référendum libre, régulier et impartial afin de permettre au peuple sahraoui de décider de son avenir.
Héroïsme
Les participants à la conférence internationale de solidarité avec les étudiants sahraouis ont affirmé à Aousserd (camps des réfugiés sahraouis), que «l’occupant marocain a échoué dans son projet de répression du mouvement estudiantin sahraoui qui porte le flambeau de la libération».
«L’occupant marocain n’a pas réussi à maîtriser le système éducatif sahraoui qui reste attaché à son identité nationale et marqué par sa fervente défense du droit du peuple sahraoui à la liberté», a indiqué le représentant de la délégation sahraouie des territoires occupés, Mohamed Hali, lors de cette conférence organisée en marge de la 2e conférence de l’Union des étudiants de Seguia el-Hamra et Rio de Oro. Il a rappelé également les souffrances de l’étudiant sahraoui privé de ses «droits fondamentaux comme le logement, la nourriture et le transport» ainsi que de la possibilité de s’inscrire dans les instituts et universités pour une formation en aviation, médecine ou ingénierie malgré le haut niveau scientifique de ces derniers». Il a évoqué en outre, «les moyens de surveillance et de filature pratiqués par l’occupant à l’intérieur des universités devenues de véritables casernes militaires», citant à ce propos les interventions «des forces d’occupation marocaines qui ont fait plusieurs morts parmi les étudiants et donné lieu à l’arrestation de plusieurs autres». Malgré cette réalité tragique, «l’étudiant sahraoui continue de porter le flambeau de la libération donnant, chaque jour, des exemples de militantisme et d’héroïsme face à l’occupation à l’intérieur et à l’extérieur de ses universités». A la fin de cette rencontre, les unions estudiantines de plusieurs pays ont exprimé leur «indignation à l’égard des violations flagrantes des droits des étudiants sahraouis et à travers eux, le peuple sahraoui qui appelle à une intervention rapide de la communauté internationale pour mettre fin à ses souffrances à travers la décolonisation du Sahara occidental».
La mission de la Minurso
Rappel ■ En 1991, un cessez-le-feu avait été signé sous l’égide des Nations unies, entre le Maroc et le Front Polisario après une guerre dévastatrice ayant fait des milliers de morts, et de détenus. 
Le coordinateur sahraoui avec la Minurso, M’hamed Khadad, que nous avons rencontré en marge des travaux du 2e congrès de l’Union des étudiants de Seguia el-Hamra et Rio de Oro a confirmé que la responsabilité de l’Organisation des Nations unies réside toujours «en l’organisation d’un référendum devant permettre au peuple sahraoui de s’exprimer librement sous les auspices de l’ONU sur son avenir». «L’intransigeance du régime marocain et ses tentatives d’imposer des solutions coloniales périmées, reflète sa crainte des résultats de ce référendum et sa conviction de l’attachement du peuple sahraoui et son unité autour de ses doits légitimes à l’autodétermination et à l’indépendance», a rappelé le responsable sahraoui, membre du secrétariat national du Polisario. Une mission onusienne, la Minurso comme son nom l’indique, avait pour mission l’organisation d’un referendum d’autodétermination début 1992. 22 ans après ce n’est toujours pas le cas. Le Maroc continue de faire fi de la législation internationale allant de l’avant dans sa politique colonialiste faisant régner la terreur dans les territoires occupés du Sahara occidental. Pourtant le droit international est très clair à ce sujet : quelles que soient les allégations et manœuvres marocaines, la question sahraouie est une question de décolonisation. Selon la vision des Nations unies, la seule et unique solution est l’organisation d’un referendum d’autodétermination. «Le Maroc craint le résultat de ce référendum. Nous le défions, quel que soit le nombre de ses colons et des militaires déployés dans les territoires occupés d’organiser de référendum. Nous concernant au Polisario, nous sommes convaincus que les Sahraouis voteront sans conteste pour leur indépendance. Dans le cas contraire, chose peu plausible, si jamais les Sahraouis optent pour l’intégration, nous accepterons les résultats», a encore soutenu M’hamed Khadad qui a évoqué dans ce cadre l’élargissement de la Minurso au contrôle des droits de l’Homme, «une nécessité inéluctable, imposée par la réalité dramatique du peuple sahraoui». 
«Cependant, le Maroc bénéficie toujours du soutien d’un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU qu’est la France qui use à chaque fois de son droit de véto afin de bloquer toute résolution permettant l’élargissement des prérogatives de la Minurso à la surveillance de droits de l’Homme», a-t-il déploré.  D’ailleurs pour le coordinateur sahraoui avec la Minurso, il y a deux pays qui ne sont pas membres du Conseil de sécurité mais qui le sont par contre par le biais de deux autres pays : Israël à travers les USA et le Maroc à travers la France.
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