Ross, Mezouar et Bouaida. Derrière les souris, les coups tordus |
Les alliés traditionnels du Maroc sont, pour le moins, dans une grande gêne par rapport aux positions indéfendables que ce pays s’obstine à garder face au processus de décolonisation du Sahara Occidental. Pour la France, c’est même un sentiment d’agacement qui ressort d’une rencontre récente entre les autorités marocaines et un diplomate français porteur d’un message de Paris, au sujet des consultations en cours entre le Maroc et les Nations unies sur la question du Sahara Occidental.
La France n’a aucune information sur ces consultations entre le Maroc et les Nations unies, ni sur la prise de fonction de Mme Kim Bolduc, qui a été nommée Représentante spéciale du secrétaire général pour le Sahara Occidental. De ce fait, la France ignore la position du Maroc à la veille du briefing de Christopher Ross, envoyé personnel de Ban Ki-moon, devant le Conseil de sécurité, prévu le 27 octobre 2014. Elle souhaite qu’une solution soit trouvée à cette situation.
Au cours de cette rencontre avec le diplomate français, les autorités marocaines n’ont pas ménagé Christopher Ross, accusé d’avoir brisé la confiance entre le Maroc et les Nations unies, évoquant «les manœuvres et le double langage de Ross». Mais c’est le Maroc qui n’a pas confiance en Mme Buldoc. Il veut des clarifications et des garanties sur son mandat. Et avec tout cela, le Maroc exige que la France soit à ses côtés le 27 octobre au Conseil de sécurité. Des fuites de la visite de travail effectuée par le sous-secrétaire adjoint pour les Affaires du Proche-Orient au département d’Etat, John Desrocher, au Maroc, le 21 octobre dernier, indiquent que les Etats-Unis également ont des reproches à faire au Maroc et le premier de ces reproches est de vouloir geler le processus onusien au Sahara Occidental. John Desrocher a déclaré aux officiels marocains que «la dynamique doit se poursuivre» et qu’il fallait «éviter de geler le processus».
Tout comme le diplomate français, le responsable américain a affirmé «ne pas comprendre le refus permanent du Maroc d’accueillir Mme Bolduck et de continuer à surseoir à la visite de M. Christopher Ross, alors que ce dernier a apporté toutes les précisions aux questions qui lui ont été soulevées». Enfin, un document confidentiel rapporte le compte-rendu fait par l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, de sa rencontre avec l’envoyé personnel de l’ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. Un entretien jugé par le diplomate marocain comme «tendu». Les autorités marocaines ont la corde au cou. On voit comment le Maroc cherche désespérément à empêcher que la Minurso se charge de la surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental et aux camps des réfugiés sahraouis.
L’autre point qui agace le Maroc est le fait que le secrétaire général de l’ONU ait rappelé, dans un de ses derniers rapports, que le Sahara Occidental est un territoire non autonome. Cela rappelle aux Marocains qu’aucun pays ne leur reconnaît un titre de propriété sur ce territoire riche en ressources naturelles. Et, enfin, le compte-rendu reflète les craintes de Rabat sur un éventuel passage du Chapitre VI au Chapitre VII dans le traitement de la question du Sahara Occidental, ce qui briserait à jamais le statu quo dont s’accommodait le Maroc afin de poursuivre la répression et la spoliation des richesses sahraouies.
Houari Achouri
(Suivra)
ALGERIEPATRIOTIQUE, 25/10/2014
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