Grand désarroi à Rabat : l’heure de vérité a sonné

Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, Kim Bolduc,

L’heure de vérité a sonné pour le Maroc et le statu quo diplomatique qu’il entretenait, grâce à la bienveillance, pour ne pas dire la complicité, de la France au Conseil de sécurité pour prolonger son occupation coloniale du Sahara occidental, n’est plus de mise. 

Les révélations sur avatars de la diplomatie marocaine et sur les méthodes honteuses des services de renseignement marocains qui ne connaissent que le langage de la corruption de journalistes, de politiques, de diplomates pour s’en prendre à l’Algérie, accusée de tous les maux qui frappent un royaume malade de sa monarchie et de sa fuite en avant démontrent, on ne peut mieux, le grand désarroi d’un pays construit sur le mensonge et le faux semblant. 

Il est vrai que c’est devenu pour Rabat un réflexe quasi pavlovien de ressouder les pauvres Marocains autour du Trône, en pratiquant son sport favori : casser de l’Algérie. La dernière campagne virulente, ponctuée par une accusation infondée de prétendus tirs par l’Armée algérienne contre des Marocains, à la frontière, en est la parfaite illustration.

C’est comme cela, à l’approche de l’examen de la Question sahraouie au Conseil de sécurité, et du débat inévitable sur l’allongement du mandat la Minurso aux droits de l’Homme, Rabat joue la vierge effarouchée. Cette fois, le Royaume perd son sang-froid suite à la nomination de Mme Kim Bolduc (Canada), comme nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général, et chef de la Minurso qui succèdera à l’Allemand, Wolfgang Weisbrod-Weber, dont le mandat s’est achevé, le 31 juillet dernier. Une diplomate que le Makhzen ne connaît pas, et dont il soupçonne une volonté de faire correctement son travail à El-Ayoun occupée. Rabat tente, en vain, d’obtenir des «classifications», mais surtout des «garanties» que son mandat ne nuirait pas à son agenda diplomatique, consistant à bloquer toute issue des négociations de paix au Sahara occidental. Pour l’heure, Rabat s’entête à ne pas vouloir l’accueillir au même titre que Ross, qui souhaite effectuer une nouvelle tournée dans la région. Et la veille du briefing de Christopher Ross, Envoyé personnel de Ban Ki-moon, devant le Conseil de sécurité, Rabat s’affaire et s’agite auprès de la France et des États-Unis pour gêner la feuille de route de Ross, accusé par Rabat de «double langage».

Le Makhzen souhaite, ainsi, que la France et les États-Unis lui apportent leur soutien, lors de la réunion de lundi prochain. Rien n’est acquis pour autant, puisque des fuites médiatiques rapportent que le sous-secrétaire adjoint pour les Affaires du Proche-Orient au département d’État, John Desrocher, a déclaré à Rabat, lors de sa visite la semaine dernière, que «la dynamique doit se poursuivre» et qu’il fallait «éviter de geler le processus».

Autrement dit, Ross et sa nouvelle collaboratriceMme Bolduc ont reçu un appui de Washington. Du coup, la Monarchie voit rouge. Surtout que John Desrocher aurait déclaré aux officiels marocains ne pas comprendre «le refus permanent» du Maroc d’accueillir Mme Bolduck et de continuer à surseoir à la visite de Christopher Ross. Il est évident que le Royaume, qui est habitué à choisir presque les diplomates onusiens qui s’occupent du dossier sahraoui, est mis hors jeu. Le fait est que Christopher Ross est définitivement acquis à l’idée que le Sahara occidental est un «territoire non autonome», conformément au Droit international et aux Résolutions des Nations unies

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Et c’est le sacro-saint principe de la prétendue «marocanité» du Sahara occidental qui tombe à l’eau à l’Onu. Une perspective très dangereuse pour Rabat qui a longtemps berné le monde, en s’achetant des soutiens occidentaux, grâce au chéquier de sa majesté. Le temps de la realpolitik est peut-être arrivé. La menace terroriste dans le Sahel et la Libye dicte aux puissants du monde la nécessité de changer leur fusil d’épaule, dans ce conflit qui traîne depuis plus de 30 ans.

Et surtout de faire droit au peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Un droit universel et inaliénable que les Écossais viennent d’exercer et que d’autres peuples européens revendiquent, ouvertement.

M. B.

Le Courrier d’Algérie, 27/10/2014

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