Les diplomates marocains en poste aux Nations unies sont totalement désorientés et sous l’emprise d’une grande nervosité, fatigués d’attendre des instructions de leurs supérieurs, qui ne viennent pas. Ils ne savent pas quoi répondre au secrétariat de l’ONU qui ne comprend pas l’absence de réponse du Maroc à ses demandes répétées, aussi bien pour la visite de Christopher Ross dans la région que pour l’entretien avec Mme Kim Bolduc qui a été nommée récemment Représentant spécial du secrétaire général et chef de la Minurso.
Leurs ennuis ne s’arrêtent pas là. Selon un courrier confidentiel du Makhzen, les diplomates marocains en poste aux Nations unies ont fait part à leur hiérarchie des «inquiétudes» des Etats-Unis, exprimées au téléphone, par l’ambassadrice Rosemary Dicarlo, représentant permanent adjoint des Etats-Unis à New York, en charge de la question nationale, à propos de la limitation par les autorités marocaines du mouvement du personnel des Nations unies et de la Minurso au Sahara occupé ainsi que des entraves au processus politique liées au refus du Maroc d’organiser la visite que Christopher Ross a programmée, en plus des réticences des autorités marocaines à l’endroit de Mme Kim Bulduc. Les Américains demandent aux autorités marocaines d’accorder, rapidement, leur plein soutien à Mme Kim Bulduc.
Autres exigences américaines : arrêter d’interdire les ONG au Sahara Occidental, cesser les poursuites judiciaires des civils par le tribunal militaire et ne pas s’opposer aux visites régulières ou aux programmes de visites des experts du Haut-commissariat pour les droits de l’Homme au Sahara Occidental. La diplomatie marocaine est d’autant plus tourmentée qu’elle considère l’année onusienne avril 2014-avril 2015 comme «une étape charnière dans la gestion du dossier du Sahara (…) par les Nations unies».
Les raisons d’inquiétude du Makhzen ? Ce sont ses diplomates qui les citent : le rapport du secrétaire général des Nations unies du 10 avril 2014 et la mobilisation de l’Union africaine (UA) qui a désigné, on le sait, Joaquim Chissano en tant qu’envoyé spécial. C’est sur la défensive que le Maroc aborde cette nouvelle phase du processus qu’il tente de bloquer pour empêcher qu’il aboutisse à sa conclusion logique : l’indépendance du Sahara Occidental. Une stratégie défensive sur toute la ligne, avec en perspective, la réunion du Conseil de sécurité ; défensive à l’égard de Christopher Ross, de la Minurso, de Mme Kim Bulduc, de l’Union africaine…
C’est l’éternel recommencement d’une démarche qui a échoué parce qu’elle se heurte à la revendication parfaitement légitime du peuple sahraoui qui est l’indépendance du Sahara Occidental, à travers l’exercice de son droit à l’autodétermination. Il ne servira à rien au Maroc de surveiller «tout le monde» et d’essayer d’acheter journalistes et hommes politiques pour défendre une cause indéfendable. Le mieux est d’aller vers la négociation avec le Polisario pour organiser au plus tôt le référendum d’autodétermination.
Houari Achouri
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