L’assassin de Thomas Sankara est parti. Au diable! |
par Yazid Alilat
En Afrique, la fin des dictatures est un éternel recommencement. Le cas burkinabé est un exemple à ne pas généraliser à un continent où les guerres de leadership ont fait que les grandes puissances économiques et militaires ont délimité leurs propres territoires, des chasses gardées en quelque sorte. La chute du régime de Blaise Compaoré au Burkina Faso est en soi la fin d’un cycle, d’un règne que des dictateurs et des potentats locaux croyaient illimité.
Ce qui se passe actuellement à Ouagadougou aurait très bien pu se passer à Brazzaville, à Kinshasa ou à Harare, des pays gouvernés par des potentats qui ne veulent plus partir par la grande porte. Pour autant, l’Afrique est vaste et dans le nord du continent la Tunisie a donné l’image parfaite que tout est possible, que le désespoir de voir surgir de ce continent des élites politiques qui puissent prendre démocratiquement les destinées de leurs pays n’a pas lieu d’être. L’exemple tunisien, du moins la bonne tenue des élections législatives et l’acceptation des résultats du scrutin par les islamistes, soulagés d’ailleurs de n’être pas sortis vainqueurs pour ne pas avoir à gérer une difficile transition sociale et économique, démontre en réalité qu’il ne faut pas désespérer de l’Afrique. Certes, les changements politiques dans ce continent ont toujours pris des tournures violentes, de ruptures radicales, mais, au moins, il y a cet espoir que cela n’est pas immuable. Que le changement politique n’est pas un rêve, ni une aventure.
Le cas burkinabé, avec un président chassé par la rue après 27 ans de règne, est un poignant avertissement à tous les dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir et, mieux, qui sont tentés de triturer leurs Constitutions pour les tailler à leur mesure, à la mesure de leurs fantasmes politiques. Cette maladie des dirigeants africains de se maintenir en place contre l’avis de leurs peuples, souvent en les écrasant par des campagnes de répression, sinon en les plongeant dans une dramatique misère sociale où le niveau de vie est juste équivalent à une survie. La rue burkinabé a dit «cela suffit» ! Le cri de colère burkinabé est-il ou sera-t-il entendu dans d’autres capitales africaines où des présidents à vie ont ruiné les chances de développement de leurs peuples?
Les questions sont nombreuses pour expliquer que des pays soient un terrain de jeux politiques et de guerres économiques que se livrent les anciennes puissances coloniales à travers des régimes inféodés, qu’ils soient de l’Afrique de l’Est ou de l’Ouest. La guerre des matières premières, des minerais dont l’uranium et des produits agricoles qui font la prospérité des acteurs des marchés financiers internationaux n’a d’égale que l’extrême pauvreté dans laquelle sont plongés les peuples d’Afrique. Avec la complicité des dirigeants en place. C’est pour ces raisons et d’autres que les dictateurs se maintiennent encore en place en Afrique et sont même soutenus. Et c’est encore pour ces raisons que la Tunisie, chasse gardée d’une puissance industrielle, l’a échappé belle! Le drame dans tout cela est que seuls les dirigeants africains, imbus et repus de pouvoir, quittent le pouvoir sur un brancard ou en prenant leurs jambes à leur cou. Compaoré, tout puissant qu’il était, n’a pas échappé à la règle. C’est l’Afrique !
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