Les Sahraouis exhortent la Commission européenne de «cesser l’octroi de permis pour les navires de l’UE qui pêchent dans les eaux au large du Sahara Occidental». D. R.
Les chiffres recueillis auprès de sources sahraouies apportent la preuve, s’il le fallait, que le Maroc poursuit, au mépris du droit international et avec la complicité de certaines sociétés étrangères, la spoliation des richesses naturelles du Sahara Occidental dans les domaines de la pêche, de l’agriculture, des phosphates et de l’exploration pétrolière. Le pillage systématique des ressources halieutiques du Sahara Occidental par le Maroc a permis à ce pays de se placer parmi les plus gros producteurs de poissons dans le monde. Un accord passé avec l’Union européenne finance l’occupant marocain pour pêcher au Sahara Occidental, alors que le peuple sahraoui, le propriétaire de cette ressource, souffre de malnutrition. Selon les mêmes sources sahraouies, sur les 40 millions d’euros annuels de cet accord, rien ne bénéficie à la population sahraouie. L’UE affirme, d’ailleurs, ne pas savoir comment le Maroc utilise ces 40 millions. Pis, le Maroc a profité de cette activité illégale, au regard du droit international, pour implanter ses ressortissants dans ce territoire qu’il occupe militairement et y provoquer des changements démographiques. Les Sahraouis exhortent la Commission européenne de «cesser l’octroi de permis pour les navires de l’UE qui pêchent dans les eaux au large du Sahara Occidental jusqu’à ce qu’une solution pacifique soit trouvée au conflit». Dans le domaine pétrolier, le Maroc procède à l’exploration offshore et onshore au Sahara Occidental bien que l’ONU ait qualifié cette activité aussi d’illégale. L’occupant dispose aujourd’hui de 4 blocs pour l’exploration pétrolière au Sahara Occidental. Autre secteur stratégique du fait de son rapport avec la sécurité alimentaire du peuple sahraoui : l’agriculture qui représente une surface arable d’un million d’hectares. Des milliers de colons marocains sont occupés dans le secteur des fruits et légumes, notamment dans la partie sud du Sahara Occidental, alors que la population sahraouie est exclue des profits engrangés par cette activité dont la production est exportée. L’industrie de la tomate dans la région de Dakhla, où se trouvent de grandes zones irriguées, emploie principalement des Marocains. Pour l’irrigation, l’eau est tirée d’une importante nappe souterraine fossile non renouvelable. Le secteur des phosphates est également soumis à un pillage colonial en règle à travers l’exploitation de la mine de Bou Craa, qui, avec environ 3 millions de tonnes annuellement, fournit 10% de la production totale du Maroc et lui permet de drainer d’énormes profits financiers, en violation du droit international comme le rappellent régulièrement les résolutions de l’ONU à ce sujet. Indépendant, le Sahara Occidental aurait été le deuxième exportateur mondial de phosphates. Là aussi, le déplacement de Marocains vers la mine de Bou Craa entraîne l’implantation d’une population qui modifie les données démographiques. Selon les sources sahraouies, «en 1968, 1 600 Sahraouis étaient employés dans l’industrie de phosphates. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux ont été remplacés par des Marocains qui se sont installés dans le territoire». Cette industrie emploie seulement 200 Sahraouis sur 1 900 travailleurs. Les sources sahraouies indiquent que plusieurs compagnies, dont le géant norvégien Yara et la société américaine Mosaic ont cessé d’importer les phosphates du Sahara Occidental et des navires spécialisés dans le transport de phosphates ont renoncé à leurs activités dans ce pays occupé après avoir eu connaissance des aspects éthiques et juridiques de ce commerce. Toutes ces richesses appartiennent au peuple du Sahara Occidental. En procédant à leur pillage, le Maroc confirme son comportement d’occupant dans le dernier pays africain à subir encore le joug colonial, car, faut-il le rappeler, le Sahara Occidental est considéré par les Nations unies comme une question coloniale non résolue et de nombreuses résolutions de l’ONU ont appelé à permettre au peuple du Sahara Occidental d’exercer son droit à l’autodétermination, y compris sur les ressources de ce territoire. L’ancien secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Hans Corell, a eu à établir que les activités sur les ressources naturelles au Sahara Occidental sont illégales si elles sont «entreprises au mépris des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara Occidental». Ce qui est le cas pour le pillage pratiqué par le Maroc, dans les domaines de la pêche, des phosphates et autres.
Houari Achouri
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