Maroc, la diplomatie de la corruption tous azimuts

par Salah El Ayoubi
Si les câbles twittés par chris_coleman24 ont eu un mérite, c’est d’avoir montré le véritable visage de la diplomatie marocaine. Même si certains d’entre eux se sont révélés être des faux, il n’en demeure pas moins que les autres, montrent l’ampleur des dégâts infligés aux affaires étrangères par des décennies d’infantilisation, menée par le Palais et par un système de recrutement et d’avancement qui fait appel au népotisme, plutôt qu’au mérite et où tout le monde semble trouver son compte. Le régime se rassure en nommant des fonctionnaires dociles et médiocres à des postes sensibles, dans des villes prestigieuses, moyennant l’obligation pour ces derniers d’une stricte observance des règles édictées par le palais de ne jamais prendre d’initiatives, ni se risquer à des fréquentations non autorisées, sous peine de mise à l’écart brutale. Tout le contraire des règles de la diplomatie dont on sait qu’elle se fait à coup d’initiatives personnelles et de dynamisme.
Plusieurs des documents révèlent le modus operandi de notre représentant permanent auprès des Nations Unies, Omar Hilale qui se résume en deux mots, fayotage et corruption. Ainsi lorsque l’intéressé s’apprête, par exemple, à rencontrer le 15 mai 2013,Navanethem Pillay, la haut commissaire aux droits de l’homme à l’ONU, il écrit, histoire de donner à penser que son emploi du temps est particulièrement chargé :
« Parallèlement et afin de neutraliser toute nuisance potentielle au sein du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) , j’ai même rencontré pendant une heure, le tunisien Frej Fennich ………………Voulant verrouiller totalement l’intéressé, j’ai demandé à son ami intime, de lui demander de contribuer positivement à minimiser l’impact de cette rencontre. ».
Le reste du document est à l’avenant, avec la mise « en exergue (de) l’estime que Madame Pillay éprouve pour le Maroc en général et la vision courageuse de Sa Majesté le roi, en particulier ».
Après cette tirade indigeste, semblant tout droit sorti des dépêches de la Maghreb Arab Press (MAP), on comprend l’indigence intellectuelle que cherche à se faire pardonner notre diplomatie, à coups de tagines, d’invitations et de corruption.
Le plus grave est à venir, lorsque l’ambassadeur évoque clairement la piste de la corruption pour « intéresser Madame Pillay financièrement, en raison des réductions drastiques du budget du HCDH………. », avant de confirmer que celle-ci a bien eu lieu, dans le câble daté du 1° février 2014, avec « une généreuse contribution volontaire annuelle d’un million de dollars etc……… »
Une donation qui semble justifier la stupéfiante déclaration de la Haut commissaire, à l’issue de sa visite au Maroc, en mai dernier et dans laquelle elle soulignait gênée, « que le pays avait fait de grands progrès, vers une meilleure protection des droits de l’homme…. », avant de se racheter, en reconnaissant « que beaucoup restait à faire, notamment en matière de liberté d’expression. »
D’autres documents accablent notre homme promu, depuis, représentant permanent du Maroc aux Nations unies, à New York depuis le 14 avril 2014, après avoir sévi six ans durant, avec la même médiocrité, sur la rive droite du Léman, comme représentant à la mission du Maroc auprès de l’ONU. Une promotion largement due au caractère de grand corrupteur du personnage que n’effraient nullement les sommes faramineuses que le pays injecte à puits perdu dans des causes tout aussi perdues, comme lorsqu’il recommande vivement d’inviter Bacre Waly Ndiaye, Directeur de la Division des Organes des Traités au Haut Commissariat des Droits de l’Homme, qualifié de « fervent Tijane » pour un pèlerinage à Fès, dans des lignes qui en disent long sur la politique africaine du Maroc.
Chaque câble confirme ce qu’on savait déjà, sur les pratiques indignes de l’Etat marocain, telles que l’achat des consciences, le financement des campagnes électorales de pays tiers, le népotisme, les invitations dispendieuses des thuriféraires de la dictature.
Omar Hilale qui n’a ni le pouvoir, ni le début du commencement d’une idée, pour sortir le Maroc de l’ornière du Sahara et du lourd dossier des atteintes aux droits de l’homme, n’a donc plus que la corruption comme stratégie. Il n’ignore, en effet pas, que celle-ci, en même temps qu’elle rapproche ses acteurs, en fait des complices et les détenteurs de secrets inavouables. Elle les rend, du même coup, indéboulonnables, ce qui explique pourquoi tant de corrompus continuent de graviter autour du palais, inamovibles et taiseux, face aux exactions du régime.

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