On a longtemps dit que la relation entre la France et le Maroc était plus facile, plus harmonieuse parce qu’il n’y avait pas les mêmes enjeux de mémoire. Mais il semble que ce n’est plus cas depuis l’avènement de François Hollande à l’Elysée. En effet, il n’échappe pas aux dirigeants marocains que la France poursuit sa normalisation progressive avec l’Algérie à la grande satisfaction d’Alger qui se sent désormais incontournable. Cela suscite la jalousie du Maroc, pays qui a été décrit par l’ancien ambassadeur de la France à l’ONU comme « maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre ».
Rabat, sentant la France abandonner sa vieille position de soutien inconditionnel au Maroc dans le dossier du Sahara Occidental agit en véritable maîtresse jalouse. C’est la raison derrière le coup de froid qui este venu s’abattre sur sa relation avec le Maroc et qui gèle en partie la coopération dans le domaine de la lutte anti-terroriste. Une décision marocaine qui a été dévoilée au public grâce au documents confidentiels publiés par le cyber-activiste Chris Coleman.
Evidemment, les autorités marocaines cherchent des excuses pour lancer de la poudre aux yeux de l’opinion marocaine et ainsi cacher le virement dans sa politique envers le Maghreb. Rabat n’avouera jamais qu’il a perdu le soutien de la France dans les coulisses de l’ONU dans chaque échéance du mois d’avril où le Conseil de sécurité se prononce sur le contentieux du Sahara Occidental.
Les marocains ont agité le dossier de l’impunité de leurs responsables pour créer un état de tension dans les relations avec Paris. Ils ont demandé une rencontre entre leurs ministres des affaires étrangères pour trouver l’occasion de sortir la question du soutien de la France dans le conflit sahraoui, mais Paris a tenu bon. L’approche de l’échéance d’avril a obligé les marocains à se mettre à genoux pour donner l’impression que les relations avec Paris se sont normalisées et tenter ainsi d’influencer le rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur le Sahara Occidental. Ainsi, le Maroc a accepté que les responsables onusiens chargés du Sahara Occidental, Christopher Ross et Kim Bolduc, reprennent leur travail sans aucune condition préalable.
La “visite privée” de Mohammed VI en France rentre dans ce scénario. De son château de Betz, le roi du Maroc fera bouger le lobby pro-marocain français en vue d’organiser une rencontre avec le président Hollande et ainsi donner un coup de pouce à cette prétendue normalisation des relations entre Paris et Rabat.