Sahara Occidental : comment négocier l’« inacceptable » ?

Au Sahara Occidental, le peuple lutte depuis plus de 40 ans pour obtenir son indépendance. Au terme de 16 années de guerre, un accord de cessez-le-feu avait pourtant été signé en 1991 entre les deux parties, en vue de mettre en place un référendum d’autodétermination. Mais le Maroc bloque encore sa mise en place ce qui explique que le peuple sahraoui continue toujours de lutter pour son indépendance, sous occupation et dans l’exil.
Récemment, de nombreux rapports d’organisations des Droits de l’Homme tels qu’Amnesty International et Human Right Watch ont alerté les médias et les décideurs politiques sur une intensification des violations des droits de l’Homme au Maroc ainsi que dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Ce sont des centaines de cas de torture, de discrimination et d’arrestations arbitraires qui sont répertoriés. Il est important de signaler que la MINURSO est la seule mission des Nations Unies qui n’a pas, dans son mandat, la protection des droits de l’Homme. En effet, la mission avait été déployée pour surveiller le cessez-le-feu et mettre en place le référendum d’autodétermination.
La situation s’est pourtant prolongée et les violations des droits de l’Homme à l’encontre des sahraouis sont quotidiennes et multiples. Depuis plusieurs années, des réseaux de solidarité se mobilisent en vue d’obtenir du Conseil de Sécurité des Nations Unies l’extension du mandat. Cependant, le Maroc compte sur le soutien des pays présents au sein même du Conseil afin d’empêcher l’extension de celui-ci.
Le Maroc exploite illégalement les ressources naturelles du Sahara Occidental et viole ici encore le droit international [1]. En effet, étant considéré comme territoire non autonome, le peuple sahraoui devrait, d’une part, être consulté pour décider du sort de ses ressources et, d’autre part, pouvoir bénéficier des avantages liés à l’exploitation. Ni l’un ni l’autre ne sont respectés.
Il faut savoir que l’Europe est le premier bénéficiaire de cette exploitation illégale par le biais d’accords de pêche et d’accords agricoles. Plusieurs procès sont en cours pour dénoncer ces accords illégaux et un récent arrêt de la Cour de Justice européenne a d’ailleurs annulé le 10 décembre 2015 un accord commercial portant sur les produits agricoles [2].
Les populations ont faim
La situation dans les camps de réfugiés se dégrade depuis 2008, date du début de la crise en Europe qui s’est intensifié ces trois dernières années. Les sahraouis dépendent uniquement de l’aide humanitaire venant des ONG et de la solidarité internationale. Là où auparavant les stocks alimentaires tournaient sur base d’une réserve de 3 mois, cette réserve n’est plus que d’une semaine et chaque fois incertaine.
Après 40 ans d’attente, le peuple sahraoui a perdu confiance en la communauté internationale et dans le processus référendaire proposé par les Nations Unies. Si le statut quo perdure, le peuple sahraoui ne risque-t-il pas d’avoir recours à la lutte armée pour exercer son droit à l’autodétermination ?
Au Sahara Occidental, personne ne souhaite rompre le silence des armes en reprenant la guerre. Aucun Sahraoui ne souhaite voir la vie de son frère, son père, son ami ou même la vie des citoyens marocains en danger. Cependant, aucun Sahraoui n’est disposé à perdurer plus longtemps dans ce statut de « ni guerre ni paix » [3].
Mission de solidarité belge dans les camps
Dans le désert algérien, aux confins entre le Sahara Occidental et le Maroc, non loin de Tindouf, les réfugiés sahraouis vivent et militent pour la décolonisation de leur terre depuis 40 ans. C’est là qu’une délégation belge de solidarité est arrivée fin octobre 2015. Le désert Algérien était alors proie à de terribles inondations. 
À l’initiative du Comité belge de soutien au peuple sahraoui ; cette mission a rassemblé des organisations francophones, néerlandophones et des représentants de la société civile belge. Cette semaine en compagnie des sahraouis en exil a permis de mieux comprendre pourquoi ils se trouvent dans ces camps de réfugiés, comment ils vivent et, après 40 ans d’attente, quelles sont leurs espoirs et aspirations pour le futur.
Santiago Fischer 
Commission Justice et Paix Belgique francophone 
Envie de s’engager pour cette cause ? Contactez le Comité Sahraoui –ophelie.ingarao@westernsahara.org (+32 2 231 01 74) et visitezhttps://www.facebook.com/comitebelge.so/
Lire l’analyse complète sur le site web de Justice et Paix
[3] Témoignages recueillis lors de la mission belge de solidarité organisée e
n octobre 2015, à l’initiative du Comité de soutien au peuple sahraoui.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*