Le président du comité belge de soutien au peuple du Sahara occidental, Pierre Galand, a appelé, vendredi dernier, à refuser les pressions du Maroc, soutenu par ses lobbies en Europe, à l’origine de l’annulation de la projection du film-documentaire de la réalisatrice, Iara Lee « La vie attend : référendum et résistance au Sahara occidental »
Programmé par le Centre culturel arabe de Liège (CCAPL), le 23 janvier prochain, le communiqué du comité belge, précise que «le Consulat du Maroc en Belgique, le Conseiller communal Mohamed Bougnouch et la police de Liège sont intervenus auprès du CCAPL pour annuler la projection» prétextant, souligne-t-on «l’état d’alerte pour déclarer cette activité à risque» alors que le documentaire « a été projeté, sans incidents, en 2015, à Bruxelles et Namur » est-il souligné. Insistant sur l’urgence « de préserver nos espaces démocratiques», le comité belge de soutien au peuple sahraoui avertis sur les conséquences de l’immixtion des responsables de la monarchie marocaines dans la vie socioculturelle des citoyen belges, dont ceux de Liège, comme d’ailleurs, notamment dans leur liberté d’exprimer leur soutien à la cause sahraouie.
Pour les membres du dit communiqué, les autorités coloniales marocaines « à force de chantage et de menaces entravent, depuis plus de 40 ans le droit international, les droits de l’Homme, le droit humanitaire, la liberté d’expression et enfin, le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination» regrettent les rédacteurs du dit communiqué. Les membres du comité de soutien au peuple sahraoui ont exprimé leurs «regrets» de voir la Légalité internationale violée par le Maroc, en refusant de se conformer à la Résolution 1514, consacrant le droit à l’autodétermination des peuples colonisés, dont celui du Sahara occidental, pour rappel, question de décolonisation inscrite aux Nations unies.
La monarchie alouite ne cessant, ces derniers mois, d’être pointée du doigt, sur ses violations des droits de l’Homme au Sahara occidental, notamment par le Parlement européen (PE). Celui-ci après avoir adopté un amendement, dans son rapport 2014 sur les droits de l’homme et la démocratie, relatif à l’élargissement de la mission de la MINURSO à la surveillance et la protection des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, et peu avant, la dé- cision la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant , avec effet immé- diat, l’accord «illégal» sur la libéralisation du commerce des produits agricoles et halieutiques du Maroc conclu en mars 2012 entre Rabat et l’UE ; Accord annulé par la force de la loi et de la légalité internationale, mettant à nu les pratiques des lobbies soutenant Rabat dans sa colonisation du Sahara-occidental.
Et plus récemment, mercredi dernier, le Parlement européen a réitéré son appel pour l’extension du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un réfé- rendum au Sahara occidental (MINURSO), à la surveillance du respect des droits de l’homme comme c’est le cas pour les autres missions onusiennes déployées dans des régions, à travers le monde. Dans l’appel en question du PE, celui-ci relève que « des restrictions à la liberté religieuse, d’expression, de réunion et de manifestation continuent d’être imposées» par les autorités coloniales marocaines dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Est-ce l’impact des échecs récurrents, dont ceux précités que de Rabat et de ses lobbies, se sont réorientés pour s’attaquer à l’expression libre, d’artistes, d’universitaires, de militants des droits de l’homme et de réalisateurs, et celle de la réalisatrice Iara Lee qui vient de se voir interdire la projection de son film-documentaire « La vie attend : référendum et résistance au Sahara occidental ». Programmé pour être projeté, dans une des salles de cinéma de Liège, en Belgique, que la projection du dit documentaire a été annulée.
C’est le Consulat du Maroc à Bruxelles avec le Conseiller communal et la police de Liège que Rabat et ses lobbies ont exercé des pressions, alors que d’autres salles dans l’espace européen et ailleurs l’attendent, après avoir été projeté, à Bruxelles et à Namur. Par ailleurs, au moment où il y a l’interdiction de cette libre expression du regard de la réalisatrice Iara Lee, sur un conflit opposant le Front Polisario et le Maroc, sur le Sahara occidental, territoire soumis à un processus de décolonisation par l’ONU, selon la Légalité internationale, une autre voix des lobbies pro l’ère coloniale s’est exprimée, à partir de l’espace géographique regroupant les Monarchie du Golfe. Il s’agit de l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, qui vient, à son tour au secours de la colonisation marocaine au Sahara occidental, sans surprise, le nostalgique de l’ère de la domination française, au Moyen Orient, -Syrie, Liban, et Egypte, et en Afrique, notamment dans sa partie Nord, ce qui a été souligné dans la déclaration de Sarkozy, lors de la visite de Chef d’Etat qu’il a effectué en Tunisie. C’est à partir des Emirats Arabes Unis que l’ex-président français cite les « bienfaits » du système politique colonial marocain, au Sahara occidental.
C’est en animant une conférence au Centre émirati des études et recherches stratégiques, que le patron du parti les républicains, (ex-UMP) a discouru, à cette occasion, sur le Maroc ou il s’y rend souvent, jouit d’un accueil à la «hauteur d’un président en exercice», ou voir «comme un roi», selon des médias français. Aussi l’ex-président qui a entamé sa course pour reprendre son ancienne fonction à la tête de la présidence française est revenu sur son projet, l’Union pour la méditerranée, projet qui lui tenait à cœur, avant et durant son ex-mandat présidentiel, et que des observateurs avé- rés n’ont cessé d’affirmer que «c’est un projet mort-né » car hétérogène et visait essentiellement la percée du rôle de la Chine en Afrique, notamment dans sa partie nord.
Certes ces déclarations ne sont pas un scoop ou une nouveauté, lui qui ne cesse d’applaudir la colonisation marocaine au Sahara occidental dans son soutien à l’approche de Rabat, pour le règlement du conflit qui l’oppose, au Front Polisario. Sarkozy qui ne perd pas un regard en direction de l’Elysée et un instant pour y franchir son seuil, doit mener sa campagne, qui s’annonce difficile, notamment face à son rival Allain Juppé, doit assurer un financement plus important que celui déboursé, lors de sa campagne pour sa première candidature. Laquelle continue, faut-il le rappeler d’être au centre de l’actualité politico-médiatique de Sarkosy, car est-il rapporté, il l’a été grâce aux aides financières de l’ex-président libyen, le défunt Maâmar El Khedafi, qui dès le début de la crise dans son pays, février 2011, Sarkozy a vite fait , faut-il le rappeler, de militariser la crise libyenne, en intervenant militairement, en mars 2011, après un mois du début de la crise dans ce pays, qui depuis est plongé dans une situation chaotique aux conséquences gravissimes sur l’avenir du pays et la région.
Karima Bennour
Le Courrier d’Algérie, 17 janvier 2016