Les pressions marocaines exercées sur l’Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental, M. Christopher Ross.

Dans le but de le contraindre à défendre les intérêts du Maroc, Rabat a accusé M. Ross d’être derrière le contenu du rapport du SG de l’ONU d’avril 2014 sur le Sahara Occidental. 
En vue de faire pression sur le diplomate américain, le Maroc lui a remis un questionnaire qu’il devra répondre s’il veut avoir le feu vert pour reprendre sa médiation. Il devait accuser réception de ce questionnaire. Conscient du piège qu’on lui a tendu, il ne l’a pas fait. Il n’a pas non plus répondu au questionnaire-piège.
Ross restera bloqué à New York jusqu’au 11 février 2015. Pendant ce temps. il a laissé pousser la barbe.
Voici les compte-rendus de ses réunions avec les marocains.
Objet : Dîner de travail avec l’Envoyé Personnel, 22 Mai 2014 – 
J’ai l’honneur de vous informer que j’ai invité, hier, M. Christopher Ross à un dîner, suite à sa demande de me rencontrer. Ce dîner de trois heures s’est transformé en une séance d’exposés des griefs du Maroc à l’égard de l’ONU et en une critique en règle, de son attitude envers notre pays. Sans se départir de la politesse d’usage, les échanges ont été francs et directs.
Ci-après les réponses de M. Ross aux points soulevés :
I.Rapport du Secrétaire Général :
1- Référence au « territoire non autonome » : tout en réaffirmant que c’est la réalité onusienne du statut du Sahara, il a reconnu que c’était une erreur de l’inclure et que son insertion n’était pas nécessaire.
2- Mécanisme des droits de l’Homme : il a précisé qu’il avait informé l’Ambassadeur Loulichki que le rapport contiendrait une telle référence. Je lui ai répondu que j’ai lu tous les comptes rendus de mon prédécesseur et qu’à aucun moment, il n’est fait référence à ce qu’il avance.
3- Ressources naturelles : il a prétendu, une fois de plus, que dans ses contacts avec le Secrétariat, l’Ambassadeur a été informé de ces éléments, sans s’y opposer car il était focalisé sur les droits de l’Homme.
4- « conseil des droits de l’Homme du polisario » et sa coopération avec le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) : il a estimé qu’il n’y avait aucun mal à y faire référence, car la tendance internationale actuelle est de responsabiliser les acteurs non étatiques. Il s’est, toutefois, rétracté en convenant que ces acteurs ne peuvent pas prendre d’engagement international et que le respect et la protection des droits de l’Homme dans les camps relèvent du pays d’accueil.
5- Dédouanement de l’Algérie : il a réitéré le souci de ménager l’Algérie qui n’aime pas être mise à l’indexe publiquement, et qu’il préfère dialoguer avec elle dans la discrétion. Je lui ai exprimé ma surprise que ce privilège de compréhension à l’égard de l’Algérie n’est pas accordé au Maroc.
6- Date butoir : Il a reconnu qu’il en est l’auteur car il estime qu’il n a pas pu réaliser de progrès depuis 5 ans et que c’était un moyen de pousser les parties à assumer leur responsabilité. Je lui ai répondu qu’il y a des conflits qui sont plus anciens que celui du Sahara, que son mandat n’est pas conditionné par une échéance et que la facilitation nécessite patience, persévérance et endurance.
7- Chapitre VII : il a nié avoir appelé à renvoyer la question au Chapitre VII, avant de reconnaître, suite à mon rappel de ses déclarations au Conseil de Sécurité, qu’il l’avait invoqué en rigolant.
8- Evaluation du processus : il a précisé que l’objectif est de faire un bilan global du processus. Pour ma part, je lui ai répondu que le Maroc ne craint pas l’évaluation et que celle-ci devrait, le cas échéant, contenir, également, l’évaluation de son rôle et de sa posture dans la facilitation.
9- Responsabilité de Ross dans le rapport : il s’est défendu face à mon affirmation qu’il assume une grande responsabilité dans l’orientation politique du rapport, en l’imputant à Genève, au DPA et au DPKO. Je lui ai rappelé les différents épisodes de ces dernières années, durant lesquels il demandait au HCDH et à Mme Pillay en personne, de faire des recommandations sur les droits de l’Homme, ainsi que sa touche personnelle dans le dernier rapport.
II.Nouvelles propositions pour débloquer le processus :
– Ross nie catégoriquement avoir l’intention de faire de nouvelles propositions pour débloquer le processus. Je lui ai opposé la déclaration que m’a faite M. Ban Ki-Moon sur l’objectif de la tournée de son Envoyé Personnel, initialement prévue au courant de ce mois, et de son propre voyage dans la région pour en débattre avec les Chefs d’Etat. Suite à mon insistance, il s’est contenté de répéter qu’il n’est pas au courant.
– Il a, néanmoins, fini par concéder que chaque partie rejette la proposition de l’autre, et qu’il souhaite, par conséquent, qu’elles aillent au-delà de leurs positions initiales.
– Je lui ai répondu que l’Initiative d’Autonomie n’a pas encore été négociée et que nous attendons que les autres parties la discutent et fassent des propositions pour l’enrichir. Il est hors de question que cette Initiative soit écartée, car à l’opposé de la proposition du polisario, elle est le résultat d’un processus de consultations inclusif au niveau national et international et jouit de l’appréciation du Conseil de Sécurité.
III.Attitude de l’Algérie :
– Le Président Bouteflika ainsi que ses Ministres des Affaires Etrangères successifs, lui ont confié que l’Algérie serait prête à s’impliquer plus activement et faire des concessions si le Maroc reconnaît qu’il existe un problème sur le statut du Sahara. Aussi, estime t-il que le Maroc doit faire un geste vis-à-vis de l’Algérie.
– Je lui ai répondu que la marocanité du Sahara n’est pas négociable, que le Maroc est prêt à discuter de tout avec l’Algérie, à l’exception du statut du Sahara et que la confiance en l’Algérie est à son niveau zéro du fait du reniement constant de ses engagements au plus haut niveau, de contenir la question au sein des Nations Unies.
IV.Attitude pro-polisario de Ross:
– Il a rejeté toute accusation d’être pro-polisario ou pro-Algérie, en niant en bloc, les faits et déclarations que je lui ai exposés. Le dernier était ses reproches au Groupe des Amis et au Secrétariat que le représentant du polisario est démoralisé, depuis qu’il a été privé d’intervenir au stakeout du Conseil de Sécurité. Je lui ai exprimé ma surprise que le facilitateur agissait aussi, en tant que psychiatre.
V.Absence de transparence du Secrétariat:
– J’ai dénoncé l’absence de transparence du Secrétariat ainsi que la versatilité de certains de ses membres, y compris le Représentant Spécial et l’Envoyé Personnel, qui donnent des versions contradictoires au Maroc et aux autres parties prenantes, notamment les membres du Groupe des Amis. Je lui ai donné l’exemple de M. Weber qui a demandé à la Mission technique de recevoir les séparatistes au siége de la MINURSO, et déclaré aux responsables marocains que s’était le souhait du HCDH.
– Je lui ai répété à plusieurs reprises, que le Maroc exigera, désormais, de tous ses interlocuteurs onusiens, la neutralité, la transparence et le rejet de surprises dans le rapport. Il a reconnu qu’en tant qu’ancien diplomate, il comprend l’exigence de non surprise.
– Je lui ai donné l’exemple de l’annonce à la presse de la nomination de la nouvelle Représentante spéciale, sans que le Maroc ne soit ni consulté, ni notifié, en lui posant la question qu’y a-t-il de si secret dans cette nomination.
– Il a reconnu que le Secrétariat a commis une erreur à l’égard du Maroc et a indiqué qu’il allait s’enquérir auprès du DPKO.
VI.Préparation du rapport :
– A ma demande que le Secrétariat doit instaurer un dialogue avec le Maroc pour la préparation du Rapport, il a réagi en disant que l’autre partie doit être également associée. Je lui ai répondu que c’est le problème du Secrétariat, et que pour le Maroc, il est temps d’établir un modus operandi ou un partenariat basés sur la confiance et la transparence pour éviter des crises diplomatiques cycliques.
VII.Visite projetée de l’Envoyé Personnel dans la région :
– Il m’a confié que les autres parties ont donné leur accord à sa visite dans la région, initialement prévue en Mai, et que seul le Maroc n’a pas encore réagi.
– Je lui ai répondu que je n’ai reçu aucun élément d’information à ce sujet, tout en précisant que les responsables marocains s’interrogent sur les objectifs de cette tournée et l’agenda des questions qu’il souhaiterait aborder.
– Afin d’éviter tout malentendu et instaurer une nouvelle approche dans mes relations de travail avec lui, je lui ai demandé de me faire parvenir, par écrit, des éléments d’information concernant les objectifs de sa visite. Il m’a promis de m’envoyer un courrier, ce Jeudi.
Au moment de prendre congé, il m’a déclaré sur un ton de la rigolade, qu’on lui a raconté beaucoup de choses sur moi, mais qu’il vient de découvrir ce soir, que j’étais « un renard diplomatique. Je lui ai dit que j’étais tout simplement un patriote qui défend son pays et qu’il devait, désormais, m’aider à l’aider s’il veut réussir.
VIII. Conclusions :
– A la lumière de ce premier entretien avec M. Ross, deux remarques principales s’imposent :
– Les discussions avec M. Ross confirment mon sentiment qu’il est un grand menteur et un défenseur rusé et très fin des thèses de l’Algérie.
– M. Ross semble avoir saisi la portée du choix par le Maroc, du langage de la franchise, de la fermeté et de sa mise en face de ses propres contradictions. Les semaines à venir nous diront si le message a été bien intégré.
Haute Considération
L’Ambassadeur, Représentant Permanent
Omar HILALE
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Objet : Dîner de travail avec l’Envoyé Personnel. 5 juin 2014

J’ai l’honneur de vous informer que j’ai eu, hier, un long dîner de travail, de quatre heures, avec l’Envoyé Personnel M. Christopher Ross. Nos échanges ont porté sur plusieurs points de son mandat. Comme pour l’entretien précédent, les échanges étaient francs et contradictoires.
Il a confirmé certaines de ses déclarations, renié d’autres et dévoilé progressivement ses intentions. Ci-après, la synthèse de nos discussions :
Contribution au rapport du Secrétaire Général ; 
II a reconnu la paternité de l’échéance d’Avril 2015, tout en lénifiant son importance, en déclarant que « ce n’est pas la fin du monde ».
Il a confirmé son appel au recours au Chapitre VII de la Charte, non sans reconnaître qu’il n’aurait pas dû le faire, même sur un ton de la rigolade.
Il a reconnu être à l’origine de la référence au « territoire non-autonome », parce que « c’est une réalité onusienne », tout en précisant que le Secrétariat ne maîtrise pas tous les détails de la question nationale.
Il a fini par concéder, au sujet des ressources naturelles, que :
• C’est l’Afrique du Sud qui a insisté pour y faire référence dans le rapport. Je lui ai rappelé que ce pays n’est pas partie prenante et que le Conseil de Sécurité ne lui a donné aucun mandat pour discuter avec des Etats tiers, et à forte raison, ceux qui ont une position anti-marocaine.
• Certaines entreprises explorant dans les eaux territoriales du Sahara marocain ont sollicité l’avis de l’ONU.
II Facilitation de la négociation ;
II a essayé de minimiser la différence entre ce qu’il qualifie son rôle de médiateur et celui de facilitateur, et ce après que je l’ai remis à l’ordre sur la différence politico-juridique entre les deux rôles.
Il prétend soutenir l’autonomie, mais se contredit immédiatement, en défendant la position du « polisario » qui prône, dans sa charte, l’autodétermination et l’indépendance et « qui ne peut revenir en arrière, 40 ans après ».
Il a considéré que le dédouanement de l’Algérie dans le dernier rapport du Secrétaire Général est d’ordre tactique, car elle n’aime pas que son rôle, ni ses responsabilités, soient discutés publiquement.
Il a indiqué que l’Algérie ne bougera pas d’un iota tant que le Maroc n’aura pas reconnu qu’il y a un litige au sujet du statut du Sahara. Ajoutant que Bouteflika lui a dit, à plusieurs reprises, que le Maroc n’est pas sérieux.
Visite de Mme Pillav ; 
Selon Ross, le Maroc a réussi un coup de maître avec la visite de Mme Pillay.
Ses déclarations équilibrées à la presse sont d’un exceptionnel doigté.
Il déclare se réjouir de cette visite, car il a toujours défendu le principe de la visite de Mme Pillay au Sahara et dans les camps de Tindouf. Il compte, maintenant, pousser vers sa visite dans les camps.
Je lui ai, alors, demandé pourquoi il ne l’a pas fait lors de la visite de Mme Pillay en Algérie en 2012. Il a répondu, sans conviction, qu’il n’était pas au courant.
A cet égard, je lui ai rappelé que l’invitation pour la visite est la responsabilité de l’Algérie et non pas du « polisario ».
IV. Rencontre avec la délégation marocaine à New York ;
II a été contrarié et a montré des signes d’énervement lorsque je l’ai informé de la visite de la délégation marocaine à New York, le 18 Juin, pour discuter avec lui de son agenda et de son projet de périple régional.
Il espère être reçu par les trois Chefs d’Etat de la région.
Il a confirmé qu’il compte se rendre à Rabat, Alger, Tindouf et Nouakchott, sans en préciser l’ordre. Il ne prévoit pas de se rendre au Sahara.
Il limitera ses discussions aux seuls responsables politiques.
Il a déclaré qu’il va demander au Secrétariat de prévoir une salle pour la réunion avec la délégation marocaine. Je l’ai immédiatement corrigé en indiquant que la réunion se tiendra à la Mission du Maroc, ce qui a généré des signes de crispation sur son visage et ses mains. A sa demande que la réunion pourrait se tenir à l’ONU, en territoire neutre, je lui ai répondu que ce n’était pas une réunion entre les parties, mais avec le Maroc et en territoire marocain. Il a acquiescé sans gaieté de coeur.
V. Visite de M. Chissano à New York :
II m’a confié que M. Chissano, « Envoyé de l’Union Africaine » pour la question du Sahara marocain, sera à New York en même temps que la délégation marocaine, ce qui pourrait lui poser un problème d’agenda. Je lui ai déclaré que s’il accorde la préférence à M. Chissano, la délégation marocaine ne viendra pas. Il a, immédiatement, corrigé le tir en indiquant que sa priorité est le Maroc.
J’ai tenu à lui rappeler les termes de la lettre de Sa Majesté Le Roi à M. Ban Ki-moon au sujet de l’implication de l’Union Africaine dans le processus politique. Je l’ai mis devant ses responsabilités en lui déclarant que toute ouverture de l’ONU sur l’Union Africaine serait un Casus belli pour le Maroc, car l’Organisation africaine a pris des positions hostiles au Maroc, ce qui la délégitimise pour tout rôle dans le règlement du différend. J’ai, également, tenu à lui répéter, à plusieurs reprises, que tout espace que le Secrétariat tenterait d’accorder à l’Union Africaine dans le processus politique, serait synonyme de fin pour celui-ci.
Devant cette mise en garde, il a reconnu le parti pris de l’Union Africaine et déclaré qu’il comprend la position du Maroc et qu’il va laisser M. Ban Ki-moon gérer cette question, tout en insistant sur l’importance de ne pas mettre en danger les négociations.
VI. Proposition de sortie de l’impasse :
A la fin du dîner, il a esquissé les contours d’une proposition, dont le socle serait, selon lui, l’Initiative marocaine d’autonomie, estimant qu’après cinq ans de facilitation, il est temps de provoquer une percée.
Sans reconnaître qu’il s’agit d’une proposition de sa part, il en a dévoilé trois éléments :
1 – Une large autonomie du Sahara.
2- Une gouvernance du Sahara, par « le polisario » pendant une période de 10 à 15 ans
3- Une révision de l’autodétermination à plusieurs options, à la fin de cette période.
Sans commenter cette proposition, qui s’apparente au plan Baker II, je lui ai déclaré que toute solution ne peut s’opérer que dans le cadre de la souveraineté marocaine, en insistant sur l’exclusion de toute période transitoire, ou d’une quelconque option, autre que celle d’un accord politique négocié par les parties, présenté et défendu par ces dernières, auprès des populations concernées.
VII. Conclusions ;
M. Ross a commencé à se dévoiler progressivement, tout en défendant les fondamentaux de sa position pro-algéropolisarienne.
Il est évident qu’il n’a pas de vision pour la solution du problème concernant le Sahara marocain. Tantôt, il se répète, voire, se contredit sur différents aspects de la question, tantôt, il se trahit en défendant systématiquement les positions de nos adversaires.
Ses idées embryonnaires sur la solution susceptible de débloquer la situation, semblent être une simple reprise du plan Baker II, déjà rejeté par le Maroc.
Il semble avoir compris que les règles de la discussion avec la partie marocaine ont changé, car à un moment de haute tension dans la discussion, il a laissé échapper une expression révélatrice d’un début de découragement. Il s’est exclamé « oh, mon Dieu ! Je crois que je risque de ne plus pouvoir retourner au Maroc ».
Omar Hilale
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Compte-rendu de la réunion de la délégation marocaine avec Christopher Ross le 18 juin 2014
Une délégation marocaine, présidée par M. Nasser Bourita, Ambassadeur, Secrétaire Général du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, et composée de Monsieur Omar Hilale, Ambassadeur, Représentant Permanent du Maroc auprès des Nations Unies à New York, de M. Hamid Chabar, Wali, Directeur de la Coopération Internationale au Ministère de l’Intérieur et de M. Lotfi Bouchaara, Chef de Cabinet de Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, a tenu, aujourd’hui, au siége de la Mission Permanente du Maroc, une réunion avec l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général pour le Sahara Marocain, M. Christopher Ross.
Le déplacement de cette délégation avait pour objectif de neutraliser le projet de M. Ross, annoncé dans sa lettre au Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, d’effectuer, au cours du mois de Juin, une tournée régionale, y compris au Maroc.
La délégation marocaine a rejeté d’emblée, les dérapages du dernier rapport du Secrétaire Général et des déclarations de l’Envoyé Personnel devant le Conseil de Sécurité, dénoncé le parti pris du Secrétariat de l’ONU et exigé que :
Il faut en finir avec « l’approche schizophrénique » de M. Ross, consistant en privé, à tenir des propos apaisants et positifs à l’endroit du Maroc et exactement l’inverse dans le rapport du Secrétaire Général et dans ses entretiens avec les autres interlocuteurs. 
L’Envoyé Personnel doit faire preuve de cohérence et de clarté, faute de quoi, le processus qu’il conduit est condamné à l’échec. 
Le Maroc ne tolérera plus ni dérapages, ni double langage. L’ère de l’ambivalence est révolue. 
Des clarifications et des explications sur la direction politique du processus de négociations devraient nécessairement être apportées. 
Dérapages du rapport du Secrétaire Général et du briefing de M. Ross au Conseil de Sécurité : les points suivants ont été soulevés par la partie marocaine : 
Le Maroc exprime sa déception profonde, sa colère réelle et son incompréhension totale à l’égard du contenu biaisé et tendancieux du rapport. 
Ce rapport est scandaleux et contient des dérives dangereuses. Il est caractérisé par le manque de transparence dans sa rédaction et l’absence de neutralité dans son contenu. 
Le Maroc rejette catégoriquement le ton et les conclusions du rapport. 
La délégation a réitéré l’opposition du Maroc à l’égard des références aux : « statut de territoire non autonome », Chapitre VII, date buttoir d’Avril 2015, surveillance des droits de l’Homme, ressources naturelles, parité entre le Maroc et le « polisario », dédouanement de l’Algérie et du « polisario », parti pris et doubles standards du Secrétariat et tentative de M. Ross de s’ériger en médiateur, en vue de formuler sa propre proposition. 
Réponses de M. Ross: 
Il n’est responsable que de la partie du rapport relative au processus politique. Il a reconnu, toutefois, qu’il a été consulté sur d’autres chapitres du rapport. 
Le rapport n’a rien changé du cadre de son mandat qui relève exclusivement du Conseil de Sécurité. 
Il demeure dans l’état d’esprit que l’autonomie et la solution idoine, mais en tant que facilitateur, il ne peut pas se prononcer publiquement sur la nature de la solution définitive. 
Le manque de progrès a créé chez lui frustration et déception. La référence à la date d’Avril 2015 était, dans son esprit, une manière de faire pression sur les parties. 
Il a reconnu avoir fait une grosse erreur en se référant au Chapitre VII. 
Le secrétariat s’est référé au territoire non-autonome pour rappeler « le statut du Sahara ». Il a qualifié cette référence de normale, tout en rejetant sa paternité. Toutefois, il a avoué ne pas avoir saisi, à ce moment, toute la portée et les dangers de cette référence. 
Il a reconnu avoir enlevé du rapport, toute mention de l’Algérie, afin de ne pas l’indexer en public, en vue de l’amener à s’investir dans le processus. 
Demande de clarifications : la délégation marocaine a démontré par des exemples concrets et dénoncé l’ambivalence du discours de l’Envoyé Personnel et les contradictions de ses propos par rapport à des aspects fondamentaux du dossier. Afin de travailler sur des bases saines, claires et transparentes, il a été demandé à M. Ross de clarifier par écrit, sa position sur un ensemble de questions, portant notamment, sur les paramètres de son mandat, la conduite du processus politique, le nécessaire respect des lignes rouges du Maroc et les modalités d’élaboration du rapport annuel du Secrétaire Général. L’Ambassadeur Omar Hilale lui remettra le questionnaire, en annexe, auquel il a accepté de répondre, également, par écrit. 
Partialité de l’ONU : la délégation marocaine a relevé les dérapages du Secrétariat et son attitude cavalière envers le Maroc, dont le dernier est la nomination par le Secrétaire Général, de Mme Kim Bolduc, comme son Représentant spécial pour le Sahara, sans aucune consultation préalable avec le Maroc. 
La délégation a précisé que tant que le processus de consultations n’est pas mené en bonne et due forme, Mme Bolduc ne pourra pas se rendre au Maroc, ni compter sur la coopération des autorités marocaines. Elle a fait remarquer que cette attitude contraire à la pratique établie, serait fatale pour la présence de la MINURSO et la poursuite du processus politique.
A la fin de la réunion, la délégation a rappelé les fondements de la position marocaine notamment, que la souveraineté du Maroc sur son Sahara n’est pas négociable, que l’autonomie est la seule solution envisageable à ce différend régional, que toute ingérence de l’Union Africaine est inacceptable, que le Maroc réagira fermement à tout nouveau dérapage et mettra en exécution ses décisions et qu’il ne se soumettra aux dictats de personne.
Commentaires : 
Les interventions des membres de la délégation marocaine étaient fermes et sans concession. 
Tout au long de la réunion, l’Envoyé Personnel a été perturbé et sur la défensive. Il a vainement manoeuvré, la veille, afin d’éviter la réunion, ainsi que sa tenue à la Mission Permanente du Maroc et a tenté de détourner son ordre du jour. 
Il a marqué des signes apparents de nervosité en déclarant ne pas pouvoir continuer si sa neutralité est mise en doute. 
Il était confus et à court d’arguments face au plaidoyer de la délégation marocaine. Tantôt, il a reconnu ses erreurs, tantôt, il a amputé la responsabilité au Secrétariat. 
Il n’a ni vision claire, ni objectifs précis pour l’avenir et s’embourbe dans ses propres contradictions. 
La réunion a atteint les objectifs escomptés : 
* Le message ferme du Maroc a été bien saisi par l’Envoyé Personnel.
* Il a été contraint d’accepter de s’engager à clarifier par écrit, les paramètres de son mandat, loin de toute ambiguïté, ou ambivalence.
La balle est dans son camp. Toute reprise du processus est désormais, tributaire des clarifications qu’il est tenu d’apporter. 
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Remise du questionnaire à M. Ross, 20 juin 2014
J’ai l’honneur de vous informer que j’ai contacté M. Ross au milieu de cet après-midi, pour lui donner rendez-vous à la Mission, à 17h, en vue de lui remettre le questionnaire sur la question du Sahara.
Il m’a répondu par SMS, pour m’indiquer qu’il est entre New York et Washington et qu’il préfère que je le lui envoie par e-mail et que je lui remette la copie originale, la semaine prochaine à New York.
Je lui ai répondu, également, par SMS, pour préciser que c’était par souci de confidentialité, comme convenu, que j’ai voulu le lui remettre en main propre, et que dés lors qu’il souhaite recevoir le questionnaire par e-mail, je le ferai sans problème.
En réponse, il a écrit qu’il est convaincu que son mail et le mien peuvent être utilisés son risque.
Le questionnaire lui a été envoyé immédiatement, en lui demandant d’accuser réception. Ce qu’il n’a pas fait encore.
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Objet : Questionnaire remis à Ross, 30 juillet 2014

J’ai l’honneur de vous communiquer, ci-après, les informations que j’ai recueillies sur le sort réservé au questionnaire remis par la délégation marocaine de Haut niveau, à M. Ross, lors de la réunion tenue le 18 Juin 2014, à New York:
– M. Ross a partagé le questionnaire avec les hauts responsables onusiens, notamment au Cabinet du Secrétaire Général et aux départements des affaires politiques, de maintien de la paix, et des affaires juridiques.
– Le questionnaire aurait suscité surprise pour son contenu, émoi au sujet de ses conséquences potentielles sur le processus politique et interrogations pour ce qui est de ses véritables motivations. Non sans faire le lien avec le dernier rapport du Secrétaire Général et la réaction énergique du Maroc.
– Le questionnaire a fait l’objet de nombreux échanges par e-mails entre ces responsables, particulièrement en ce qui concerne le sort qui devrait lui être réservé. A cet égard, plusieurs options
auraient été discutées: 
Une réponse par écrit, du Secrétaire Général. 
* Envoi du questionnaire aux membres du Conseil de Sécurité.
* Ignorer totalement le questionnaire.
– Deux questions, en particulier, auraient suscité le plus grand nombre de commentaires, “en
raison de leur caractère sensible et problématique”: le référendum et la souveraineté.
– A ce jour, aucune décision n’aurait été officiellement prise. Cependant, Mme Malcorra a
déjà indiqué l’orientation qui serait privilégiée, en concédant lors de notre entretien du 23 Juillet 2014, qu’il serait impossible à M. Ross de répondre au questionnaire.
S’agissant de M. Ross, il m’a envoyé, avant hier, un e-mail demandant à me rencontrer, si cela était possible, cette semaine. Je lui ai répondu que je quitte New York vers Genève, sans lui indiquer aucun créneau pour nous retrouver, à mon retour, la semaine prochaine.
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