La filière marocaine de Daesh en Libye

Cinq cent quarante-sept ressortissants marocains suspects et voulant transiter par Alger pour se rendre à Tripoli en Libye durant l’année 2015 ont été bloqués et reconduits dans leur pays. C’est ce qu’a indiqué hier le directeur de la police des frontières, M. Youcef Goucem, lors d’une conférence de presse à l’Ecole supérieure de police Ali-Tounsi à Châteauneuf.
Abder Bettache – Alger (Le Soir) – Reconduite à la frontière, suspension de la liaison aérienne Alger -Tripoli, l’Algérie a pris des mesures pour faire face à un afflux jugé anormal de Marocains désireux se rendre en Libye. La question a été évoquée hier par le premier responsable de la sécurité aux frontières (DPF) à l’occasion d’une conférence de presse portant sur le bilan de l’exercice de l’année 2015, des Directions des polices aux frontières (DPF) et de la police judiciaire (DPJ). 
Selon la même source, confrontée à un afflux de Marocains suspectés de vouloir rejoindre les rangs de l’organisation terroriste Daesh, l’Algérie a suspendu tous ses vols commerciaux vers la Libye. Pour preuve, le département de l’intérieur avait indiqué avoir intercepté à l’aéroport international d’Alger plus de 250 ressortissants marocains en une semaine pour le seul mois de décembre. 
Les ressortissants en question, dont l’âge varie entre 24 et 26 et ne pouvant justifier les motifs de leur voyage en Libye, ont été expulsés vers le Maroc après que le ministre des Affaires maghrébines, Abdelkader Messahel, eut informé l’ambassadeur du Maroc d’un «flux massif et inhabituel de Marocains en provenance de Casablanca à destination de la Libye». 
Toutefois, le conférencier a tenu à préciser que les personnes, notamment celles qui étaient en famille et ayant justifié leur résidence en Libye ont été autorisées à rejoindre la terre libyenne. «Les personnes suspectes ont été refoulées conformément à la loi et l’opération s’est faite sous escorte policière», a-t-il ajouté. Il n’en demeure pas moins que lors de cette conférence de presse, il a été indiqué «que durant l’année 2015, les services de la police des frontières ont eu à contrôler le passage aux frontières de 11 407 215 personnes contre 10 297 910 en 2014, soit une augmentation de 1 109 305 voyageurs, représentant un taux de 10,77%. 
Selon M. Goucem, «au cours de l’année 2015, il a été enregistré le nombre de 7835 ressortissants algériens ayant fait l’objet de mesures d’expulsion, rapatriement, refoulement et reconduite à la frontière à partir de l’étranger, contre 7180 de l’année écoulée, soit une progression de 655 représentant un taux de 9,12%. Concernant les mesures restrictives prises à l’encontre des ressortissants étrangers, il a été indiqué que durant la même année, soit en 2015, «l’enregistrement de 6065 ressortissants étrangers ayant fait l’objet de mesure d’éloignement contre 2403 au cours de l’année 2014, soit une progression de 3662 personnes représentant un taux de 152,4%.
«L’Algérie a remporté son pari sécuritaire»
Pour sa part, le directeur de la police judiciaire a hautement salué les «efforts fournis par les différents services de la Sûreté nationale à tous les niveaux pour venir à bout du phénomène de la criminalité». 
En effet, M. Ali Ferrag, qui avait jusque-là assuré la direction du laboratoire de la police scientifique avant de passer à la tête de la police judiciaire a mis en exergue, chiffres à l’appui, les «performances et autres résultats enregistrés par sa direction dans la lutte contre le phénomène de la criminalité». Pour ce haut responsable de la Sûreté nationale, «les statistiques de l’année 2015 attestent de la baisse considérable du phénomène de la criminalité dans notre pays». Mieux, il fera savoir «que cette baisse est le résultat de la conjugaison des efforts des éléments des forces de sécurité mais aussi du rôle important joué par les citoyens. 
Nous sommes à l’avant-garde à tous les niveaux», a-t-il expliqué en déclarant que «pour l’année 2015, les services de la police judiciaire de la Sûreté nationale (DGSN) ont enregistré 216 522 affaires dont 140 414 résolues soit un taux de 64,84%. 
Les affaires liées aux atteintes aux personnes et aux biens arrivent en tête avec respectivement 38,65% et 37, 34%, alors que celles liées à l’infraction de la législation et économiques sont de l’ordre de 8,81% et 4,43%. Ces chiffres avancés par le conférencier dénotent selon lui, que «l’Algérie a réussi à remporter son pari sur le plan sécuritaire et que la police algérienne est devenue une référence pour un grand nombre de pays même ceux très développés».
Enfin, M. Ferrag Ali a conclu son intervention en déclarant que «l’aspect scientifique et le processus de modernisation de l’institution policière étaient d’un apport considérable pour atteindre tous ces objectifs, sans oublier le rôle joué par les citoyens». 
A. B.
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