Terrible histoire de Bara Sow, un « modou modou » d’Italie mort accidentellement au Maroc …( Par Baye Diouf)
L’histoire m’a été racontée par le propre frère du défunt à l’occurrence Amadou Sow avec qui il partageait le même domicile à Milan. Bara Sow puisque c’est de lui qu’il s’agit, établi à Milan depuis plus de 15 ans, était un commerçant d’objets d’art de la grande famille des Laobés qui sillonnait les différentes foires d’Italie. A chaque d’année, il achetait une voiture avec laquelle il revenait au bercail via la voie terrestre Espagne-Maroc-Mauritanie pour retrouver sa famille. Son dernier voyage, le 23 décembre 2015, lui sera fatal, après avoir fait un grave accident qui lui coutera la vie au Maroc.
Après la campagne de la grande Foire de l’Artisanat de Milan de décembre 2015, Bara Sow investit une partie de son argent dans l’achat d’une belle voiture qu’il comptait revendre au Sénégal après avoir fait la pénible traversée de l’Espagne au Maroc en passant par la Mauritanie. Un procédé qu’utilisent bon nombre de nos compatriotes depuis plus de 5 ans. Le 23/12/2015, il fait un accident contre un camion à Tan-Tan, 300km après Laâyoune et décéda de ses blessures. Les circonstances exactes de ses dernières secondes demeurent inconnues de ses proches. Toujours est-il que des sénégalais rencontrés dans le bateau au départ de Gênes en Italie avec qui il avait sympathisé et échangé des numéros de téléphone sont tombés quelques moments après devant le douloureux drame. Ils ont pu informer la famille. Au courant du décès de son frère, Amadou, de Milan, embarque le 25 décembre pour Casablanca avant de regagner Laâyoune avec l’aide d’un de ses cousins résidant au Maroc.
Les péripéties du périple de Amadou Sow pour récupérer corps de son frère et procéder au transfert de celui-ci au Sénégal révèlent hélas une fois encore l’absence totale de la part de notre Etat d’une politique sérieuse de protection des sénégalais de l’extérieur. Et ce qu’Amadou nous a raconté est sérieusement grave et glace le sang. Abandonné à lui-même et sans la moindre assistance de nos autorités consulaires du Maroc, Amadou a affronté seul les autorités administratives et juridiques marocaines et le Consulat du Sénégal s’est limité à la simple délivrance d’un certificat de décès sans se déplacer vers les lieux et sans entrer en contact avec les autorités marocaines pour tirer au clair les conditions du décès de notre brave compatriote. Amadou a trouvé le corps de son frère à l’hôpital de Laâyoune situé à 300kms des lieux de l’accident, entièrement couvert dans ses habits initiaux ce qui prouve selon lui une absence totale de tentative de secours. Et les autorités de la gendarmerie de Tantan ayant procédé au constat et au transfert du corps à Laâyoune ont entièrement disparu et refusé les contacts avec Amadou, et de guerre lasse il s’est finalement adressé au Tribunal de la ville pour avoir le certificat et l’autorisation de récupérer le corps et de procéder à son transfert par avion via Casablanca.
Le consulat du Sénégal à Casablanca s’étant simplement limité à la remise d’un certificat de décès et à la mise en contact avec une entreprise de transport funèbre, services qui ont couté à Amadou 3000 euros. Et toutes les affaires que Bara transportait avec lui, son argent personnel, un sac contenant les titres de propriété de nombreux terrains qu’il avait achetés au Sénégal, des sacs contenant des marchandises neuves et des habits neufs ont comme par miracle disparu et seul son passeport sénégalais et son permis de séjour italien. Et on comprend maintenant les motifs de manque de communication de la Gendarmerie de Tan-Tan, témoin physique et oculaire des derniers instants de la mort de Bara. Je vous laisse le soin d’imaginer ce qu’auraient dû être le véritable travail du consulat du Sénégal dans ce pays pour assister ses concitoyens émigrés.
Au-delà de ce point capital, je conseille modestement à nos compatriotes d’éviter de prendre certains risques en voyageant en Afrique par la voie terrestre. Le jeu ne vaut pas la chandelle : « Intégration africaine », « Cedeao », « Unité africaine », « Parlement africain »…. tous ces mots-là ne sont que de la poudre jetée à la face de la jeunesse africaine. Aujourd’hui, « Les jeunes africains sont mieux traités en Europe qu’en Afrique”, pour paraphraser le Président Wade parlant des Burkinabés en Côte d’Ivoire. Et pourtant, c’est la triste réalité. On nous balance les discours diplomatiques genre “ les excellents rapports de solidarité qui existent entre le peuple marocain et le peuple sénégalais” et pendant ce temps les droits de nos compatriotes de l’extérieur sont bafoués. Ils meurent naturellement ou assassinés dans l’anonymat et dans le silence.
WABITIMREW, 13/0272016
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