frontières avec le Maroc: La réponse « indirecte » de l’Algérie

Est-ce une réponse officielle de l’Etat aux récents appels de l’opposition à l’ouverture des frontières terrestres avec le Maroc ? En tout cas, l’éditorial du quotidien El Moudjahid dans sa livraison d’hier a tout l’air de l’être, surtout qu’il insiste sur le caractère « officiel » de la position algérienne dans ce dossier qui a plongé dans le froid les relations algéro-marocaines depuis 22 ans.
Largement repris par la presse marocaine, les propos tenus en début de semaine par Mohcine Belabbas, président du RCD, plaidant « pour l’ouverture des frontières » ont donné lieu à une polémique et un retour sur la scène de cette question que le Makhzen tente, à chaque fois, d’exploiter pour pointer du doigt l’Algérie. Le premier journal gouvernemental est catégorique. Tout en rappelant l’humiliante décision du Maroc en 1994 d’instaurer un visa d’entrée aux Algériens, il précise : « Tant que le Makhzen ne répare pas cette injustice envers les nombreux ressortissants algériens qui ont été spoliés de leurs biens et expropriés de leurs terres, oui, tant qu’il ne présente pas ses excuses aux Algériens touchés dans leur dignité, tant qu’il ne cesse pas sa guerre des stupéfiants, la réouverture de la frontière terrestre ne sera jamais à l’ordre du jour ».
Clair, net et précis, l’éditorial du journal public ajoute que c’est « la position officielle, et c’est la position du peuple algérien ». « Et ce ne sont pas les rumeurs, les mensonges, les raccourcis ou les manipulations qui vont la changer, mais des engagements sérieux de régler tous les contentieux bilatéraux autour d’une table », écrit le journal.
Samedi dernier, lors d’un meeting populaire à la salle Atlas, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a déclaré qu’« il faut ouvrir les frontières pour renforcer nos capacités ». « Ceux qui s’opposent à l’ouverture de la frontière sont ceux qui profitent de cette situation d’isolement », a estimé M. Belabbas, croyant dur comme fer qu’une telle décision aidera « à stimuler la compétitivité et à nourrir le libre débat ». Des propos qui ont donné matière à la scène politico-médiatique chez le voisin de l’Ouest. A la suite de ce « bruit » et bien que la réaction ne soit pas venue directement d’un membre du gouvernement d’Abdelmalek Sellal, le ministère des Affaires étrangères à titre d’exemple, la réponse est venue d’un de ses supports médiatiques pour « indirectement » mettre les points sur les « i » et remettre ainsi les pendules à l’heure. El Moudjahid précise que « si nous tenons, depuis longtemps, à la construction d’un ensemble maghrébin viable et fraternel, les relations avec notre voisin ne peuvent pas obéir à des sautes d’humeur, fussent-elles celles d’un monarque ». Et de rappeler les circonstances ayant mené à la fermeture des frontières, un mois d’août 1994, lorsque le roi Hassan II accusa l’Algérie, sans la moindre preuve, d’être à l’origine de l’attentat terroriste commis par des Franco-Marocains ayant ciblé un hôtel à Marrakech. Un incident qui servira de « prétexte », ajoute l’édito, « pour maltraiter et expulser touristes et résidents algériens, et instaurer unilatéralement un visa d’entrée ». Un comportement qui a mené les autorités algériennes à fermer les frontières. Quoi qu’il en soit, cette « position », qui semble intransigeante de l’Algérie, « ce ne sont pas les rumeurs, les mensonges, les raccourcis ou les manipulations qui vont la changer, mais des engagements sérieux de régler tous les contentieux bilatéraux autour d’une table », insiste-t-on enfin en « Une » du journal.
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