Partant du perchoir de l’ONU à la fin de l’année en cours, le secrétaire général de l’ONU joue sa dernière carte dans l’un des plus vieux conflits du monde.
La question du Sahara occidental a été au centre de la visite de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU à Alger, Christopher Ross. L’objet de la visite n’est pas anodin, puisque Ross est chargé de préparer la visite de Ban Ki-moon dans la région, dans le cadre du règlement du conflit sahraoui. La mission de Ross est très spéciale en raison du caractère inédit du déplacement du secrétaire général de l’ONU.
En effet, malgré ses multiples déplacements à travers la planète, Ban Ki-moon, qui suit le dossier de décolonisation du Sahara occidental au même titre que ses prédécesseurs, ne s’est jamais personnellement impliqué. Ce développement augure-t-il d’une issue finale au conflit qui oppose le Maroc à la République sahraouie? Il est certainement difficile de répondre à cette question, sachant les soutiens dont bénéficie le Maroc de la part de la France et des Etats-Unis. Mais l’on sait d’ores et déjà que Ban Ki-moon sera en Algérie le 6 mars prochain, sans rien de spécial en poche que les résolutions de l’ONU qui prévoient un référendum d’autodétermination en application des règlements internationaux. Partant du perchoir de l’ONU à la fin de l’année en cours, le secrétaire général de l’ONU joue sa dernière carte dans ce qu’il est convenu de qualifier d’un des plus vieux conflits du monde, mais aussi l’ultime dossier de décolonisation. Ban voudrait sans doute sortir par la grande porte en réglant la question d’une manière ou d’une autre, mais les chances d’y parvenir en une seule tournée dans la région sont très faibles, pour ne pas dire quasi nulles. En effet, le Maroc s’entête à proposer son plan de large autonomie et refuse toute idée de négociation avec la Rasd, tout en développant un discours de défiance à l’endroit de l’envoyé spécial de l’ONU. Il lui a d’ailleurs refusé l’accès aux territoires sahraouis occupés et fait agir ses puissants alliés pour empêcher toute enquête onusienne sur les violations des droits de l’homme dans le Sahara occidental.
Mais pour illusoire que puisse paraître la prochaine visite de Ban Ki-moon dans la région, les Sahraouis veulent tout de même y croire. «Il est important que l’ONU assume ses responsabilités pour trouver une solution et mettre un terme à l’occupation marocaine au Sahara occidental, de même qu’il est important qu’elle puisse compter sur les efforts de la communauté internationale pour mettre fin à l’entêtement du Maroc», a déclaré Khatri Addouh, chef de la Délégation sahraouie aux négociations.
Le gouvernement du Sahara occidental entend profiter de la présence du secrétaire général de l’ONU au Maghreb pour mobiliser la communauté internationale et placer le problème de décolonisation au coeur du débat public, le temps de la présence de Ban Ki-mon dans les alentours du Sahara occidental. L’opération relève certainement de la simple communication politique, mais les enjeux sont tels que le peuple sahraoui n’a d’autres moyens de lutte que celui d’attirer l’attention du reste du monde sur la situation de déni de liberté qu’il vit depuis près de 40 années. Et surtout depuis la signature de l’accord de paix en 1991, garanti par la communauté internationale et violé depuis par le Maroc dans une sorte d’indifférence générale. Cette visite, espèrent les responsables sahraouis, peut rouvrir les yeux des dirigeants du monde sur la politique marocaine dans les territoires occupés. C’est, estime Khatri Addouh, ce que craint le Palais royal. Pour le chef de la Délégation sahraouie aux négociations, «la date prévue pour cette visite doit être respectée par l’ONU et par Ban Ki-moon qui a bénéficié la semaine dernière d’un soutien franc et affiché du Conseil de sécurité». Il y a donc un réel espoir sahraoui de voir leur combat pacifique aboutir enfin après tant d’années d’attente. «Il est temps que l’ONU assume ses responsabilités et que la communauté internationale fasse pression sur ceux qui font obstacle à la visite de l’envoyé spécial de l’ONU dans les territoires occupés et à la Minurso, en l’empêchant d’accomplir ses missions et d’élargir ses prérogatives à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental», souligne Addouh, convaincu que son peuple touche presque au but.
L’enthousiasme des populations sahraouies est néanmoins contredit par la froideur des puissances amies du Maroc qui disent soutenir les résolutions de l’ONU, encouragent Ban Ki-moon à se rendre dans la région, mais affichent une trop grande indulgence à l’endroit d’un régime marocain liberticide.
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