Panique au royaume marocain. A quelques jours de la tournée de Ban Ki-moon dans la région, Rabat recourt à la diversion. La décision de la justice européenne d’annuler l’accord agricole conclu avec le Maroc a poussé ce dernier à suspendre tout contact avec l’Union européenne. Une suspension qui aurait dû intervenir un peu plus tôt, quand l’UE avait annulé, le 10 décembre 2015, l’accord commercial portant sur des produits agricoles entre le royaume et l’Union européenne. A l’époque, Rabat s’est contenté d’exprimer son «étonnement», exhortant l’UE à prendre «les mesures appropriées en vue de trouver une issue définitive à cette procédure».
La question est donc loin d’opposer les deux parties, puisqu’elle est liée à un timing, celui de la visite du secrétaire général de l’ONU ayant suscité au Maroc une levée de boucliers sans précédent. Pressé de toutes parts, aussi bien par les ONG que les institutions internationales, à l’image de l’ONU,Rabat estime – et il a bien vu – que la décision de l’UE est de «nature politique». Mais pas basée sur des «considérations erronées… en violation du droit international» comme il le prétend. Le Maroc, qui a fait fi de toutes les résolutions internationales, allant jusqu’à priver le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination, découvre enfin les vertus de la légalité internationale.
A noter que c’est le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui a annoncé la décision de suspension des relations bilatérales avec Bruxelles en Conseil de gouvernement. L’annonce a été faite lors du Conseil de gouvernement, après une rencontre entre Benkirane et l’ambassadeur de l’UE au Maroc, Rupert Joy. «Nous sommes désolés d’avoir été contraints à suspendre toute relation avec l’Union européenne jusqu’à ce que soient éclaircies les raisons qui ont motivé ces intérêts juridiques», a annoncé le chef du gouvernement en ouverture du Conseil de gouvernement. Benkirane a fait savoir que les relations ne reprendraient leur cours normal que «si le Maroc a les garanties qu’il sera l’allié principal de l’UE au niveau des décisions judiciaires qui concernent la région».
Même si Benkirane «ne cherche pas à s’immisce» dans la justice européenne, son appel à réévaluer les paramètres de l’UE par rapport à la question sahraouie est en lui-même une immixtion dans les affaires européennes. Le chef du gouvernement marocain, persuadé que la partie est perdue d’avance, estime que «la cause du Sahara pour le royaume du Maroc n’est pas une cause commerciale». Idem côté sahraoui, où on ne va pas se contenter du premier revers infligé au Maroc par l’UE, mais exiger que soit respecté le volet politique, à savoir le droit du peuple sahraoui à son autodétermination. A ce titre, la tournée de Ban Ki-moon dans la région constituera une étape décisive pour la concrétisation de cet objectif.
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