Nécessité de redéfinir les relations UE-Maroc en conformité avec le droit international

BRUXELLES– Dénonçant la violence de la réaction du gouvernement marocain à l’égard du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon et son ingérence dans les affaires juridiques de l’Union, des parlementaires européens ont souligné, jeudi à Bruxelles, la nécessité de redéfinir les relations UE-Maroc conformément au droit international.
« nos intérêts ne doivent pas être au-dessus du droit international et des droits de l’homme », a affirmé la vice-présidente de la Délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et l’Union du Maghreb arabe (DMAG), Giminez Borbat.
Selon Mme Borbat qui s’exprimait lors d’une réunion de la DMAG, l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) qui a annulé le 10 décembre dernier l’accord agricole qui liait l’UE au Maroc, « doit nous conduire à l’autocritique».
Elle a, ainsi, plaidé pour le rétablissement des relations avec le Maroc, «mais sans recourir à des accords qui vont à l’encontre du droit international», et pour la conclusion d’accords commerciaux « mais pas à n’importe quel prix».
« Dans nos relations internationales, nous devons veiller à ce que le doit international soit appliqué et ne pas omettre de rappeler au royaume du Maroc son obligation, à savoir, le respect des droits de l’homme », a-t-elle préconisé.
La vice-présidente de la DMAG s’est dite, en outre, « inquiète » de la réaction des autorités marocaines par rapport à la visite de Ban Ki-moon dans la région, appelant l’UE à « redoubler d’effort pour débloquer la situation et permettre la tenue d’un référendum d’autodétermination » au Sahara occidental.
Jugeant l’attitude du gouvernement marocain à l’égard du Secrétaire général des Nations unies « disproportionnée», après les critiques acerbes dont a été victime M. Ban Ki-moon au lendemain de sa visite dans la région, l’eurodéputé, Marie Christine Vergiat, a dénoncé également la décision des autorités marocaines de geler les contacts avec l’UE suite à l’affaire de l’annulation de l’accord agricole UE-Maroc en décembre dernier par la CJUE.
« Il y a plusieurs choses à expliquer aux marocains sur le respect de l’Etat de droit, de la démocratie et sur le fait que les institutions de l’UE sont des autorités indépendantes », a-t-elle estimé.
Le Chef de la division Maghreb au service Action extérieure de la Commission européenne, Bernard Savage, a invité les eurodéputés à transmettre un message à leurs homologues marocains sur la nécessité de « laisser les procédures judiciaires suivre leurs cours sous la surveillance de ceux qui en ont la compétence, c’est-à-dire les services juridiques » et de « respecter la compétence de la CJUE » .
Le président de la DMAG, Pier Antonio Panzeri, a rappelé ses efforts pour expliquer aux marocains qu’ « en Europe, la justice est indépendante du politique. Un principe fondamental dans toute démocratie ».
L’eurodéputé Jordi Sebastia, quant à lui, s’est insurgé contre la position «hypocrite » de l’UE vis-à-vis du conflit au Sahara occidental et du pillage des richesses naturelles de ce territoire non autonome par le Maroc, dénonçant l’accord agricole UE-Maroc conclu en 2012 et annulé fin 2015 par la CJUE au motif qu’il viole les principes du droit international, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental n’étant reconnue ni par les Nations unies, ni par l’UE, ni par aucun des Etats membres.
Il plaidé, à ce titre, pour un retour à la légalité internationale, s’interrogeant sur les modalités de mise en œuvre de l’arrêt rendu le 10 décembre dernier par la CJUE.
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