Haroun Mohamed Essaid
Bien que la politique étrangère de l’Algérie est principalement basée sur le principe de la réciprocité, elle est beaucoup plus indulgente vis-à-vis de certaines positions françaises qui sont contraires aux hauts intérêts de l’Algérie. Celle-ci a été largement atteinte par des nombreuses manipulations et manigances pratiquées par L’Elysée ici et là, faisant fi des intérêts vitaux de l’Algérie. Dans ce contexte se trouve son soutien clair au Makhzen dans son occupation du Sahara Occidental et le silence sur cette occupation en dépit de sa condition de membre permanent du Conseil de Sécurité, et malgré que cette occupation a été condamnée par l’Organisation des Nations Unies et qui a qualifié le Maroc de pays occupant la terre d’un autre peuple maghrébin et l’empêchant de vivre dans sa terre, de profiter de ses ressources, de bâtir son propre Etat, et de se développer dans ses frontières géographiques internationalement reconnues.
Ce qui inquiète et agacent les Algériens est le fait que l’Elysée est très au fait de l’extrême importance que les peuples du Maghreb accordent à la fin de cette occupation, comme elle sait davantage que cette occupation est le principal facteur géo-politique, économique et culturel qui empêche la réalisation de la stabilité nécessaire au développement de la région du Maghreb arabe, et de tous les pays qui composent l’espace de l’Union du Maghreb. En dépit de cela, la France officielle persiste et signe dans ses positions hostiles, qu’elle brandit à chaque fois qu’elle veut chanter et parasiter l’Algérie. Cela est clairement visible dans les déclarations lors des visites des dirigents français en Algérie et leurs rétractations lorsqu’ils se trouvent chez le régime du Makhzen au Maroc.
Dans ce cas, le problème, dans la mesure où il se rapporte à l’éthique des déclarations politiques et au travail politique dépourvu de toute éthique du côté français, il est lié aussi au principe de réciprocité, qui est la base de la politique étrangère de l’Algérie vis-à-vis de la France et de l’ensemble de l’environnement international.
Il est vrai que l’occupation des terres de la République arabe sahraouie par le Makhzen est un fait qui concerne, en premier degré, le peuple sahraoui et sa direction nationale, parce qu’il a été dépouillé de ses terres et de sa souveraineté sur elles. Rabat a pratiqué et continue de pratiquer les méthodes de répression les plus atroces, mais l’Algérie aussi a beaucoup perdu comme elle a perdu du temps en raison de la poursuite de cette occupation dans l’espace maghrébin. Cette occupation, et l’opinion y est unanime, constitue la principale pierre d’achoppement qui a empêché et continue d’empêcher le développement de la région, et de garantir la stabilité souhaitée en vue de réaliser le rêve maghrébin commun d’édifier un Maghreb arabe unifiée.
Tant que la position française n’a pas changé, et tant qu’elle se moque des intérêts de l’Algérie, n’est-il pas légitime de faire pression avec tous les moyens dont elle dispose? Pourtant, ils sont nombreux et peuvent être utilisés si les autorités algériennes le souhaitent, au moins jusqu’à ce que la France accorde sa position dans le conflit du Sahara Occidental avec celle des Nations Unies qui a décidé d’arbitrer entre le Maroc et le front Polisario dans le but de permettre l’autodétermination à travers l’organisation d’un référendum libre et équitable pour le peuple sahraoui. En plus de cela, la France n’est-elle pas membre officiel du Conseil de sécurité et elle doit respecter les résolutions des Nations Unies ?!
Dans ce cas-ci, l’Algérie, même si elle défend le peuple sahraoui et son droit à l’autodétermination, qui est un principe international basique dans la libération des peuples colonisés, elle défend au même temps sa stabilité et la stabilité des autres pays du Maghreb, et leur droit de se développer et de bâtir leur espace du Grand Maghreb.
En tant que journaliste, je ne vais pas énumérer les cartes que l’Algérie détient pour faire pression sur la France officielle en vue de la contraindre à se plier aux résolutions des Nations Unies sur la question du Sahara occidental et mettre la pression sur le régime marocain. Elles sont nombreuses et connues de tous : les milliards de dollars que la France officielle empoche en l’Algérie. Si notre pays se sert de ces atouts, il se retrouverait dans les meilleures positions. Autant aujourd’hui que demain.
Je suis convaincu que la France répondra positivement à toute pression qui pourrait menacer ses intérêts de la part de l’Etat algérien. Paris ira même jusqu’à pousser l’Espagne et l’ONU à accélérer la mise en œuvre des résolutions de l’ONU sur l’autodétermination et l’organisation du référendum libre et transparent décrété par la communauté internationale.
Je crois fermement que la pression de l’Algérie sur la France avec les cartes gagnantes dont elle dispose constitue le moyen le plus efficace et le plus rapide pour mettre fin à l’occupation marocaine, et l’édification d’un Maghreb arabe unifié.
Sawt Al-Ahrar. 04/0472016
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